La guerre en Ukraine a révélé que l’âge des engins ne fait pas forcément la valeur au combat de celui-ci. Les « surprises » ont été nombreuses dans les comptes rendus qui remontent du champ de bataille.
Il y a eu le VAB, le M113 et ses variants qui sont appréciés pour leurs simplicité, robustesse et fiabilité. Même leur résistance balistique est reconnue. Il y a eu l’AMX 10 RC apprécié pour sa vitesse et sa puissance de feu.
Paradoxalement, des engins plus modernes ou complexes ont moins eu l’approbation des Ukrainiens. Le M1 et le Challenger ont été handicapés par leurs masses excessives. Le terrain gras et la raspoutitsa ont en effet rendu ses véhicules difficiles à engager.
La menace drones, la densité des feux ensuite condamne les assauts des blindés lourds. Pourtant, des blindés sont toujours engagés en première ligne et ils ne sont pas forcément les plus volumineux ni les plus protégés.
Ces véhicules ont souvent deux qualités : ils sont discrets, ce qui permet de s’approcher au plus près pour déposer les soldats et ouvrir le feu. Et ils sont très mobiles. Limiter le temps d’exposition au feu est une qualité qu’un engin lourd ne dispose pas. Le véhicule peut quitter un abri ou un masque, se porter très rapidement sur sa zone d’action, agir puis retourner dans une zone sûre.
À la grande surprise de beaucoup d’observateurs, c’est un véhicule qui n’avait pas été conçu pour être engagé en première ligne qui va se révéler être l’engin le mieux adapté à la haute intensité : il s’agit de l’Alvis FV 103 Spartan.
Véhicule de la série des Combat Vehicle Reconnaissance (Tracked) (CVR(T)), il a pour base l’Alvis Scorpion, le véhicule de reconnaissance canon anglais. Le Spartan est rentré en service en 1978 et n’est plus en service en Angleterre. L’engin a donc été déstocké pour l’Ukraine. À la grande surprise, les Ukrainiens qui ne devaient pas s’en servir en première ligne vont en fait les moderniser et les envoyer au front.
C’est au combat que le véhicule va révéler ses qualités. La première d’entre elle est sa taille qui permet de se poster facilement. Un simple arbre peut le « cacher » d’un observateur aérien non attentif. Il est aussi plus facile à poster, car ils ont un gabarit qui leur permet de se mettre là où se met une voiture.
L’autre avantage de ce gabarit est de pouvoir pratiquer toutes les infrastructures du génie civil, ce qui leur donne une excellente mobilité opérative. Leur gabarit d’ailleurs, en son temps, avait permis aux Anglais de disposer de chars lors de la conquête des îles Malouines.
Le second avantage de ce véhicule est son train de roulement chenillé. La série CVR T a disposé d’une suspension à barre de torsion à chenille large, ce qui lui permet de rouler sur des terrains très meubles ou de la neige. Une légende, pendant la guerre des Malouines, est qu’un membre d’équipage se soit noyé dans de la tourbe là où le Scorpion avait roulé. La pression au sol est en effet très faible, ce qui est idéal sur les terrains gras d’Ukraine.
L’autre qualité de ce véhicule est sa grande vitesse. Le véhicule avec son moteur Jaguar de 6 cylindres en ligne peut monter à 98 km/h sur route et presque 60 km/h en tout terrain. Cette vitesse lui permet d’effectuer des attaques surprises qui ne laissent pas le temps à l’adversaire de réagir à temps.
Les Ukrainiens ont d’ailleurs pour cela abandonné la FM MAG 7,62 mm pour le calibre 50 M2HB 12,7 mm.
Si la protection du véhicule n’est pas son fort, elle n’a pas été négligée, car l’avant est blindé contre du 14,5 mm. La présence du moteur et de coffres de rangement servent de protection tampon. Le véhicule s’est révélé étonnamment résistant. Pendant la guerre du Golfe, un véhicule Spartan fut pris à partie par un Challenger et détruit, mais, il a quand même évité la perte de l’équipage qui est sorti vivant de l’engin.
Un défaut de l’engin est le peu de place à l’intérieur du véhicule. Initialement prévu pour 3 membres d’équipage et 5 combattants débarqués. En Ukraine, certains véhicules ont chargé plus de 13 combattants. Avec de l’air climatisé, des extincteurs automatiques, des nouveaux postes radios, le véhicule est arrivé a s’adapter. La vraie faiblesse vient de la difficulté de trouver des pièces détachées, car elles ne sont plus produites.
Au fur et à mesure que les comptes rendus remontent du conflit ukrainien, il apparaît qu’un certain nombre de choix faits il y a maintenant plus de 50 ans ont donné satisfaction aujourd’hui. Cela peut même poser la question de la valeur des engins qui les ont remplacés et qui ont souvent que leur modernité comme qualité.
Le Spartan révèle les qualités nécessaires sur un champ de bataille moderne. Discrétion, vitesse, mobilité, adaptabilité sont les fruits du succès. La petite taille, souvent prise comme un défaut, est un avantage, et ce constat remonte de plus en plus de toutes les opérations offensives sur le champ de bataille.
Un AMX 13 (modernisé) aurait-il sa place en Ukraine ?
RépondreSupprimerbonjour, bonne question. Je dirais que si le moteur est bien boosté pour monter à 90 100km/h (le 13 à ma connaissance ne dépassait pas le 65km/h) avec des chenilles souples, des bons postes radios, un nouveau système incendie. Avec aussi un canon de 90 ou 105mm modernisé. Oui pourquoi pas. La tourelle oscillante n'est pas ma préféré mais ça peut passer. L'idée ici c'est des véhicules frappeurs. Ils tirent et se sauve. L'AMX 13 est plus gros que le Scorpion mais il reste bas. ça ce discute.
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