La guerre qui n’aura pas lieu… ou presque !

 


Nous voici à un moment très particulier de notre histoire. D’un côté, nous avons des dirigeants politiques qui affirment haut et fort que nous allons vers la guerre avec les Russes dans 5 ans et de l’autre, nous avons un parlement qui ne débloque pas les budgets pour une « vraie » économie de guerre en raison de la crise économique et d’une dette abyssale.

Pour un observateur neutre, cette situation pose quand même beaucoup de questions. La première est celle de cohérence des dirigeants politiques. Apparemment, les deux parties (les dirigeants et le parlement qui, en théorie, travaillent ensemble pour l’intérêt du pays) ne sont pas d’accord sur la nature du danger.

La première voit un risque imminent qui pourrait remettre en jeu notre liberté et indépendance. La seconde voit aussi un danger pour notre liberté et notre indépendance…?! Les deux voient une menace étrangère sur notre pays. Alors pourquoi ne sont-elles pas d’accord ?

En faite, le danger perçu dépend du point de vue, ce qui explique que chacun ne voit pas la même chose.

Selon moi, il y a 2 dangers différents et les deux parties ont raison. Alors faut-il parer à un de ces danger en priorité ou les affronter ensemble. En fait, c’est ce que voudrait le gouvernement. Mais est-on en capacité de faire les deux en même temps ?

Je doute que cela soit possible, l’affectation des budgets étant pour l’instant un vrai casse-tête. Mais c’est le parlement qui décide en fin de compte et celui-ci ne semble pas craindre le risque de guerre. Pour lui, la menace reste lointaine et je pense qu’il a raison.


En fait, un conflit contre la Russie ne peut aboutir à autre chose qu’une guerre nucléaire. Pourquoi ? En cas de guerre contre un pays Européens, donc contre l’OTAN, les Russes ne pourraient pas appliquer la stratégie d’usure qu’elle a appliquée en Ukraine, car la puissance économique est du côté de l’Europe. Il en est de même que pour ce qui concerne des effectifs cumulés. La capacité de frappe dans la profondeur des Européens, grâce à leur supériorité aérienne, peut leur permettre d’attaquer les centres de commandement, les usines, et autres installations stratégiques en Russie. Mais ces frappes entraîneraient des frappes nucléaires de riposte pour rééquilibrer le combat. Les frappes entraîneraient des ripostes qui finiraient par un anéantissement réciproque. C’est le MAD (mutuel agression destruction) théorisé pendant la Guerre froide et qui nous a évité une guerre entre Pacte de Varsovie et OTAN pendant 50 ans.

De toute manière, même si cette guerre restait confinée à un espace, les Russes comme les Européens n’ont pas une population jeune en mesure de faire la guerre longtemps. Nos populations sont vieillissantes et ce ne seront pas les vieux qui iront faire la guerre. Les forces vives des deux entités, elles, ne sont pas enclines à quitter leurs conditions de vie pour une guerre dont la justification serait plus que douteuse. Seuls les jeunes encore inconscients seraient en mesure de faire la masse. Mais là encore, les faiblesses démographiques des deux camps les contraindraient techniquement à limiter le risque de confrontation pour ne pas sacrifier l’avenir.

Donc, en réalité, la réaction du parlement est logique. Il faut en priorité régler le problème du budget avant d’entrer dans une « économie de guerre ». Celle-ci serait, en fait, une simple remise à niveau de notre défense après des années de disette.

Le monde a changé et nous n’avons pas pris le train. Attachés au droit international pour s’éviter de reconsidérer les relations entre les peuples, les dirigeants européens ont cru à tord que le monde ne tournerait plus que selon les normes occidentales sans remise en question par aucun État de celles-ci. Cela explique que pendant 20 ans, les forces armées n’ont plus servi que de force de police internationale. Mais cette période a permis à des pays « réalistes » de ce réarmer et aujourd’hui, d’entrer en concurrence contre nous.

Les Russes ont juste été les premiers. D’autres pays vont venir nous contraindre selon leurs intérêts en s’appuyant sur d’autres facteurs de puissance comme la démographie, les ressources énergétiques ou leur productivité.

C’est en cela ou l’augmentation des budgets de la défense est essentielle. Nous allons avoir à combattre sur notre sol, ou ailleurs , des adversaires qui nous affronterons dans tous les milieux. Oui, nous sommes bien en guerre mais la guerre à déjà commencé et nos adversaires sont multiples et divers. Il en tiens qu’a nous d’accepter la confrontation et de relever le défi. Mais le voulons-nous ?


Commentaires

  1. Bonjour
    Je pense que la réalité est beaucoup plus simple ... Malheureusement ! Tout le monde, dirigeants, chefs militaires, parlement (en grande partie) est bien conscient qu'il faut se re-armer et donc donner les budgets correspondant. Mais les parlementaires actuels ne pensent pas à l'interet de la france, mas à leur propre intérêt. On a déjà les 2 clowns (LFI et RN) qui bloquent tout systématiquement juste pour provoquer un grand désordre et renverser le gouvernement, sans même réfléchir si ce qu'ils décident est bien ou pas pour le pays ou en inventant des recettes miracle (immigrés pour l'un, taxation des riches pour l'autre). Et pratiquement tous les autres députés pensent à satisfaire les appétits des francais, qui sont des assistés et veulent un état nounou qui les abreuve de subventions et veulent profiter d'un état social qui leur permet de vivre en travaillant le moins possible.
    Au Danemark par exemple, ils ont décidés d'augmenter drastiquement le budget de la défense. Et pour financer l'effort, ils ont fait passer à la quasi unanimité du parlement une hausse progressive de la retraite de 67 à 70ans. EN France, 80% des gens veulent revenir à la retraite à 62 ans, et hurlent comme des putois que l'on égorge dès que l'on parle de leur faire payer une part minime de médicaments. Imaginez donc un député francais qui va proposer aux francais une hausse de la défense et qui pour la financer va rogner sur les 56% de notre budget consacré au social...

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  2. Bonjour, merci pour cet article. En effet, conflit majeur avec la Russie signifierait forcément l'échec de notre stratégie de dissuasion nucléaire. Je note d'ailleurs l'étrange absence de réflexion de fond chez les journalistes en France et dans l'UE au sujet de la dissuasion nucléaire. La crédibilité de la dissuasion nucléaire française repose, dans sa doctrine, sur le flou stratégique de la définition des intérêts vitaux ainsi que sur la personnalité même de celui qui a la capacité d'ordonner le feu nucléaire. En ce sens, la philosophie qui anime un président de la république devient un enjeu fondamental. Comme l'écrivait Jean Guitton dans La Pensée et la Guerre, il faut que l'autorité suprême possède de fortes convictions concernant la définition du Bien commun et la prééminence de la Vie sur la Mort. Or, à ce jour, nous sommes plus que faibles sur ces domaines : d'abord nous avons eu des présidents de la république qui ont dit par le passé qu'ils n'auraient jamais ordonné le feu nucléaire (impact fort sur la crédibilité) ; ensuite nous en avons un dont on peut sérieusement émettre des doutes quant à sa perception de la vie humaine comme une valeur fondamentale indiscutable. Rien ne nous permet de dire avec certitude que nos dirigeants actuels possèdent une éthique profonde et suffisante pour élaborer des stratégies de long terme, alliant une puissante diplomatie à des forces armées réellement robustes (ex : échec complet de la diplomatie française en Afrique, tout comme dans la zone russo-ukrainienne depuis 2014 et pour les forces armées, il suffit de regarder le détail du dernier déploiement de l'armée française sur l'exercice Dacian Fall, impréparation et incapacité à projeter la moitié d'une brigade en Roumanie, après...trois ans de guerre en Ukraine).
    @Appolo : je partage dans une certaine mesure vos propos, mais je trouve dommage que vous osiez comparer un pays comme le Danemark avec la France. Le Danemark, c'est la moitié de la population de l'Ile-de-France. La remontée de leur budget est malheureusement un rattrapage car c'est un pays aussi hédoniste que tous les autres en Europe. De plus, leurs principaux investissements sont orientés US (cela permet même peut-être de calmer un peu Trump concernant ses visées groenlandaises, ce n'est pas à exclure). L'homogénéité de la population danoise n'est pas comparable à celle de la France ; les problématiques politiques incomparables, et la structure de défense également (pas de dissuasion nucléaire par exemple, donc pas du tout les mêmes dépenses fondamentales). Attention aux caricatures concernant une population française qui ne travaillerait pas (vous êtes peut-être fonctionnaire :)

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