Le char frappeur

 




Il est admis que l’avenir du char est un autre char et, spontanément, on imagine un engin chenillé équipé d’une tourelle armée d’un canon de gros calibre. Il serait pourtant intéressant d’avoir une vraie réflexion sur ce à quoi pourrait ressembler un char dans l’avenir.

Pour comprendre l’évolution du véhicule possible dans le temps, je choisis de le comparer à d’autres armes qui ont, eux aussi, évolué en raison de la technologie.

On pourrait d’abord comparer une telle évolution avec celle du cuirassé. C’était le navire principal de toute marine qui espérait avoir un rang. Les cuirassés apparaissent avec la révolution industrielle de la métallurgie et de la vapeur. En 1914, le cuirassé est le navire principal de toutes les flottes. Il est blindé de plaques épaisses et armé de gros canons (de 305 à 457 mm) qui lui permettent de tirer avec les radars jusqu’à 45 km. En 1916, aux Falkland, les cuirassés et les croiseurs de bataille vont révéler leurs faiblesses. Les navires explosent et disparaissent trop rapidement, entraînant la mort souvent de tout l’équipage. Pourtant, les cuirassés vont rester le navire principal des flottes pendant l’entre deux guerres.

Cependant, l’aviation va redistribuer les cartes. En 1940 à Tarente, puis lors de la poursuite du Bismarck, l’aviation joue un rôle croissant. Mais c’est dans le Pacifique que tout va changer. Après la destruction des cuirassés à Pearl Harbor, les Américains ne peuvent s’appuyer que sur les porte-avions. Ceux-ci vont remplacer les cuirassés en tant que navire principal. Les avions embarqués vont alors annuler la puissance des cuirassés. La classe Yamato, les super cuirassés japonais seront coulés par l’aviation embarquée. Les cuirassés deviennent des plateformes de défenses antiaériennes qui protègent les porte-avions ou des canons d’appui naval.

Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, apparaissent deux armes qui vont changer la guerre : la bombe nucléaire et le missile.

Dés les années 50, ces deux armes vont modifier le combat. Finies les concentrations navales en raison d’une frappe nucléaire. Mais il y a aussi les frappes longue distance effectuées par les nouveaux missiles. Ceux-ci peuvent être tirer de plateformes plus légères et rapides sur des objectifs beaucoup plus lointain qu’un tir d’artillerie naval. Le canon naval de gros calibre perd son intérêt pour une grande majorité des flottes. Il restera quelques cuirassés de la classe Iowa qui seront en service jusqu’au années 90.

Il est intéressant de faire un parallèle avec le char. Les chars sont nés avec la révolution des moteurs à combustion interne. Il va lui aussi devenir l’engin principal des forces armées. Et lui aussi se trouve aujourd’hui face à un bouleversement.

Le missile a évolué depuis la Seconde Guerre mondiale. Pendant 50 ans, seul le tir direct existait, ce qui permettait au char de riposter. Aujourd’hui, les MMP , Spike et les nouvelles générations de missiles frappent de plus loin et surtout, au-delà de la vue direct. Le char ne sait plus qu’il est ciblé et ne voit plus le départ du missile.

Arrive enfin le drone. Même si celui-ci a plus de 60 % d’échec, les drones changent la nature de la guerre terrestre.

Par la nature des attaques, la profondeurs de leurs frappes, les drones sont un peu les avions embarqués du milieu terrestre.

On l’a vu en Ukraine, les drones empêchent les concentrations de forces mais aussi les exploitations. Le combat se fige sur la ligne de front.


Les mêmes conditions peuvent entraîner les mêmes conséquences. Les chars vont changer pour s’adapter aux nouvelles menaces. Il y a fort à parier que les chars vont devenir plus petits et moins chers. Ils vont sans doute aussi changer d’armement comme les navires. Le canons navals sont devenus beaucoup plus polyvalents, c’est à dire adaptés à la lutte navale, aérienne et au bombardement côtier. Le canon du char futur devra avoir cette polyvalence.

Pour ma part, je pense que le 40 mm CTA dispose de cette polyvalence. Il peut traiter des cibles aériennes et terrestres ainsi que d’autres blindés. L’intégration sur la plateforme de combat pourrait être simplifiée avec une tourelle télé-opérée. Le châssis, quant à lui, serait une cellule de survie de l’équipage. La possibilité de mettre le moteur à l’avant crée un obstacle entre l’équipage et l’extérieur. L’équipage est sous la tourelle et ainsi celle-ci crée un obstacle avec les tirs sur la partie haute. Le fait qu’il n’y a pas d’artillerie simplifie l’intégration.

Plus légère, la plateforme intègre les missiles ou des drones comme moyens de lutte anti char. Tirant à distance, les chars frappeurs évitent l’exposition au feu direct de chars lourds. Mais ils engagent des cibles en feu direct, ce qui les exposent aux missiles, roquettes et drones. La protection peut donc être centrée en vu de résister à des charges creuses.


A la différence de l’EBRC Jaguar, le char frappeur est plus petit, mieux protégé et beaucoup plus automatisé. En effet, la frappe au de la de la vue, comme pour la lutte anti drones, impose une autonomisation des actions de feu. C’est pour cela aussi qu’un équipage à deux hommes suffirait.


En complément du VCA (véhicule de combat d’assaut), le char frappeur ou d’appui offrirait une protection au premier. Neutralisant les drones et les éventuels blindés qui viendraient s’opposer à l’action principale, le char frappeur offrirait ce complément d’appui nécessaire à l’action de feu.


Dans un avenir proche, il va falloir se poser des questions sur la nature du combat qui pourra être effectué par un char. La dangerosité du champ du bataille est, en effet, changeante. Il faudra aussi faire évoluer cette arme si nous voulons encore voir des chars sur le champ de bataille.

Commentaires

  1. Merci pour cette publication :
    - il faudra donc peut-être penser à donner une capacité de "déconcentration des forces" tout en conservant la capacité de "concentration des efforts" : intéressant de voir que, dans la guerre russo-ukrainienne, les plus importantes concentrations de forces sont effectuées soit par de petites colonnes blindées très mobiles, soit par des troupes d'assaut en moto pour traverser des découverts par exemple, puis débarquer. L'idée étant de multiplier des vecteurs légers et peu chers pour que les drones ennemis ne puissent pas traiter l'ensemble des cibles, mais seulement quelques-unes. Le drone a-t-il pour conséquence de créer un nouveau paradigme dans la manoeuvre, ou bien faut-il conserver les mêmes "classiques" en terme d'instruction tactique, tout en se disant que ce théâtre ukrainien ne présente qu'une "particularité", un "cas non conforme" auquel il faut prévoir des adaptations ? (je me pose la question car avec la prise de villages par des trinomes, de nombreuses questions se posent alors sur la constitution des unités, quels sont les échelons valables et efficaces, quelle est la place du chef tactique ? Intéressant de voir que des deux côtés par exemple, les dronistes opèrent en unité constituée avec des officiers de liaison d'unités d'assaut, alors que l'armée française est loin de cette idée - sauf la création d'une unité élémentaire au 1er RIMa -)

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    1. bonjour, votre question est super intéressante. Je pense que le drone va modifié notre manière de faire la guerre au moins dans le cadre symétrique. En effet, les drones ont entrainés non seulement une meilleurs perceptions du champs de bataille qui est poussé à plus de 40 km de la ligne de contact mais en plus elle peut agir de manière précise dans cette même zone avec les munition télé opéré (MTO). Cela rend impossible les concentrations aux risques de les voir immédiatement attaquer. Il en est de même des flux logistiques ventre mou des armées. Donc en guerre symétrique, la manœuvre à la Guderian ou Rommel est impossible ou sinon limité géographiquement (voir l'idée du VCA).
      En revanche, sur une force dissymétrique ou asymétrique, la manœuvre est complètement possible et je dirais même qu'elle est à favorisé grâce au drones. Je pense aussi que les unités seront toujours plus petite pour ne point subir les feux ce qui va "obliger" de déplacer le chef en arrière avec la vidéo du terrain et laisser commander les brigadiers et autre sergent en première ligne. je vous conseil de lire mon article "idée de révolution dans le domaine militaire" qui complète ma réponse.

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