Développement le plus original de l’ingénieur soviétique Morozov
Courant 1985, l’équipe d’ingénieurs soviétiques de l’usine de chars de Kharkov travaille sur
le développement d’un char de bataille pour l’an 2000. Plusieurs solutions technologiques
sont proposées dans le projet OBJET 490. L’échec de l’OBJET 490, concurrencé par
l’OBJET 477, relance une étude sur une solution originale proposée par l’ingénieur
Morozov. Il va proposer un des chars les plus originaux de notre époque, l’OBJET 490B
« écureuil ».
Origine conceptuelle
Problème des chars « classiques »
Par exemple, le char M1A2 Abrams, c’est 1909 litres de carburant pour 63 tonnes. Le
Challenger2, c’est 1600 l pour 74 t version Theater Entry Standard Herrick.
Seuls deux chars en service sont « originaux » à cette époque. Le char STRV103 suédois et
le Merkava israélien.
Le char STRV 103 est un char avec canon en casemate et qui, pour pointer, impose un
déplacement du char complet en gisement et de jouer avec des suspensions hydrauliques en
site. L’avantage du char casemate est sa protection car le char est conçu pour résister à une
munition sous-calibrée de 105mm.
Le second char particulier est le char Merkava. Les Israéliens ont choisi de mettre le moteur
à l’avant entre deux plaques de métal de 100mm. De plus, ils ont aménagé l’ensemble du
véhicule pour que les sous-systèmes servent à la protection de l’équipage. Ainsi, le
véhicule résiste aux agressions du champ de bataille avec une bonne survie pour
l’équipage.
Le projet
Morozov va prendre en compte les caractéristiques des modèles originaux et des progrès
technologiques. Il est partisan de l’équipage à deux personnels. Les progrès des
calculateurs simplifient la séquence de tir et rendent inutile un opérateur particulier. Mais il
prend en compte déjà la nécessité d’un combat collaboratif pour renseigner l’équipage.
Il propose aussi un nouveau train de roulement chenille beaucoup moins sensible aux mines
avec un dispositif à 4 chenilles. Pour une meilleure mobilité, la suspension est
hydropneumatique, ce qui permet, comme pour le STRV 103, de gérer le site du véhicule et de corriger la perte d’une chenille.
La puissance de feu est garantie par un puissant canon de 152mm 2A73 monté dans une
tourelle télé-opérée.
Les munitions ne sont plus en deux charges comme les modèles T64/72/80/90 mais en un
bloc, grâce à un chargement automatique monté dans le châssis dans l’axe du canon.
Le choix d’un équipage à deux hommes et une tourelle télé-opérée impose un système de
vision par vidéo.
L’ingénieur innove aussi dans le domaine de la protection. Il choisit un compartimentage du
véhicule par cloison, ce qui empêche la destruction de l’ensemble du char en cas d’impact.
Plus original, il place l’équipage à l’arrière et l’ensemble du char sous un blindage
composite/réactif de 260mm incliné à 80°, ce qui offre une protection tant frontale
(équivalent de plus 1000mm de blindage) que contre les attaques verticales.
1/réservoir carburant- 2/emplacement des deux moteurs- 3/tourelle- 4/compartiment
chargement automatique-
5/compartiment équipage.
Le prototype
Entre 1988 et 1991 sera construit un prototype (dont personne ne trouve de vestiges). Les
photos et les plans nous donnent une idée de l’engin.
Le char pesait autour de 55/57 tonnes. Il était équipé d’un canon de 152mm (1). A l’arrière
de la tourelle, se trouvent un lance grenade automatique et une mitrailleuse comme armes
coaxiales (2). A l’arrière du châssis, il y a une tourelle avec un autre lance grenade
automatique (3).
Sur cette photo, on remarque la présence des caméras vidéo permettant la conduite et le tir
(4) et le pilotage (5). On constate la surface réduite de la tourelle et l’inclinaison du
blindage.
La tourelle 6 heures permet au canon de devenir un Schnorckel pour les passages en
submersion. On voit sur la photo les portes d’accès pour l’équipage (8) et les grilles
d’échappements pour les moteurs permettant de réduire les émissions thermiques (9).
Comme on peut le voir sur l’image suivante, l’emplacement des moteurs imposent des
moteurs à plat deux temps d’une puissance individuelle de 800/1000 chevaux. Ils sont aux
nombre de deux et prennent chacun une paire de chenilles.
Sur route, le véhicule roule à 50 %, c’est-à-dire avec un seul moteur. Il peut rouler aussi vite
en marche avant qu’en marche arrière (environ 75km/h).
La protection du chargement automatique est renforcée par un plancher défonçable pour le
souffle de l’explosion.
Conséquence historique
Le char ne sera jamais produit pour de multiples raisons. La première est la mauvaise
qualité des caméras vidéo qui rendait le combat difficile. De plus, fabriquer un tel engin
s’avérait complexe. L’intervention sur moteur imposait de retirer la tourelle. Enfin, l’URSS
s’effondrait et l’effort militaire partait ailleurs.
D’un point de vue technique, l’OBJET 490B reste l’engin le plus « original » jamais
imaginé. Il se montre supérieur en mobilité, en protection et en puissance de feu à tout ce
qui se fait et tiendrait sa place facilement aujourd’hui même en Ukraine. Il montre la
qualité et la liberté intellectuelle des bureaux d’études sous l’air soviétique.
Il reste quelques traces de cet engin aujourd’hui.
« Moteur de combat avancé » présenté à AUSA 2018. Le moteur opposé à 2 temps avec un
volume de 14,3 l, quatre cylindres, était conçu pour TARDEC US Army ( Tank Automotive
Research, Developpment and Centre d'ingénierie ) en partenariat avec Cummins. Puissance
1000 ch à 2400 tr / min. Le moteur fait partie d'une stratégie de 30 ans pour moderniser les
véhicules blindés américains.
Le Luwa, véhicule censé remplacer le Wiesel.
https://www.armyrecognition.com/focus-analysis-conflicts/army/defence-security-industry-
technology/discover-new-german-made-iabg-gsd-luwa-light-tracked-armored-vehicle
source illustrations : https://btvt.info/2futureprojects/490_21vek.htm
Excellent, le sytème à 4 chenilles.
RépondreSupprimerVoir un bijou de technologie qui coûte les yeux de la tête, planté dans un champ par une mine à deux balles, c’est la misère .
Ce qui était impossible (peut-être) avec des chenilles lourdes serait-il envisageable à l’ère des chenilles souples ?
Ça vaudrait vraiment le coup de se pencher sur le sujet .
Car enfin, même si le système ne fonctionnait pas dans 50% des cas, cela veut dire que grâce à cette innovation, l’autre moitié des chars touchés à l’avant aux chenilles auraient pu s’en sortir, se mettre à l’abri sur leurs deux chenilles arrières indemnes, et peut-être la moitié des équipages sauvés !!!
Ce serait déjà merveilleux, n’est-ce-pas ?
bonjour, il y a une incompréhension, le char sur route roule avec un moteur (donc à 50%) pour des raison d'économie. Mais en tout terrain le char utilise les deux moteurs (100%) . Si la chenille explose sur une mine, les autres chenilles sont capable de prendre le relais dans le déplacement. Dans l'absolu, même si les deux chenilles avant sont cassé, le char pourrait toujours se déplacer.
SupprimerMais vous avez raison, c'est tout l'équipage qui est sauvé car les deux membres d'équipages (c'est un char deux places) se trouve à l'arrière du châssis.