Un MGCS, un programme trop ambitieux



Le programme MGCS est pour l’instant le programme qui  remplacera le Leclerc en 2035. Mais, malgré le lancement du projet depuis plus de 6 ans, les ministres de la défense français et allemand demandent aujourd’hui aux militaires de définir ce qu’ils veulent. Que révèle cette demande ?

En premier lieu, le programme est parti d’abord d’une volonté, l’idée étant de faire converger un programme commun pour mutualiser les ressources et réduire les coûts. Le consortium de l’institut franco-allemand, après des études préliminaires, présenta un premier jet de ce à quoi devait ressembler le programme futur. Les dessins initiaux français et allemand convergeaient malgré le fait que leur besoin propre était différent en raison de la nature de la doctrine de chaque armée et des liens de celles-ci avec leurs industries.

Pour les Français, le char n’est pas l’arme essentielle à la sécurité du pays en raison de sa position géostratégique et de la dissuasion, par contre, elle porte plus d’importance au système aérien en raison de ses compétences dans ce domaine et la nécessité de projeter de la puissance. Cela est inverse du côté allemand ce qui rend complémentaire le programme du MGCS avec celui du SCAF. Pour la France, chacun des partenaires doit apporter sa plus valu dans son domaine d’excellence.

En réalité, très vite, les intérêts particuliers nationaux se sont affrontés. Les deux programmes ont pris du retard pour de multiples raisons. La volonté d'un nouveau partage des tâches plus favorables au entreprises allemande puis de nouveau partenaire (voir concurrent) avec Rheinmetall.   Les choix doctrinaux et les besoins différent ont vu des désaccords sur la nature des équipements. Canon de 130mm contre 140mm, char plus léger contre char plus lourd etc..   

Cela a retardé  l’avancée du programme. Ultime coup de canif, l'Allemagne va produire le Léopard 2 A8, ultime version en théorie du Léopard ce qui décale le besoin en MGCS de 2035 à 2045. Il nécessite donc pour la France de faire durer encore plus longtemps son Leclerc ce qui n'était pas prévu. 

  Aujourd’hui, voulant relancer le projet, les politiques ont demandé aux militaires de définir clairement ce qu’ils veulent. Pourtant, les militaires ont déjà depuis longtemps défini leurs besoins. Il semble donc que l'on a déjà perdu 6 ans et que tout est déjà en place pour qu'il est des retards important. 

Outre la partie commerciale, la partie technologique nécessite aussi de relever des défis complexes. Aujourd’hui, nos chars de combats disposent de tourelles habitées avec vision optique directe. Les commandes des systèmes sont encore pour beaucoup analogiques, la numérisation n’étant disponible que sur les derniers modèles ou les modernisations. Par exemple, en occident, le char Leclerc est pour l’instant le seul char disposant d’un chargement automatique du canon opérationnel.

Le challenge du MGCS est de disposer d’un char disposant d’un chargement automatique, mais aussi de voix vidéo transmettant l’image à un véhicule maître pour l’observation et tout cela sur une plateforme robotisée, c’est-à-dire sans personnel. Quand on connaît toutes les vicissitudes du service d’un char en temps normal, il est difficile d’imaginer quelle complexité engendrera la robotisation d’une telle plateforme.

De plus, loin d’aborder le problème de manière incrémentale, c’est-à-dire en commençant par automatiser la tourelle avec un châssis habité par exemple, le programme vise des technologies embryonnaires et dont on ne connaît pas encore si elles seront maîtrisées. La dépendance à l’intelligence artificielle, mais surtout à des moyens de communication sécurisée, insécurisent les choix technologiques du programme.

En effet, si les technologies ne tiennent pas leurs promesses ni les délais, on risque de se retrouver avec un armement dépassé au tournant des années 2040. C’est à cette période que les spécialistes ont estimé que le risque de conflits majeurs seraient le plus grand. Sans compter que nos compétiteurs n’attendront peut-être pas que nous soyons prêts pour nous affronter dans un duel qui, pour l’instant, semble bien périlleux.

Le retour des combats en Ukraine nous montre que la haute technologie est un facteur important, en tout cas au moins aussi essentiel que la masse. La précision et la portée des effecteurs rendront le champ de bataille toujours plus complexe pour les engins de combat. Il est impossible d’imaginer une guerre de haute intensité demain qui ne verrait pas des pertes élevées en hommes et en matériels.

Le programme MGCS empreinte pour l'instant des voies tumultueuses dont on ne sait pas quand et comment il va en sortir. Les délais seront-ils tenu? les technologies seront-elles viables et apporteront elles l'efficacité espéré? Ou la volonté d'avoir un équipement tellement moderne nous fera t'il perdre la prochaine guerre.  

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