La Défaite en rase campagne de l’Europe

 

 Président conférence de Munich sur la sécurité :

Le président de la conférence de Munich sur la sécurité fond en larmes à l’issue du sommet :

https://www.lalibre.be/international/europe/2025/02/17/le-president-de-la-conference-sur-la-securite-fond-en-larmes-a-lissue-du-sommet-un-cauchemar-europeen-video-IWIICDV4LBFYRK77QBWRS46CWQ/ (La Libre Belgique)

https://timesofindia.indiatimes.com/world/us/watch-munich-security-conference-chairman-starts-crying-over-jd-vances-speech/articleshow/118330474.cms (Times of India)

(Source photo : https://www.komersant.info/en/video/holova-miunkhenskoi-konferentsii-rozplakavsia-pid-chas-ii-zakryttia/ )

Le vice-président américain J.D. Vance a, en un discours, remis en cause tous les fondamentaux d’un discours libérale européen (1). Il explique que cette Europe technocrate a des comportements bafouant les libertés fondamentales, principalement en censurant tout discours qui irait à l’inverse de la doxa officielle. Signe d’une arrogance américaine retrouvée ou d’un réalisme acerbe, le discours de l’Américain met les Européens devant leurs faiblesses, dont celle de ne pas être un un « état » unis mais bien un groupe de nations dont les peuples s’opposent de plus en plus à la domination d’un parlement bruxellois.


L’Union Européenne est une organisation créée après la Deuxième Guerre mondiale avec le soutien des États-Unis. Les Américains voyaient là une manière d’éviter que les Européens ne se fassent la guerre entre eux et surtout, cela leur permettaient de dominer des puissances européennes en déclin. La chute du Mur de Berlin et celle du communisme a ouvert de nouvelles opportunités de s’agrandir en y intégrant les pays de l’Est de l’Europe. Pour ces pays, c’était une manière de récupérer de l’argent et de s’ouvrir au marché européen. Il y avait aussi la possibilité d’entrer dans l’OTAN. L’organisation internationale créée en 1949 pour se protéger de la menace communiste n’avait alors plus de raison d’exister. Mais la diplomatie américaine avait bien compris qu’il y avait toujours un intérêt à rester dans l’organisation.


D’abord, les Américains ne voulaient pas avoir de concurrent sur la scène diplomatique mondiale. Les Européens ont été toujours les meilleurs alliés des Américains dans toute les guerres et les opérations menées depuis la création de l’OTAN, et ceci, sans avoir une diplomatie en mesure d’apporter un discours contradictoire.


Ensuite, les Européens eux-même voulaient garder l’organisation. La crainte de voir un pays puissance devenir hégémonique au sein de l’Union européenne a poussé les Européens à privilégier l’Alliance avec les Etats-Unis comme puissance principale.


De plus, il y a une raison commerciale. Seule vraie grande puissance militaire, Les Etats-Unis disposent de tous les équipements militaires et peuvent naturellement les vendre. Leurs principaux acheteurs sont les européens qui n’investissent pas dans leurs BITD. Pour les pays européens, c’est aussi un geste d’allégeance aux Etats-Unis.


Seule vraie puissance en occident, l’Amérique a compris tous les avantages de continuer à maintenir les Européens dans l’OTAN. Pourtant des voix dissonantes ont commencé à se faire entendre.

La première a été celle de la France avec le général De Gaulle. En sortant du commandement intégré, la France retrouvait leur indépendance, en particulier grâce à ses forces nucléaires et conventionnelles. Elle disposait aussi d’un pré-carré stratégique en Afrique et avec la francophonie. Influente et à contre discours des positions américaines, la voix de la France a été une alternative en occident. Mais le retour dans l’OTAN et le traité de Barcelone lui ont enlevé les moyens politiques de son indépendance.


La France est rentrée dans le rang des pays européens car elle avait au sein de l’Europe un discours trop indépendant par rapport aux autres nations qui ne désiraient que rester inféodées aux Etats-Unis.


Le paradoxe de cette Union Européenne est qu’elle n’existe en réalité que pour l’économie. Elle est conçue que pour être un marché commun et se réveille avec un pouvoir central à Bruxelles qui se rêve en empire. Sauf qu’elle n’en a aucun instrument. Elle n’a ni défense ou diplomatie commune, ni un peuple commun ; elle n’est pas non plus une union politique et n’a donc pas de socle à sa puissance. Elle ressemble, au contraire, à l’empire austro-hongrois avec ses centaines d’origines, de cultures différentes et on sait ce qu’il est advenu de cet empire.

La cacophonie de l’Europe est ici à son image. La position des Hongrois, des Slovaques, mais aussi de nombreux mouvements politiques en Europe a montré un refus de la guerre contre les Russes en Ukraine. D’autre pays se sont montrés plus atlantistes, comme la Pologne, l’Angleterre, les Pays Baltes. D’autre pays encore ont une opinion publique partagée, comme en Allemagne où une grande partie des Allemands ne montrent pas d’animosité envers la Russie. Les pays de l’Ouest de l’Europe n’ont pas non plus la même vision car moins mis sous pression par une menace russe.

Bien des signes avant coureurs auraient dû alerter sur le risque qui pesait sur cette Europe. Le premier est le cynisme américain lors de ses opérations extérieures depuis 30 ans, où les Européens ne servent souvent que de « supplétifs » aux forces américaines. La montée en puissance des anciens empires avec de nouvelles revendications dans le monde aurait dû amener à se poser des questions sur nos moyens et nos ressources. Mais au lieu d’enfin adopter une politique de puissance, nous nous lançons dans le Green Deal européen qui ne sert qu’à nous affaiblir, en particulier les BITD nationales.


L’Europe n’est pas une nation. Ce qui fait nation est une terre, une culture, une religion, des mœurs communes. Les cultures européennes sont diverses et multiples. En plus de cette diversité, les élites ont, pour des raisons économiques, laissé entrer sur le sol européen des millions d’étrangers extra européens, ce qui a entraîné un retour des inquiétudes sur nos identités propres. La réponse est alors un retour des nationalistes qui s’appuient sur cette inquiétude. Au même moment, nos dirigeants parlent de « souveraineté européenne », comme si il y avait en Europe un peuple commun qui serait, en outre, souverain sur ses dirigeants. Croire qu’un dirigeant accorde la même attention aux citoyens autres que ceux qui l’ont élu au plan national est illusoire. Seuls les dirigeants européistes convaincus semblent préférer l’autre européen à leurs propres concitoyens, jusqu’à promouvoir des politiques à l’encontre de l’intérêt de leur propre pays, ce qui n’est pas le cas de la plupart des dirigeants européens.


En 2014, la 1er guerre en Ukraine aurait dû nous réveiller. Mais au même moment en France, nous sortions le Livre blanc qui imposait la diminution des forces et des moyens à leur plus strict minimum.

La 2e guerre en Ukraine a été un réveil sur la réalité de ce que signifie être puissant. L’Europe était persuadée que la puissance économique pouvait imposer à elle seule la paix. Elle a souvenir de ce qui était arrivé aux Français et aux Britanniques en 1956 lors de l’opération Mousquetaire pour le canal de Suez. La pression américaine sur l’économie de la Grande-Bretagne a imposé le replis des Britanniques, ce qui entraîne la fin de l’opération. Seulement, la Russie n’est ni l’Angleterre, ni la France ; elle a des ressources bien plus importantes et a subi bien plus souvent des régimes d’embargo. Elle a apprit a trouver des solutions alternatives pour ne plus être dépendante des ressources occidentales en diversifiant ses circuits commerciaux. La Russie a donc tenu plus longtemps que prévu, mettant l’Europe sous pression.


La question était d’ailleurs de savoir si il n’y a pas eu la volonté de l’UE de poursuivre son expansion plus à l’Est aux dépends de l’espace anciennement soviétique. La guerre en Ukraine étant un moyen d’affaiblir la Russie, l’Europe y a jeté ses faibles moyens militaires pour découvrir qu’elle ne pouvait rien faire sans les Américains, ce qui, en soi, n’est pas surprenant. D’un conflit extérieur, le conflit ukrainien s’est transformé en guerre de survie pour l’UE. En effet, la victoire russe risque d’exacerber les tensions internes à l’UE. La question qui se pose est de savoir où se trouve le vrai pouvoir. Au niveau de la nation ou au niveau de l’Europe. Si l’Europe n’arrive pas à gagner contre la Russie, elle perd en influence au sein des nations qui la composent. La désunion risque de s’aggraver, provoquant une possible séparation. C’est pour cela que cette guerre est importante pour l’UE.

 Président US :

(Source photo : https://en.wikipedia.org/wiki/Donald_Trump_raised-fist_photographs)

Mais la surprise stratégique de l’élection du président Trump aux USA change la donne, car cette fois-ci, la menace ne vient pas de la Russie mais bien des Etats-Unis. L’une des conséquences est aujourd’hui le discours du vice-président Vance sur les notions de liberté d’expression en Europe. Pour les Américains, il est plus avantageux de ne pas avoir une Europe puissance économique et unie mais, au contraire, des nations divisées et mises sous pression par la menace russe. L’avantage de cette menace est qu’elle se crédibilise si la guerre cesse.


En effet, il est dit qu’il faudra 30 mois aux Russes pour reconstituer leur potentiel de combat et être en mesure éventuellement d’attaquer l’Europe. Seulement, dans la même période, il ne sera pas possible de reconstituer des industries européennes capables de produire rapidement de l’armement. Les Américains le savent bien et comptent sur l’UE pour acheter massivement de l’armement américain, en particulier si elle décide de créer des fonds communs pour la défense.

Le pire des scénarii pour l’Europe serait que les Etats-Unis et la Russie négocient un accord de paix sans la présence de l’Europe, ce qui risque fort d’arriver. Que la Russie soit vainqueur de ce conflit et la menace va justifier de lourds investissements dans le domaine de l’armement. Seuls les Américains peuvent fournir rapidement et en quantité les armements nécessaires immédiatement.

 Le président russe en visite avec les forces spéciales tchétchènes (Gudermes, Tchétchénie, août 2024) :

https://youtu.be/XChRjS3KrLw?t=818

(Source de photo : https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Vladimir_Putin_and_Ramzan_Kadyrov_in_Gudermes,_Chechnya_on_20_August_2024.jpg )


De cet épisode, l’Europe va montrer une image de faiblesse et d’incapacité à savoir construire en commun sa défense. Elle risque de confirmer le déclin de l’Europe et sa disparition comme acteur international de premier rang. En parallèle, les nouveaux empires vont surgir et nous remplacer sur la scène internationale avec leurs « valeurs » et leurs intérêts. De ne pas avoir voulu croire en son histoire et en sa destiné historique, l’Europe risque fort de disparaître.

(1) https://www.lefigaro.fr/vox/monde/accueillez-ce-que-votre-peuple-vous-dit-l-integralite-du-discours-de-jd-vance-aux-europeens-a-munich-20250215


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