Comme sur certains sites sur internet, Je propose des solutions pour remplacer les véhicules en service. Si l'imagination est illimité, dans la "vrai vie" la procédure est bien différentes. En France, la procédure passe par une loi de programmation. Dans celle-ci, il est spécifié que des fonds sont alloués pour financer un programme de défense. Il a le cas ou il n'existe rien du programme et il faut financer des études amont.
Il arrive ainsi que l’état demande à un organisme ou un industriel de présenter un avant-projet de ce qui pourrait être produit. Je pense pour le MGCS par exemple à l’institut franco-allemand de St Louis.
D’autre part, il y a le cas de figure ou il existe déjà l’équipement. Il est proposé par un industriel financé sur fonds propres. Celui-ci sert alors de référence pour l’appel d’offre.
A l’issue de cette première analyse, le Ministère de la défense élabore un cahier des charges à partir des demandes opérationnelles attendues par le programme. En général, dans notre cas de figure, on cherche à remplacer un véhicule existant.
Ce cahier des charges est en même temps retranscrit par la DGA (Direction Général de l’Armement) en langage industriel, puis est proposé aux industrielles.
Selon la nature du programme, plusieurs industriels créent un groupement avec une entreprise leader. Il est possible aussi que ce soit la DGA qui choisisse quelles entreprises participent par rapport à leurs compétences ou les produits proposés.
Une fois cette étape passée, les premiers prototypes ou tests sont lancés avec la DGA. L’armée de terre suit le programme à travers la STAT (la Section Technique de l’Armée de Terre). Elle intervient au plus tôt pour aiguiller les technologies qui seront mis en œuvre et qui, pour certaines ne correspondent pas aux attentes opérationnelles.
Lorsqu’il s’agit d’un char, il faut travailler sur le châssis, la tourelle, l’armement, les systèmes de communication, de maintenance, de logistique, les moyens d’instruction et de simulation etc. La difficulté de ces programmes dans le programme, c’est qu’ils doivent synchroniser leurs développements les un avec les autres.
Pour le Leclerc, le travail s’est porté sur 3 chars prototypes. Le premier travail sur la mobilité, le second la puissance de et le troisième la protection. Aujourd’hui, une grande partie de l’expérimentation est réalisée par informatique, ce qui réduit les coûts et le temps de conception. Il est possible que les premiers modèles de série commencent à être produits si les jalons initiaux sont passés. Le résultat est un engin qui doit, souvent, encore subir des évaluations complémentaires pour être entièrement qualifiés, évaluations effectuées avec la STAT et la DGA. D’autres seront faites tout au long de la vie du programme, ce qui permettra de tester et d’intégrer rapidement des innovations.
Construire un Char : le problème industriel.
Qui construit quoi dans un char ?
La réponse à cette question sera, ici, succincte, car il y a naturellement beaucoup de solutions possibles.
Pour la tourelle, en France, seule KNDS, anciennement NEXTER est compétente. Elle a fabriqué la tourelle du Leclerc, aujourd’hui celle du JAGUAR. D’autre entreprises fabriquent des tourelles comme le belge CMI qui en vend partout dans le monde. Les tourelles télé-opérées peuvent être fabriquées par KNDS, ARQUUS ou FN HERSTAL, par exemple.
Le canon est fabriqué à Bourges par KNDS, dernière fabrique de canon.
L’optique est actuellement aux mains de SAFRAN tandis que THALES se charge de l’électronique.
En ce qui concerne le châssis, une grande partie des entreprises qui ont participé au programme Leclerc y travaille toujours. Elles fournissent les équipements pour la MCO (mise en condition opérationnelle).
Le principal sujet de discussion dans le domaine du char est son moteur. En effet, la société Värtsilä France, qui produit le moteur Leclerc, est l’ancienne SACM Diesel. L’entreprise, aujourd’hui, continue à proposer des moteurs pour bateau. Elle soutient la société Cummins France qui produit des moteurs diesel pour machines de travaux publics et groupes électrogènes. La société est américaine et produit ses moteurs en Angleterre. L’avantage est qu’ils sont ITAR free, ce qui fait que l’on peut les commander et les vendre comme on veut. Le Serval est, par exemple, équipé de ce type de moteur. ARQUUS propose aussi un moteur de char Hybride de 1500 chevaux avec moteur VOLVO. SCANIA propose des moteurs de 1000ch pour char.
Texelis fait de la recherche dans le segment de l’hybridation et cherche des solution alternatives dans les boîtes de transmission. Actuellement, le leader européen est RENK avec sa filiale française qui est toujours en mesure de produire la boîte de vitesse du Leclerc.
Ainsi, il existe des solutions industrielles pour la production de chars. Le problème vient que nous ne sommes pas capables de produire en grande quantité des véhicules sous court préavis.
Pendant la Guerre froide, l’industrie de défense était nationale et était à la charge d’arsenaux. C’est l’état qui investissait dans les personnels et les machines outils. Le risque de perte financière était assumé par l’état.
Mais la privatisation partielle ou totale de certaines entreprises a fait rentrer ces entreprises dans le monde concurrentiel. Les effectifs ont fondu, comme les compétences techniques. Un certain nombre de technologies de production ont évolué, comme les nouvelles méthodes de soudage par friction ou la production par imprimante 3D.
L’Economie de guerre
La France est censée être, depuis 2022, en « économie de guerre ». En réalité les problèmes de la relance de la production sont le manque de main d’œuvre et la croissance du nombre de machines outils. En effet, les entreprises restent frileuses quand il s’agit d’investir en interne à cause du manque de commandes de l’état. Le risque d’avoir investi à perte, que ce soit dans la qualification des personnels ou celle des machines outils est un souvenir du passé et de l’obligation de rendement sur un marché capitalistique.
L’état, de plus, n’est pas bon payeur. Dans une période de troubles politiques où les gouvernements peuvent tomber à tout moment et où le vote du budget n’est toujours pas validé, les entreprises craignent de se lancer sur fonds propres dans de gros investissements.
Sans investissement national et des commandes clair, il n’y a peu de chances de voir l’investissement permettre la création d’un nouveau char de combat par la France.
Les derniers propos du CEMAT (1) laissent d’ailleurs peu d’espoir à ce sujet. Selon lui, seul le programme MGCS propose la vision la plus claire d’un char dans l’avenir alors que rarement des opportunités de ventes de chars à l’internationale n’ont été aussi élevées.
Seul un vrai changement de cap stratégique pourrait réorienter les investissements dans un avenir proche. Existe aussi le risque d’une coupe budgétaire en raison d’une crise économique imputable à une dette trop importante. Il faudra alors faire des choix.
(1) https://www.saumur-anorabc.org/actualites/senat-audition-du-cemat-larmee-de-terre-a-besoin-du-mgcs/
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