Alors la France s’apprête à lancer un 18e paquet de sanctions contre la Russie, elle est humiliée par l’Algérie qui retient de manière illégale deux ressortissant français. Malgré les dires du ministre des affaires étrangères, rien ne semble changer la position des dirigeants algériens. Pire, ceux-ci refusent toujours de récupérer leurs ressortissants que la France veut expulser. Parmi les étrangers, la part des Algériens impliqués dans la délinquance en France est la plus importante, mais, là encore, rien n’est fait. Pourquoi il y a-t’il un tel laxisme face à l’Algérie ? L’État français est-il crédible face à la Russie s’il n’est même pas capable de s’imposer face à l’Algérie ? Et, question encore plus essentielle, est-ce qu’il ne se trompe pas d’adversaire ?
J’avoue que je n’ai pas toutes les informations et compétences nécessaires pour répondre à ces questions. Ce qui est sûr, c’est que, dans toutes ces affaires, la France ne brille pas. Que s’est-il passé dans notre pays pour en arriver là ?
La France est sortie de la guerre d’Algérie meurtrie avec une quasi guerre civile. Mais l’époque est nouvelle.
Les jeunes Français des années 40 qui ont vécu sous Vichy et qui ont participé ou non à la Résistance ont alors 40 ans et veulent effacer l’ancien monde que représente la 4e République. Les Français avaient besoin d’un changement d’époque, c’est la 5e République. Ce sont 10 ans d’un bouleversement complet de la société, de l’armée, de notre place dans le monde. Cette « révolution » imposa un standard à ce qui allait suivre. Ce standard est celui de la grandeur, de l’indépendance et une voix à part.
La grandeur ne requiert pas la possession de grands espaces ou une grande armée mais une idée de grandeur qui autorise le choix de son destin malgré les autres. La France était grande à cette époque de Guerre froide parce qu’elle a su disposer de la puissance de l’infiniment petit qu’est l’atome. Elle a su porter un discours à contresens des discours des autres puissances occidentales qui l’a rapprochée d’un « tiers monde » qui ne voulait pas s’aligner. La France était une voix indépendante et cela lui donnait une place à part dans le concert international.
Les présidents et les gouvernements suivants ont maintenu cette voix mais cela était, à leurs yeux, de plus en plus complexe. La création de l’Union Européenne a été une manière pour eux de trouver un « support » à cette charge morale. La grandeur et la puissance devaient être obtenues grâce au cumul des puissances de chaque état. Mais le problème, c’est que la vision française n’a jamais été partagée par les autres nations. Au contraire, l’Europe n’a cherché qu’à s’inféoder encore et toujours aux États-Unis. La France a d’abord tenté de convaincre ses partenaires mais, constatant son échec, elle a opté pour un retour dans le commandement intégré de l’OTAN. Cela a sonné, sans que l’on s’en rende forcément compte, la fin de la puissance française. Elle ne cherche plus à avoir un discours à part mais, au contraire, « est rentrée dans le rang » . Cette tendance s’est accentuée ces dernières années.
La fin de la mondialisation et le retour des puissances.
En 2008, les crises financières qui se succèdent entamèrent la croissance économique mondiale. L’analyse de cette mondialisation est qu’il existait au départ à la fin des années 80 une grande disparité entre L’occident et le restant du monde. La France disposait d’une économie équilibrée avec une juste répartition entre chaque secteur économique. Dans les années 90 et 2000, l’ouverture au monde démultipliée par l’arrivée des nouvelles technologies engendrèrent un nouvel essor économique mondial. La richesse productive est partie vers le « tiers monde » et la richesse financière s’est faite au profit des capitalistes occidentaux.
Cette répartition des richesses va voir des anciennes puissances ressurgir. La richesse va alors s’équilibrer au tournant des années 2010 entraînant un ralentissement de la mondialisation. Les économies internes des pays émergents demandent à présent la même chose que celles des puissances occidentales.
Très logiquement, de nouvelles revendications sont exprimées par les puissances émergentes. L’influence de la France diminua à cause de l’européanisme et d’un manque d’ambition. L’Europe et la France en particulier n’ont pas encore compris que le monde, fruit de la fin de Guerre froide, est fini. L’attaque russe est juste l’expression, de ce point vue, du retour de la conflictualité dans les rapports entre états. Cette logique est celle qu’adoptent certaines nations dans le monde qui comprennent qu’il existe de nouveau un espace de puissance et d’influence que l’occident avait abandonné au profit de la croissance des richesses et du droit international.
Les État-Unis de Trump ont compris cette situation et ont pris un virage économique radical visant à rapatrier les usines de production et les mines de matières premières en Amérique. Beaucoup d’occidentaux, en Europe en particulier, ne comprennent pas cette position. Tous ces pays fonctionnent en refusant de voir le changement qui est en train d’être opéré. Ils se lancent dans de grands programmes de réarmement principalement financiers tout en s’apercevant qu’ils ne disposent plus de l’outil industriel. Alors, l’Europe se tourne vers les Etats-Unis qui gardent ainsi la mains mis sur elle.
Au lieu de se lancer dans de vrais programmes de réindustrialisation indépendants, l’Europe continue à se désarmer politiquement et économiquement. Toujours plus soumise, la diplomatie se retrouve sans instrument de puissance permettant de peser.
Pire, les 30 ans de mondialisation ont aussi entraîné l’individualisation à outrance de la société française. La mondialisation et le libéralisme économique ont favorisé l’immigration. « Les dividendes de la paix » ont servi à compenser financièrement la désindustrialisation auprès des classes les plus pauvres. La classe moyenne n’a pas profité de la mondialisation comme celles des autres nations. L’archipellisation de la France n’a jamais été aussi forte. L’abandon du pouvoir à la justice ces derniers années a encore plus accentué les failles dans le pays. Tout cela, aujourd’hui, est en train d’atteindre son paroxysme au moment même où le discours politique n’a jamais été aussi négligeable.
Les décisions se prennent aujourd’hui ailleurs et cela s’en ressent dans la société.
C’est le moment que choisit l’Algérie pour affronter la France diplomatiquement. Cette situation met en évidence toutes les faiblesses françaises. Incapable de réagir en plein jour, la France ne peut que « briller » dans un affrontement avec d’autres partenaires contre la Russie. Affronter seule l’Algérie lui est actuellement impossible car elle a perdu ce qui faisait sa force, son indépendance, sa voix à part, en somme sa grandeur.
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