La surprise de cette semaine est le fameux rendez-vous entre le président Trump et le président Poutine en Alaska. Cette réunion signe la continuité du déclin de l’Union Européenne. Le retour des puissances dans le monde pose la question de la place de France dans celui-ci. En attendant, la diplomatie européenne s’enfonce dans le piège ukrainien dans lequel elle est tombée toute seule.
Petit rappel historique. 1989, chute du Mur de Berlin. 1991, fin de la CEI et explosion de l’URSS. La Russie pense que comme il n’y a pas eu bataille, il n’y a pas de vainqueur ou de perdant. Pourtant, elle est traitée en perdante et malgré une volonté d’entrer dans le rang des pays occidentaux sous Eltsine et les premières années de Poutine, elle reste un pays paria.
L’Ukraine reste une zone de conflictualité passive entre les Russes et l’occident de 1991 à 2014. Il y a une lutte d’influence pour savoir de quel côté va basculer le pays. La révolution de Maïdan fait tomber le pays du côté occidental. La guerre éclate.
La Crimée est occupée par les Russes. Puis la guerre civile éclate dans l’Est de l’Ukraine à partir de 2014. Le conflit prend une nouvelle tournure à partir de 2022 avec l’intervention directe des forces russes.
On peut noter plusieurs phases dans la guerre commencée en 2022. L’invasion du pays , le repli sur l’Est du pays, la contre-attaque ukrainienne (contre-attaque manquée), le « grattage » russe, l’offensive ukrainienne sur Koursk, la contre-attaque et l’offensive russe de l’été 2025. En 3 ans, les Russes occupent 18 % de l’Ukraine. En l’absence de chiffres précis et fiables, selon certaines estimations, les pertes pourraient être de 300 000 morts et 700 000 blessés de part et d’autre. Les Russes ont actuellement l’initiative et semble avoir réussi a usée les forces les plus aguerries. Les forces de relève ukrainiennes sont moins perforantes, moins motivées. Il y a de plus en plus de désertions dans leurs rangs. De l’autre côté , les Russes semblent disposer de soldats plus performants, d’une puissance de feu plus grande et plus efficace.
Les Russes semblent donc avoir réussi à user les forces ukrainiennes et le front semble se fragiliser. La crainte est que qu’il s’effondre et cela pourrait avoir lieu peut-être avant la fin de l’année.
C’est pourquoi la communauté occidentale tente d’obtenir un cessez-le-feu. En effet, les forces ukrainiennes ont besoin de respirer. De plus, un cessez-le-feu permettrait à l’Ukraine de se réarmer cette armée pour être en mesure de tenir encore, le temps de négocier de manière plus favorable.
Les Russes naturellement refusent un cessez-le-feu mais veulent négocier en position de force en mettant une pression maximale non seulement sur le pouvoir ukrainien, mais aussi sur l’occident. La Russie sait qu’elle peut supporter les sanctions, voire davantage de sanctions plus longtemps que les Ukrainiens une prolongation du conflit.
Alors les négociations qui s’ouvrent vendredi 15 août entre Trump et Poutine ne devraient pas changer la guerre en Ukraine. Malgré ses dires , le président Trump n’a pas beaucoup de cartes en main. Les sanctions économiques pétrolières secondaires (c’est-à-dire contre les pays, comme l’Inde, achetant du pétrole russe pour le revendre), par exemple, ont leurs limites : avec un baril à 48$, le pétrole américain n’est plus rentable, puisqu’il ne l’est qu’à 60$. En réponse aux sanctions secondaires, les BRICS pourraient boycotter ou taxer davantage des produits américains. L’Inde semble prendre ce chemin, comme la Chine.
Les Etats-Unis ont déjà indiqué qu’ils ne donneront plus d’armes sans être payés. L’Europe va payer une partie mais pour combien de temps. La France a déjà 3600 milliards de dette, a-t-elle besoin de s’en rajouter ?
Alors que va-t-il se passer ? Trump va-t-il réussir un « coup » diplomatique qui peut ouvrir un dialogue plus constructif ?
Quant aux Russes, ils vont continuer leurs offensives. Combien de temps les Ukrainiens vont-ils pouvoir résister ?
En réalité, les Russes ne veulent pas seulement une victoire en Ukraine, ils veulent sans doute aussi l’effondrement de l’Union Européenne et de l’OTAN. C’est l’opportunité que leur ont offert les Européens eux-mêmes en s’obstinant à maintenir une position intenable. Si l’Ukraine perd, c’est la parole européenne qui est définitivement discréditée.
On peut penser que la « souveraineté européenne » qui va finir de mourir ensuite avec la montée de l’Allemagne qui compte être la puissance dominante de l’Europe. En outre, cette Europe va se retrouvé toujours plus inféodée aux Américains, puisqu’elle a elle-même décidé, par la voix de la présidente de la commission européenne d’acheter davantage d’armes américaine mais aussi de se fournir en GNL et de leur acheter également davantage de matériel informatique, services, technologies diverses.... Sans les États-Unis, pas de défense européenne et peut-être pas d’Europe du tout.
L’Europe s’enfonce aussi avec les « accords sur les taxes ». Le fameux « plus forts à plusieurs » se révèle une vaste blague. Au contraire, les pays européens se sont montrés plus faibles à plusieurs ! Diplomatie inexistante, insécurité, externe comme interne, galopantes. Rien ne semble éviter que le bateau coule.
La France elle, est emportée, comme les autres. Elle ne semble avoir abandonné la barre du navire à d’autres. Il lui reste beaucoup et elle peut encore se redresser. Mais ses hommes politiques doivent pour cela, en avoir la volonté. La Corée du Sud , l’Australie, la Turquie, Israël, l’Inde , le Brésil et bien d’autre nations qui n’appartiennent à aucune organisation aussi inclusive que l’UE semblent s’en sortir mieux que les pays européens. Il est peut être temps d’admettre qu’il vaut mieux être un grand parmi les petits qu’un petit parmi les grands.

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