Le champ de bataille change au gré des nouvelles technologies. Les dernières technologies qui modifient de manière très importante le champ de bataille sont le drone, la miniaturisation de l’électronique, permettant d’allonger la portée et d’augmenter la précision.
Cela bouleverse la trame antichar moderne. Jusqu’à présent, la trame s’est appuyée sur l’aviation, l’artillerie, les chars, les missiles. Mais cette trame a été troublée en 1991 par la nouvelle stratégie basée sur la frappe en profondeur. Celle-ci a donné l’avantage à l’aviation et à l’artillerie au détriment des autres armes. Cela explique la domination occidentale sur le champ de bataille dans les années qui ont suivi.
Mais de nouvelles technologies et de nouveaux modes de combat rééquilibrent les puissances au combat. Le trio commando, tunnel et missile a mis en échec l’armée israélienne en 2006. Les guerres qui suivent impliquent aussi l’emploi d’une autre arme, l’EEI (engin explosif improvisé) va introduire un changement important dans la manière de construire les véhicules blindés.
La première guerre en Ukraine n’exploite que des drones d’observation. Ainsi, elle prend la même forme que la Seconde guerre mondiale avec des combat de chars et des groupes de manœuvres appuyés par de l’artillerie.
Les drones kamikazes et le missile jouent un rôle pour la première fois le rôle principal dans la guerre au Haut-Karabakh. Si la guerre met majoritairement en œuvre l’artillerie dans le combat, la transformation de la guerre annonce la guerre en Ukraine.
La guerre en Ukraine va mettre en valeur une nouvelle trame antichar. Si les pourcentages de destruction entre l’artillerie, les missiles et le reste sont identiques au conflit du Haut-Karabakh au début du conflit, les nouvelles armes guidées vont modifier le taux de pertes dans les forces blindées en présence.
En effet, les drones d’observation légers, couplés à un réseau numérique permettent aux Ukrainiens de gérer une efficace lutte antichar.
Puis ils introduisent des drones bombardiers qui vont attaquer les véhicules par le toit. Rapidement, ils ont introduit des drones FPV équipés de charges antichars. Le pourcentage de destruction alloué au drones est alors passé à plus de 80 %.
Depuis la guerre du Golfe, en 1991, la part du combat entre chars est passé d’environ 50 % à 2 %. Si l’artillerie a toujours été une arme antichar plus au moins efficace, pendant longtemps, l’impossibilité de détruire des véhicules en mouvement avait réduit les capacités de celle-ci dans la trame antichar. Avec les nouveaux obus guidés, l’artillerie peut détruire en 1 coup un char (ou deux, comme avec le BONUS) à l’arrêt ou en mouvement. Couplé à de nouvelles organisations d’observation et de traitement du tir, ils ont fait de l’artillerie l’arme antichar par excellence.
Mais c’est avant que le drone s’octroie la première place.
Pour la France, nous n’avons pas eu à faire la guerre de haute intensité depuis la Guerre du Golfe. Les opérations militaires en Bosnie et en Libye ont mis en valeur notre capacité de frappe aérienne. Il est indéniable que l’efficacité de cette arme dans la lutte anti-blindé est proportionnelle à la capacité de la force adverse à se protéger de cette efficacité. On voit que les défenses sol/air et une chasse moderne peuvent rendre cette mission difficile.
La guerre en Ukraine a, par contre, révélé les capacités de notre artillerie. Le Caesar est un des systèmes d’artillerie parmi le plus efficaces du champ de bataille. De nouvelles munitions doivent optimiser l’efficacité du but à la première salve, ce qui limite le temps d’exposition à un tir de contrebatterie.
Dans le domaine des drones, la France est, pour l’instant, en retard mais investit massivement pour se rattraper. Des munitions guidées aux capacités intéressantes, en particulier dans le domaine du guidage ou de l’IA, devraient nous permettre de disposer d’équipements concurrentiels.
Dans la trame missile, l’AKERON MP ou MHT nous place parmi les leaders dans ce domaine. La technologie est, par contre, très coûteuse et handicape, pour l’instant, leur emploi. La solution viendrait d’une simplification du système pour en réduire le coût.
Je ne parlerai pas de la trame roquette car, pour le moment, la France achète sur étagère de l’AT4CS et achetera du NLAW en attendant l’AKERON CP.
La trame future comportera l’action en profondeur de l’aviation avec des bombes planantes, éventuellement motorisées, pour en allonger la portée. Il faudra aussi revoir nos capacités en artillerie sol/sol, en particulier des missiles moyenne portée en mesure de neutraliser les défenses sol/air. Les roquettes longue portée doivent prendre le relais, si possible, dans la zone des 100km.
Puis des drones kamikazes moyenne portée cumulés à de l’artillerie canon devront être en mesure de frapper entre 15 et 75 km. Dans la zone en dessous de 25km, le travail peut être effectué par des drones tactiques, des mortiers lourds et des missiles antichars.
La trame antichar doit permettre de détruire le 99 % des chars avant qu’ils n’arrivent sur la zone d’engagement. Le char, quant à lui, ne traitera que les quelques engins qui sont passés à travers les mailles de la trame.
La conséquence première de l’efficacité de la trame est qu’il n’est plus nécessaire de consacrer le char dans une fonction antichar mais bien une fonction d’appui feu. Ainsi, la France, modernisant son artillerie et en se procurant un panel complet de drones, devrait pouvoir tenir son rang en haute intensité.
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