Quand le président Trump s’est lancé la campagne électorale des présidentielles américaines, il choisit comme slogan « America First », signifiant qu’avec lui, les intérêts américains, passeraient avant les intérêts de ses partenaires. La victoire venue, il appliqua donc son programme et se lança dans une politique très agressive à base de taxes douanières, de menaces de rupture de traités comme celui de l’OTAN ou de non-respect de l’article 5 de cette organisation sur tout pays refusant de payer sa défense à, a minima 5 % etc.
L’ultime marque de cette nouvelle politique est la négociation directe entre les USA et la Russie en Arabie Saoudite à propos de la résolution de la guerre en Ukraine. Sans même en discuter avec les Européens, ni l’Ukraine, le gouvernement américain force les belligérants à la paix. Les Ukrainiens doivent, pour l’effort de guerre américain, payer 300 milliards de dollars en laissant les Américains exploiter les mines de terres rares.
Seul problème pour le plan américain, les pays européens et l’Ukraine n’ont pas montré le même enthousiasme au sujet du plan de paix américain. Le président Trump a donc mis ses menaces en œuvre en bloquant les approvisionnements en armes, en munitions et en renseignement.
Les conséquences se sont tout de suite fait sentir sur la ligne de front. Les Russes ont repris leurs offensives dans la poche de Koursk, provoquant une rupture du front. Les raids ukrainiens dans la profondeur sont, eux aussi, moins performants car ils ne disposent pas des renseignements américains.
Les Ukrainiens découvrent que les codes et les systèmes de communication ne permettent plus d’utiliser ni Starling, ni les HIMARS et les fonctions guerre électronique du F16 ne sont plus mises à jour. La situation se complique pour les Ukrainiens et tout porte à croire que le président Zelensky finira par signer le traité américain de gré ou de force.
Les Etats-Unis de Trump montrent aux Européens le vrai visage de l’Amérique. Le réveil a été brutal alors qu’en fait, ce revirement était annoncé depuis de nombreuses années. Les accords EDIP pourraient être l’ultime cheval de Troie des Américains pour nous faire payer leurs efforts de défense.
Mais comme dans la vie, rien n’est écrit, l’Europe pourrait se révéler un compétiteur bien plus dangereux pour la BITD américaine que ne le pense le président américain. L’erreur du gouvernement américain serait d’avoir sous-estimé de manière grossière les capacités des Européens de profiter des événements pour se refaire une santé.
La réaction de la bourse aux proclamations européennes et américaines est un signe que l’histoire n’est peut être pas encore écrite.
Bien qu’on puisse douter de la capacité de la Commission à répondre de façon pertinente au problème, le déblocage des structures économiques et financières devrait permettre aux BITD française et européenne de sortir plus fortes de cette phase délicate.
Si par réalisme, je ne crois pas en la victoire de l’Ukraine contre les Russes, même avec une aide européenne plus forte, par contre la paix, à mon sens, nous laissera le temps de reconstruire une défense qui crédibilisera le discours européen.
Le positionnement américain a remis en question la confiance envers les Etats-Unis, pas seulement dans le domaine politique et diplomatique, mais aussi dans le domaine technologique. L’interruption de l’information et de la contrainte mise en œuvre sur un certain nombre d’équipements américains en Ukraine font craindre aux Européens de semblables actions américaines en Europe .
Les discussions qui ont lieu aujourd’hui en Europe portent, non seulement sur les sommes allouées et leur provenance, mais aussi sur la nature des fonds qui serviront aux investissements éventuels. S’il y a quelques semaines, un certain nombre de partenaires de l’UE préféraient l’achat d’équipements américains pour se réarmer, l’attitude du gouvernement du président Trump est en train de changer cette position et l’on réfléchit à trouver de nouveaux partenaires économiques plus fiables et plus proches.
C’est en cela que la position française consistant à défendre la BITD européenne est pragmatique. L’Europe dispose de presque l’ensemble des compétences technologiques pour produire l’ensemble des besoins militaires. Certes, ces équipements sont actuellement plus chers en raison d’une production plus faible, mais des commandes massives devraient réduire les prix. Si l’Europe ne se jette pas immédiatement dans un réarmement, elle pourrait construire en dix ans un outil industriel de haute qualité en mesure de concurrencer les armes américaines, chinoises ou russes.
Par contre, si l’on veut que cette BITD soit performante, il ne faudra pas avoir peur de diversifier les industriels. Il ne faut pas tomber dans le piège Lockheed aux Etats-Unis qui monopolisent l’aéronautique américaine. Il y a suffisamment de richesses pour couvrir l’ensemble de nos besoins.
Le perdant de la nouvelle politique du Président Trump pourrait être donc en finalité la BITD américaine qui risque de voir ses commandes diminuer. Naturellement, la situation n’est pas homogène, mais peut-être que se dessine un avenir moins sombre pour notre outil industriel. Pour cela, les hommes politiques européens devront être à la hauteur et cela n’est pas encore fait.
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