Les Сhars légers américains

 

Pendant la Seconde guerre mondiale, les chars légers américains ont d’abord comme fonction la reconnaissance en force après avoir été les véhicules principaux de combat. Armés d’un canon léger, ils sont incapables d’affronter les chars lourds alors en service en Allemagne. A la différence de l’Allemagne (et de la France) qui privilégie des engins aptes au combat antichars, les Américains privilégient l’appui feu léger et la lutte contre les blindés légers.

Le char américain le plus puissant dans cette fonction a été le M24. Réussite technique comme esthétique, le char, malgré un canon de 75mm, n’était toujours pas apte à vaincre les derniers modèles allemands de char lourd.

Après guerre, la reconnaissance en force, la projection de force par air et mer imposent à l’armée américaine des engins légers très mobiles descendant du M24 se sera le M41. La charge creuse rééquilibre le combat mais les chars russes T54 restent un adversaire difficile pour le M41.

Pour corriger ce problème, les Américains désirent un véhicule plus puissant apte à affronter un char lourd tout en étant aérolargable et amphibie. Ce véhicule sera le M551 Sheridan.

Équipé d’un lance missile de 152mm tirant un missile guidé par laser, le char était très puissant mais complexe techniquement. Engagés pour la première fois au Viet Nam, ces chars ont montré des faiblesses face aux mines et aux roquettes. Seule la munition Calister antipersonnel montre une bonne capacité utile. Le char sera modifié après la guerre et restera en service jusqu’au début des années 1990.

Dans les années 70, les Américains cherchent à disposer d’un char léger qui puisse affronter les derniers modèles de chars soviétiques. Il y eut, au début, une convergence entre les Marines et l’armée de terre pour un char léger qui soit aussi héliportable. Les travaux se portèrent, entre autres, sur le nouvel armement de 75mm ARES ayant une culasse rotative et des munitions télescopiques. Les tests ne furent pas concluants car les munitions n’étaient pas assez puissantes.

Le choix se reporta sur un char plus lourd équipé d’un canon de 105mm : le M8 qui devait entrer en service dans les années 1990 mais des changements de vision stratégique annula la commande.

Ces changements de stratégie sont dû en particulier aux opérations en Kosovo en 1999, celles-ci modifièrent la vision américaine sur les véhicules à roues. Les Russes étaient, en effet, arrivés à traverser toute la Serbie en partant de Bosnie pour prendre l’aéroport de Pristina au nez des forces occidentales bien trop lente.

Les Américains ont donc créé les brigades Stryker de blindés à roues. Le véhicule d’appui était le 1128 considéré comme un canon antichar. Dans la pratique, ni le véhicule,ni la tourelle n’était adapté au combat antichar. En réalité, la fonction antichar était allouée aux missiles antichar TOW et Javelin. La vraie fonction de l’engin était l’appui feu. Les Américains avaient bien compris que le blindage des chars russes exigeait une plus grande puissance de feu que celle du 105mm. Le 1128 n’était pas adapté non plus à l’appui feu. Le chargement automatique avait régulièrement des problèmes et le véhicule était sensible au mine. Le véhicule fut retiré de service en 2023.

Pourtant, les IBCT (infanterie brigade combat team) manquaient toujours de puissance de feu direct. Ces brigades ne disposaient que d’armes antichar. Les guerres en Afghanistan et en Irak révélèrent le besoin de projeter des moyens feu rapidement par air pour appuyer l’infanterie légère.

Si la lutte antichar était subsidiaire, les fortifications de campagne se relevaient des obstacles bien plus complexes à neutraliser, d’où le programme MPF (pour Mobile Protection Firepower).

Les exigences de base pour le nouveau véhicule développé dans le cadre du programme MPF ont été déterminées en 2015. Il devait s'agir d'un "char léger", équipé d'un canon à haute impulsion de calibre 105 ou 120 millimètres, pour utiliser les types de munitions existants, et recouvert d'un blindage modulaire capable de résister au tir de canons automatiques de 30 mm. Dans le même temps, puisqu'il s'agissait d'équiper les brigades d'infanterie avec ce produit, le point le plus important des spécifications techniques était la possibilité pour le véhicule de participer à des opérations de combat « en mouvement » ou, comme on dit, immédiatement depuis la rampe, après avoir débarqué de l'avion.

D'autres exigences incluèrent un rayon de combat d'au moins 300 kilomètres, un fonctionnement autonome pendant la journée et l'utilisation des plates-formes existantes pour le « char » afin d'accélérer le processus de développement et de réduire les coûts. Il est également important de noter ici que, contrairement à l'ancien XM8, la capacité aéroportée n'était plus une priorité. C'est pourquoi le poids maximum du futur véhicule a été augmenté à 38 tonnes ou plus.

La compétition eut lieu entre le XM8 ressorti par BAE Systems et le Griffin 2 de General Dynamics. Le second se montra plus efficace et fiable que son concurrent. Le Griffin 2 fut renommé M10 Booker.

Les Américains avaient spécifié la fonction du char dans le nom du programme, l’appui feu mobile. Il est important de suivre cette évolution des chars légers américains en parallèle avec les nouvelles armes antichars. Celles-ci ont évolué du missile antichars filoguidé par l’opérateur vers un missile tir et oublie qui tire au de la de la vue directe. La fonction antichar du char a, dans la même période, diminué, voire disparu. Les chars se concentrent donc plus sur la fonction appui feu direct contre les fantassins et les fortifications.

Les tests sont encore en cours pour évaluer les capacités du M10, mais il existe déjà des débats au États-Unis concernant le remplacement de certaines unités de M1 Abrams par ce char. Plus facile à projeter, à soutenir et ayant une protection suffisante pour résister aux menaces du champ de bataille, le M10 pourrait représenter le futur du char principal de l’armée américaine, particulièrement dans la guerre qui pourrait avoir lieu, à l’avenir, en Asie Pacifique.