Plus vite que prévu

 

La surprise de la guerre en Ukraine a réveillé le besoin des états de disposer de chars de combat de nouvelle génération. Alors que pendant plus de trente ans, le char ne faisait que régresser dans les arsenaux des nations occidentales, la guerre de haute intensité a rappelé que la bataille se joue sur le terrain et que le char en est un des instruments essentiels.


Que sait-il passé en Ukraine pour que le char revienne au cœur des besoins pour les armées ? L’amère réalité de la guerre a montré, dans un premier temps, que ce que l’on croyait garanti était faux. Le premier constat est que la supériorité aérienne ouvre tout. Aucun des deux belligérants n’a su prendre l’ascendant sur l’autre en raison de la présence de défense aérienne multi-couches qui rend impossible la frappe directe sur l’ennemi. Comme l’aviation ne peut pas opérer de bombardements, c’est l’artillerie qui a repris son rôle. Là encore, les occidentaux avaient sous- estimé les besoins en canons et surtout en obus en cas de conflit. Les Russes, plus perspicaces, ont, eux, été moins gênés par cette transition.

Par contre, les hélicoptères n’ont pas brillé dans cette guerre. Les missiles sol-air très courte portée portables ont rendu le ciel dangereux. Seul le tir à longue distance est encore possible pour l’instant en attendant un nouvel espace de manœuvre. En attendant, le char apporte de nouveau la mobilité du moteur combattant mais le paie par des pertes élevées.


Le char, pourtant, se montre plus persistant que prévu sur le champ de bataille. A cela, il y a de multiples raisons. La première est sa polyvalence qui lui permet à la fois de faire de l’appui feu et de la lutte antichar. C’est le véhicule qui reste le plus protégé du champ de bataille malgré ses pertes. La présence d’un char peut arrêter toute offensive par sa seul présence. L’obus de char, à la différence de l’obus d’artillerie, ne s’entend pas et frappe par surprise. Il est aussi plus précis grâce au tir direct et à ses optiques. Enfin, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup de chars pour bloquer un front.


Les occidentaux ont redécouvert les risques liés à la guerre. Le besoins en équipement modernes se sont alors fait ressentir. La réponse à court terme a été la modernisation de véhicules anciens (pratiquement tous les véhicules disponibles ont été conçus à l’époque de la Guerre froide) .

Mais aujourd’hui, il est nécessaire de travailler sur les chars du futur. Les principales caractéristiques en sont le montage d’une tourelle télé-opérée, le montage natif de blindages actifs soft et hard ainsi que de nouveaux armements plus puissants. Bien d’autres solutions arrivent : le moteur hybride, l’intelligence artificiel, la télé-opération à distance etc...


Les industriels l’on bien compris, le besoin se précisant, il a fallu répondre plus rapidement que les lois de programmation ne le prévoyaient. Pour ne pas laisser d’espace à la concurrence, les fabriquant européens se sont lancé dans la course au budget pour produire les prototypes novateurs. Alors que l’on pouvait penser (à tort) que les tourelles télé-opérées ne perforeraient pas avant 10 ans, il semble que les programmes s’accélèrent.

KNDS est en tête de cette course avec de nouvelles solutions innovantes. La nouvelle tourelle du Léopard 2 ARC3.0 qui optimise la fonction protection en offrant une tourelle non-intrusive basse grâce au double tourillon. Le premier tourillon près de la culasse permet de monter le canon en positif et le second à l’avant (désaxé par rapport à l’axe du tube) permet le site négatif. La tourelle est dotée nativement de protections actives et de moyens vidéos d’observation ainsi que d’un canon de 30mm.

Le montage permet de mettre l’équipage sous la tourelle et donc d’améliorer sa protection.  L‘équipage peut, grâce à une trappe, accéder à l’armement. L’espace récupéré permet ainsi d’avancer l’emplacement du moteur. Avec l’armement non-intrusif, on peut aussi augmenter la largeur de la protection du châssis sans avoir à augmenter la largeur du char. Ainsi, le char est mieux protégé tout en étant plus léger et plus puissamment armé.

Le canon ASCALON en 120 ou 140 mm modulable pourrait permettre de faire évoluer l’armement au besoin. Les progrès techniques permettent aujourd’hui d’augmenter la cadence de tir du char. Couplé à de l’intelligence artificielle, un système d’information performant et des optiques modernes permettraient à court terme de disposer de chars ultra performants.

Le chargement automatique fait perdre 1m, ce qui fait environ 5 t sur la masse de l’engin. La tourelle téléopérée en elle-même fait aussi perdre 5 à 10t. La libération de l’espace sous la tourelle (pour ce qui est des tourelles non-intrusives) permet de réduire encore de 1m la longueur du char, ce qui permet de récupérer 5t. En conséquence, un char qui fait actuellement 60t pourra structurellement récupérer 15t, ce qui lui permettra de passer à 45t.


La révolution de la tourelle télé-opérée va permettre aux armées d’augmenter leur de puissance de feu, leur mobilité opérative et tactique et leur protection, sans voir une augmentation des besoins logistiques. La grande cadence de tir des nouvelles armes (3 tirs en 10s) , les nouvelles protections actives soft et hard permettront au char de rester l’arme principale du champ de bataille.

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