La guerre en Ukraine en est à sa troisième année. Après l’échec des offensives initiales russes, la contre-attaque ukrainienne avait laisser croire que les Ukrainiens pourraient retourner la situation en leur faveur. Mais le temps et les moyens ont manqué pour profiter du chaos des offensives d’automne 2022.
Le piège de Bakhmout a fixé, pendant l’hiver 2022, le monde entier. Pendant ce temps, les Russes ont fortifié et préparé la contre-attaque. Durant l’été 2023, l’échec des offensives ukrainiennes a instillé le doute quant à la capacité de l’armée ukrainienne de retourner la situation à son avantage. L’offensive sur Koursk sera la dernière surprise ukrainienne mais elle s’est soldée par un échec.
Les Russes, de leur côté, ont choisi ou ont été obligés d’opter pour une stratégie d’usure. Ils ont gratté chaque kilomètre, prenant le Donbass petit à petit. Malgré les dires ukrainiens, les Russes n’ont cessé d’avancer en économisant le plus possible leurs moyens. Les attaques par très petits paquets, fortement appuyée par l’artillerie, l’aviation, les drones, les chars ont permis d’avancer à un coup humain limité. Toute chose étant entendue, il est concevable que les pertes pour chaque belligérant tournent autour de 300 000 morts (voire plus!) et 700 000 blessés.
La Russie peut tenir ce rythme, mais pas l’Ukraine. Cette année, pour certains observateurs, la grande offensive russe ne semble pas avoir commencé. Cependant, on pourrait considérer, au contraire, qu’elle a déjà commencé et que les Russes cherchent à économiser leurs moyens et c’est pour cela qu’ils prennent leurs temps.
L’occident en général, après avoir fourni une aide importante depuis 3 ans, n’a plus de stock à fournir. Aujourd’hui, il tape dans ses stocks de guerre et c’est plus difficile. Je ne reviendrai pas sur l’économie industrielle européenne qui, comme celle de la France (-10 % pour notre économie!), est en berne. Maintenant, produire devient un est vrai défi et ce, au pire moment.
C’est le moment que Trump choisi pour augmenter de façon inédite les taxes douanières américaines. Il attaque partout et tout le monde. Il se rit de l’Europe en recevant la présidente de la commission européenne UrsulaVan der Leyen en Ecosse dans son château. Il sort des négociations avec un accord scandaleux non validé par les nations européennes, accord selon lequel l’on va échanger 1300 milliards de dollars en faveur des États Unis (heureusement que l’on est plus fort à plusieurs!). Il obtient ainsi des résultats plus au moins favorables aux Etats-Unis dans le monde entier.
Il lui reste un problème qu’il n’arrive pas à résoudre : la guerre ne Ukraine. Trump commence par faire pression sur Zelensky et obtient un accord complètement en défaveur des Ukrainiens. Puis il s’attaque à Poutine. Il essaie de l’amadouer en lui donnant raison dans l’intervention et lui promettant des accords économiques gagnant gagnant.
Mais Poutine ne varie par d’un iota. Il explique inexorablement toujours la même histoire et veut que l’Ukraine soit neutre, dénazifier et que jamais, sous aucune forme, l’Ukraine n’entre dans l’OTAN. En fait, il veut que l’Ukraine reste dans le giron russe.
Trump, ne peut pas lui donner tout cela. Les partenaires européens et les Ukrainiens veulent au contraire que la Russie paie tout et qu’elle perde toute zone d’influence.
Trump est « coincé » entre sa promesse électorale, les pressions diverses du camp occidental et les Russes qui ne semblent pas changer de position.
Le président américain tente aujourd’hui un coup de bluff. Il promet 100 % de taxes pour tous les pays qui commercent avec la Russie. Toutefois, il risque, se faisant, de se mettre à dos de grandes puissances comme l’Inde et la Chine.
Les Russes, quant à eux, ne bougeront sans doute toujours pas. Ils ont préparé cette guerre depuis des années et semblent prêts à affronter ses conséquences. De plus, ils savent trouver des solutions à leurs problèmes technologiques.
Trump ne peut pas tenir longtemps avec un tel niveau de taxes sans pénaliser toute l’économie américaine. A moins qu’en faisant cela, il entérine le repli sur soi américain et un retour de l’isolationnisme. On l’oublie mais la croissance américaine avant 1945 était principalement tirée par un marché interne.
En tout état cause, pour obliger Poutine à négocier, Trump ne peut pas répondre par un raid comme en Iran. Il peut vendre plus d’armes aux Européens jusqu’au moment où eux aussi, poussés par la fatigue économique, décident de cesser de payer.
Et puis il y a les « docteurs Folamour » qui proposent bien une dernière carte militaire. Persuader que l’on peut détruire en une attaque conventionnelle toute la puissance militaire de la Russie, et cela pour atteindre deux buts : annuler la menace sur l’Europe et l’obliger à négocier en position défavorable.
N’oublions pas que ce sont les mêmes va-t-en-guerre qui vous expliquaient que l’on allait faire saigner les Russes avec les sanctions ou que les armes occidentales étaient des « game changers ». Les mêmes qui vous expliquent que l’OTAN est plus intelligente et que les Russes sont juste des idiots bons à envoyer faire de leurs homme de la chair à canon.
Vu ce que donne la guerre jusqu’à présent, je préfère croire que Trump aura « l’intelligence » de ne pas aller jusque là.
Alors, que va t’il arriver à la fin de l’ultimatum ? Peut-être pas grand-chose. Les sanctions seront mises en œuvre, mais de façon temporaire. Les Russes, eux continueront à gratter du terrain en Ukraine. Le malheur pour l’occident est que les seuls qui ont compris que la guerre est une affaire d’endurance, ce sont les Russes. La question est donc de savoir si les Européens, seront assez tenaces pour tenir dans la durée. Au vu de la piètre prestation de l’Europe face aux Américains, on peut en douter.
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