MERKAVA Char de manœuvre d’ensemble

 


Définition du char de manœuvre d’ensemble :

₋ Simplicité de fabrication, d’emploi, de soutien

- Fiabilité, robustesse

- Coût maîtrisé

- Aucune supériorité technologique particulière

- Polyvalence de sa fonction feu

- Conçu comme une pièce d’un ensemble tactique, opératif

Quelques exemples de chars de manoeuvre d’ensemble : le M4 Sherman, le Centurion, le T54/55 ou l’AMX30

La Doctrine

Les Israéliens ont une profondeur stratégique d’environ 100 km. Pour défendre le pays, ils sont donc obligés d’avoir une défense haute, c’est-à-dire à la frontière ou chez l’ennemi.

Les Israéliens ont une armée prête au combat avec du matériels immédiatement disponibles, d’où la nécessité d’un véhicule fiable et robuste.

De plus, le pays a dû construire sa propre industrie de défense avec des moyens limités. Ils ont donc fait le choix de limiter leurs RT et RD pour en maîtriser les coûts et se focaliser sur des segments de supériorité.

Des Choix technologiques simples

Aucune supériorité technologique dans le domaine du feu, de la mobilité ou de la protection classique.



Eléments de suspension du char constituée uniquement d’un ressort de suspension entourant un amortisseur, comme celle de voiture. Simples et économiques, les ressorts sont, en plus, un obstacle supplémentaire avant la pénétration du châssis. De plus, le dispositif est facile à réparer/changer.





Le moteur est un MTU 883 de 1500 ch (similaire à l’Europack) construit au Etats-Unis, sous licence par General Dynamics sous le nom de GD 883. Cela résout les risques d’embargo ou de limitation d’emploi des matériels allemands.





Le blindage est de type composite rapporté sur une structure mécano-soudée. La structure doit être la plus légère possible tout en étant le plus rigide possible.







Comme le blindage n’est pas intégré dans une structure, l’impact engendre des dégâts importants et ne permet pas le multi impact. Ce choix s’explique par priorisation de la protection contre les charges creuses. Il en va de même du renforcement de la protection de toit contre les tirs de haut en bas à la roquette antichars.


On peut voir ici l’épaisseur du volet et du blindage de toit



L’épaisseur du plat bord avant est d’une dizaine de centimètres, avec l’inclinaison, c’est équivalent à 600 mm de blindage. Comme on le voit sur la photo, il faut une grue pour avoir accès au moteur. Seule la boîte de transmission est facile d’accès. Cela oblige à avoir un moteur très fiable qui ne nécessite pas d’entretien régulier.


Le canon est un MG 253 de 44 calibres qui est identique au canon américain du M1, mais modifié par les Israéliens pour limiter l’arcure et augmenter la résistance du tube.

Comme on le voit, le char n’a nativement aucun élément de supériorité dans le domaine les trois fonctions du char, c’est-à-dire la mobilité/ la protection/ la puissance de feu.



Les Facteurs de supériorité

Trois vecteurs essentiels de supériorité :

- Le choix de la vidéo comme moyen d’observation

- La numérisation et les écrans pour tous

- La protection active.

Le char est équipé d'une optique d'imagerie thermique à double plage pour couvrir à la fois les canaux 3-5 microns et 8-12 microns, afin d'améliorer les performances et la redondance dans toutes les conditions de visibilité, jour et nuit. Il dispose aussi de caméras permettant d’observer tout autour du char. La vidéo permet d’avoir un mode de poursuite automatique de cible au tireur.




Poste tireur


Poste pilote.

Dans une société moderne, les écrans se sont généralisés. Les Israéliens l’ont bien compris et l’on intégré dans la conception du véhicule. Le pilote peut suivre la guerre sur l’écran, suivre le bon itinéraire et choisir son cheminement tout en restant coordonné avec les autres véhicules amis. Cela réduit le dialogue entre le chef et le pilote. Il peut aussi participer dans les phases d’arrêt à l’observation vidéo.

Le chargeur aide le chef de char dans la gestion des messages NEB. Il participe à l’observation vidéo et met en œuvre les mesures de protection du véhicule. Quant au tireur, l’écran permet le suivi du combat et ainsi choisir les zones à observer en priorité.

La collaboration est aussi native au sein de l’unité. Elle permet une riposte coordonnée entre les différents véhicules de la cellule de combat intégré. Par exemple, si un char est pris à parti, les autres véhicules vont pouvoir réagir par rapport aux informations données par le char attaqué.

Le système de protection active TROPHY n’était pas nativement monté sur le char. Suite à la guerre de 2006 au Sud Liban, les Israéliens ont précipité le montage sur leurs véhicules. Sur le MERKAVA, les blindages étant rapportés et donc facilement démontables, les Israéliens ont pu l’intégrer facilement. Le système permet de se protéger des attaques de missiles. Il participe aussi, par le biais de la NEB, à la protection collaborative.


Sur la version MERKAVA 5, le système TROPHY intègre des composants de son concurrent l’IRON FIST, ce qui lui permettrait d’intercepter une munition flèche.

Les choix technologiques israéliens ont ainsi permis de coupler une plateforme économique, fiable, robuste, polyvalente avec la pointe de la technologie informatique. Le coût du char est ainsi limité aux environs de 6 millions de dollars. Dans un prochain article, je parlerai de son intégration à la manœuvre d’ensemble.



Commentaires