Produire sous contrainte budgétaire


Nombre de commentateurs aujourd’hui critiquent la position française dans le domaine des blindés. En effet, la France, à la différence de beaucoup de ses partenaires européens et même mondiaux, semblent insensibles à la nouvelle augmentation des risques de guerre de haute intensité nécessitant l’emploi de forces mécanisées.

Pour un certain nombre d’entre eux, les choix français s’expliqueraient la préférenc de nos généraux pour les forces médium à roue. Un certain discours de généraux porte d’ailleurs sur un aspect historique d’une appétence de la France pour les forces médium. Cette analyse est en réalité contredite par les faits.

La France a, dès 1916, cherché un char lourd pour percer les lignes de défense allemande. Dans l’entre deux-guerres, elle est la première à mettre en service une division blindée. Les Français vont se lancer dans la conception de chars hyper-lourds (140 tonnes du projet FCM). Après guerre, ils se lanceront sur des projets de chars lourds équipés d’un canon de 120mm de plus de 50 tonnes. Si la légèreté des divisions blindées dans les années 1960 à 80 ne doit pas faire oublier que la France s’est lancée dans le programme du char Leclerc de plus de 50 tonnes. La France avait prévu de produire 1600 chars Leclerc si le mur n’était pas tombé. L’histoire aurait été, dès lors, fort différente.

La réalité est plus terre à terre : il n’y a pas d’argent. Il faut comprendre que la constitution d’une force mécanisée importante nécessite des budgets qui, malgré toute les études les plus prometteuses, reste difficilement accessible. La France ne peut se permettre de déplacer de l’argent du social ou du structurel vers la défense surtout qu’elle a déjà à combler une dette qui est devenue abyssale.

Malgré les promesses de la loi de programmation, celle-ci ne comblera pas tous les retards que vingt ans de réduction budgétaire ont créé.

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que cela arrive dans notre histoire.

La France, qui se lance dans la construction de la ligne Maginot, devait aussi, à l’issue, construire un puissant corps motorisé et blindé. Mais la réalité est qu’en 1932/34, la France subit la crise économique, ce qui l’empêche d’investir massivement dans l’industrie de défense. Celle-ci est encore en grande partie une industrie ancienne qu’il faut moderniser, en particulier dans le domaine de la construction aéronautique. Si la France avait fait les efforts normalement prévus, elle aurait pu disposer d’une force bien plus importante et il n’y aurait eu, ni la récupération de la Rhénanie, ni la crise des Sudètes et en 1940, la France aurait eu une force moderne et nombreuse et, surtout, entraînée à la guerre moderne. Mais l’histoire en décida autrement.

La seule chose possible est de réaliser la fabrication d’une autre défense à budget constant. C’est-à- dire qu’il faut fabriquer des armes de guerres qui restent performantes sans que les budgets explosent.

En France, la technologie a modernisé est en premier lieu la recherche, avec la généralisation du double numérique. Il faut, dès la conception, chercher à réduire le nombre de pièces, à l’instar de l’industrie automobile, pour fiabiliser les équipements. L’emploi, ensuite, d’imprimantes 3D doit permettre d’accélérer la construction de pièces complexes, que ce soit dans l’expérimentation ou dans la production. Il faut aussi, pour limiter les coûts, s’attacher à s’appuyer sur des technologies maîtrisées.

Par ailleurs, certains choix technologiques sont redondants. Au contraire, il serait intéressant de créer une famille d’engins qui s’appuie sur des technologie communes. Par exemple, il serait possible de construire un châssis, un moteur, des éléments de suspension communs. Il serait même possible d’avoir un châssis de tourelle commun qui permettrait d’intégrer différents types de blindage et d’armement. On peut imaginer aussi des éléments de suspension interchangeables que l’on pourrait monter de n’importe quel côté. Pourquoi ne pas intégrer les interfaces électroniques, les moyens d’observations vidéos et de communication etc. ?

Toutes ces mesures limiteraient le coût global d’un programme de véhicules futures. Cela passerait par d’autres modifications structurelles comme la transformation de la fonction du char, de char antichar à char d’appui. La modification permettrait de s’appuyer sur un châssis unique avec un véhicule VCI et autre variant à l’exemple du programme SCOUT AJAX ou CV90. La modification de la fonction permettrait de modifier la nature de nos forces sans avoir à se lancer dans des programmes complexes de systèmes de combat à l’image du MGCS.

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