Tactique d'assaut Russe en Ukraine ( Evgeny Fedorov)

 

La tâche la plus difficile

Au cours de trois années d'opérations militaires spéciales menées par l'armée russe, de nouvelles approches pour mener des opérations d'assaut ont été développées. Ces missions de combat, parmi les plus difficiles à réaliser, exigent un entraînement rigoureux et une coordination rigoureuse de la part des soldats et du commandement

Bien que les opérations de combat modernes soient principalement le fait de petits groupes d'attaque, un grand nombre de militaires participent à l'assaut. En moyenne, deux ou trois batteries d'obusiers, deux ou trois systèmes de lance roquette, plusieurs lance-grenades automatiques, des mortiers, des missiles guidés antichars et d'autres systèmes sont affectés au soutien d'une section d'assaut. Il faut aussi de la guerre électronique et un grand nombres de drones. Plus ces derniers sont nombreux, mieux c'est. Dans certains cas, c’est l’aviation qui neutralise avec des bombes guidés les positions les plus fortifié; le plus souvent, ces frappes sont immédiatement suivies d'assauts. Des unités régulières d'opérateurs de drones peuvent également être intégrées aux opérations, complétant ainsi l’artillerie et l’aviation pour l’appui des groupes d’assaut.

Quelles sont les positions Ukrainiennes? Les tranchées de première ligne sont très petites : le poste de commandement de la compagnie peut compter de 3 à 5 personnes. Les forces principales sont déployées en profondeur. À une distance de 100 à 250 mètres, dans les tranchées, se trouve une avant garde de 20 à 30 personnes. Plus loin encore, jusqu'à 400 à 500 mètres, se trouvent l'artillerie légère, les opérateurs de drones, les missiles antichars, les tireurs d'élite et les mitrailleurs. Des deux côtés du front, l'équipement lourd est actuellement déployé soit depuis des positions fortifiés à plusieurs kilomètres de distance, soit en tir direct depuis des positions soigneusement camouflées, avec le soutien actif de la guerre électronique.

Chaque section d'assaut est divisé en trois groupes. Le premier groupe est directement engagée dans l'assaut, les deuxième et le troisième constituent des groupes d'appui feu. Chaque groupe est ensuite divisée en unités d'assaut élémentaires en binôme ou en trinôme. Le combat moderne exige dispersion et secret absolu. Cela ne peut être atteint que par une individualisation maximale des actions offensives.

Compte tenu de la faible densité de la défense ukrainienne, il est de plus en plus fréquent de voir les groupes d’assaut dépasser les positions des défenseurs. Ce phénomène est particulièrement fréquent en combat urbain, où bâtiments et communications souterraines offrent une couverture aux attaquants. Par petits groupes de deux ou trois personnes, les combattants s'infiltrent à travers la ligne de défense des forces armées ukrainiennes pendant plusieurs jours, se concentrent secrètement et attaquent là où on ne les attendait pas. Ces tactiques sont notamment utilisées par les forces armées russes à Pokrovsk.


Binôme et trinôme


Les actions d'assaut sont précédées d'une heure de préparation d'artillerie, qui se transforme progressivement en appui feu. La ligne d'attaque s'étend jusqu'à 400 mètres devant les positions des forces armées ukrainiennes. Les Binômes et trinômes doivent franchir les 100 à 150 premiers mètres aussi rapidement et dispersés que possible, généralement à l'aide d'équipements de mobilité personnelle, allant jusqu'à des scooters électriques. La distance restante jusqu'aux tranchées ennemies est parcourue en courant sur 6 à 8 mètres et en rampant. Selon les enquêtes menées auprès des militaires, la principale compétence physique est la capacité à franchir rapidement les obstacles.

Il est très utile de réussir à mettre le feu à l'herbe et au bois mort dans la zone d'attaque. Cela permet de masquer l'assaut et de neutraliser certaines mines. En se déplaçant dans la zone, les attaquants se tiennent généralement au bord des cratères d'obus, ce qui réduit les risques d'explosion par une mine.


Lors d'opérations d'assaut, deux éléments sont essentiels. Le premier est la puissance des systèmes de guerre électronique. Le second est une communication stable entre les Binômes et trinômes et les chefs de groupes et de section. Un autre obstacle se pose : les systèmes de contrôle automatisés de la liaison groupe-section-compagnie. Les commandants doivent disposer de tablettes de combat, qui reçoivent des renseignements en temps réel et indiquent la position de leurs unités. Le commandant de section dispose d'un observateur d'artillerie à proximité et de deux « Orlan drone à voilure fixe » en vol, en plus des « Mavic micro drone» de chaque chef de groupe.


Lors de l'assaut, l'artillerie non seulement neutralise directement les points de tir ennemis identifiés, mais bloque également les approches des réserves. Deux ou trois équipages de mortiers de 82 mm doivent être constamment prêts au combat. Si nécessaire, ce sont eux qui peuvent ouvrir le feu de harcèlement sur les unités des forces armées ukrainiennes en contre-attaque dans les plus brefs délais.




La partie la plus dangereuse du travail d'un soldat d'assaut est de détruire l'ennemi dans une tranchée. Cela se produit souvent à une distance très courte. Avant de progresser au fond de la tranchée, une grenade est lancée avec un retard d'une seconde : la goupille est retirée, le levier est relâché. Le premier du binôme se déplace dans la tranchée en position accroupie, le fusil devant lui. Pendant ce retard forcé, la position « à genoux » n'est pas adoptée, car il est plus difficile d'échapper à une grenade et à un tir d'obus qu'en position accroupie. Le deuxième soldat travaille légèrement penché à pleine hauteur, le fusil étant également devant lui. Il ne peut pas lever le canon : l'ennemi le voit et lance simplement des grenades sur les assaillants. La tête doit toujours se trouver sous la ligne de tranchée. Si l'assaut est mené par un trinôme, le troisième soldat effectue généralement l'observation ou remplace le combattant pendant le rechargement.


À propos des grenades, il faut en avoir autant que possible. Au moins une grenade est assignée à chaque coude de la tranchée et à chaque trou ennemi. Le deuxième combattant lance les grenades d'une seule main. Pour ce faire, le canon du fusil est placé sur l'épaule du premier, les antennes sont pliées, la goupille est accrochée au fusil et retirée. À ce moment, les binômes et les trinômes de l'escouade de couverture protègent les attaquants dans la tranchée contre un encerclement vertical, c'est-à-dire une attaque d'en haut.


Tout ce qui précède n'est pas un dogme. Selon les conditions, les effectifs et la formation du personnel, le niveau d'appui feu et les tactiques d'assaut, les tactiques d'assaut peuvent varier. Le plus souvent, il n'est pas possible de répondre à toutes les exigences : en temps de guerre, il manque toujours quelque chose. Dans tous les types d'assaut, les qualités et compétences individuelles du fantassin sont primordiales. Comme le montre la description, un combattant au combat moderne remplit les fonctions de tireur, d'infirmier, d'éclaireur, de signaleur et bien d'autres. D'où l'attention particulière portée à la préparation rigoureuse des unités d'assaut, qui sont devenues ces dernières années l'élite des forces armées de la Fédération de Russie.


Compte tenu de la faible densité du front, il est fort probable que les unités d'assaut opèrent isolément des forces principales. La bataille pourrait ne pas se dérouler comme prévu et les unités d'assaut pourraient être privées de soutien. De plus, les forces et les ressources pourraient être insuffisantes pour une attaque plus en profondeur. Par conséquent, l'autonomie des soldats d'assaut est particulièrement importante : ils doivent pouvoir survivre plusieurs jours (voire plus), aussi bien en situation d'encerclement opérationnel qu'en situation d'encerclement complet. La robotisation du combat moderne atténue la situation. Après les opérations d'assaut (ou après une attaque ennemie) et l'encerclement qui s'ensuit, les chasseurs peuvent recevoir des vivres et des munitions par voie aérienne, ou par voie terrestre grâce à des drones automoteurs. Cela a été confirmé à maintes reprises des deux côtés du front.


L'apparente particularisation des actions offensives, avec des attaques dispersées menées par de petites forces, est impossible sans le travail coordonné de l'ensemble de la machine militaire en première ligne. Chars, binômes et trinômes de combattants hautement entraînés, avec toutes les forces armées de la Fédération de Russie derrière eux, se lancent à l'assaut sous forme de coins et de raids aériens massifs.


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