Le Combat d’un SGTIA pour percer

 


Comment percer les lignes de défense du type de celles que l’on retrouve en Ukraine ?


La meilleure façon de percer une ligne de défense est d’abord d’éviter qu’il y en ait une. En effet, il est important de trouver de l’espace de manœuvre sur des terrains sans défense ou qui ne disposent que de faibles défenses. La situation sur le champ de bataille ne permet pas toujours cette configuration, mais il y a toujours un endroit qui est moins bien défendu et qui permettrait d’exploiter une percée.

Pour obtenir un résultat tactique, il faut, dans un premier temps, du renseignement pour définir l’endroit le plus propice à une attaque. Il est indispensable de prendre en compte la géographie des lieux, les conditions climatiques, la planimétrie (c’est-à-dire l’environnement physique du terrain tel que les routes, les ponts, les villes et villages etc). Cela doit permettre de définir les possibilités d’approche, de camouflage, d’infiltration et d’exploitation. Cela permet aussi d’analyser les itinéraires de renforts possibles de l’ENI. Il faut tenir compte des réseaux énergétiques qui pourraient permettre d’accélérer la manœuvre.

De plus, il est nécessaire de bien étudier, non seulement les forces en présence sur zone, mais aussi celles qui sont en mesure de fournir des renforts, et de faire basculer la situation. Plus la préparation de l’attaque sera sérieuse, plus les chances de réussir seront fortes.

Il faut travailler sur les points forts et points faibles de l’ENI. Prendre l’ennemi de vitesse pour l’empêcher de réagir efficacement est essentiel. Je reprends ici mes trois principes tactiques : la vitesse, la surprise et la brutalité.

Le renseignement donne l’endroit où l’action sera le plus efficace. Cela peut assurer la surprise mais la réaction rapide de l’ennemi peut empêcher de profiter de cet avantage et nous fixer bien avant d’avoir un réel avantage tactique.

Pour éviter cela, il ne faut donc non seulement surprendre l’adversaire lors de l’attaque mais aussi par la façon d’attaquer. Il faut concentrer la quantité de forces nécessaires et imposer un rythme dans l’attaque à travers la relève rapide de forces fraîches.

La difficulté est de ne pas être neutralisé par les drones de combat, en particulier les FPV, qui peuvent changer radicalement la donne et faire échouer n’importe quelle offensive.

Il faut neutraliser aussi le renseignement ennemi pour qu’il ne soit pas en mesure de percevoir notre manœuvre. Les multiples moyens de renseignements à la disposition des forces aujourd’hui rendent difficile toute manœuvre d’approche sans être repéré par les moyens de renseignement.

Il faut donc dans un premier temps neutraliser les moyens de renseignements ennemis ou du moins réduire son efficacité. La première partie de la manœuvre consistera à découvrir ces moyens pour les cibler et les détruire.

Une fois sa vision de la situation troublée, il faudra profiter du flou pour tester les itinéraires d’infiltration et tester les défenses de l’adversaire. L’attaque doit être alors rapide et brutale pour ne pas laisser le temps à l’ennemi de réagir.

Des appuis feu doivent couvrir l’action principale et bloquer la réaction ennemie. Des feux dans la profondeur neutralisent les batteries d’artillerie ennemies.

L’observation des déplacements ennemi peut nous permettre de découvrir des itinéraires non bloqué par des champs de mine.

Ces itinéraires peuvent être employés comme axes d’infiltration pour accélérer la vitesse d’infiltration. L’idéal est alors de combiner un feu aérien et terrestre pour ouvrir un itinéraire dans la profondeur. Il faut en même temps déplacer un écran de protection sol-air principalement anti drones.

L’action, combinée de force et de moyens attaquant à la fois le premier échelon mais aussi le deuxième créant un environnement de combat en profondeur, gêne la réaction de l’ennemi et optimise l’attaque.


Techniquement maintenant, il faut un certain nombre de véhicules nouveaux pour gagner ce combat.

Le premier et le plus essentiel est un véhicule d’appui feu sol-air. Pour cette mission, le Jaguar, équipé de Mistral 3, à la place des MMP, d’un radar de surveillance et d’un système de communication permettant de travailler en coordination avec d’autres porteurs, pourrait être une solution intéressante. Il cumule le canon de 40mm avec le missile alliés à une bonne mobilité et une capacité à intégrer des protections supplémentaires.

Le second véhicule à adapter est celui l’emploi d’un robot de reconnaissance motorisé. Ayant la vitesse d’un véhicule terrestre grâce à un moteur thermique, il doit modeler les défenses adverses sans exposer des personnels. Il faudra qu’il soit simple mécaniquement, facile à réparer et à construire. Il faudra aussi que son coût soit abordable car il sera consommable.

Le VBAE, véhicule blindé d’aide à l’engagement, devra intégrer les personnels qui serviront les robots et donc devra disposer de place tout étant discret. Il faudrait un véhicule de type Fennek allemand. Léger, discret et bien protégé, le véhicule a de la place pour 4 hommes, voire 5 à 6 si besoin.

Il faudra imaginer aussi un drone ou hélicoptère léger en mesure d’apporter un appui feu léger avec canon à tir rapide, roquette et missile si nécessaire. La mission est d’appuyer directement les unités au sol dans la phase offensive. Il pourra aussi aider à la neutralisation des drones lourds.

On peut aussi imaginer l’action de drones de guerre électronique ou de surveillance radar câblés du sol pour une augmenter la portée de surveillance.

Naturellement, il y aura aussi des drones kamikazes de courte et moyenne portée pour la neutralisation des moyens ennemis. Il y aura aussi des moyens de guerre électronique, cyber qui cumuleront leurs actions avec les feux en profondeurs.

Il faut, à mon sens, augmenter le nombre de véhicules d’appui mortier comme le MEPAC (Mortier embarqué pour l’appui au contact) pour densifier les feux dans la zone de contact.

Il faut aussi travailler sur le camouflage des troupes pendant l’assaut avec l’action de fumigènes projetés par l’artillerie ou les drones.

Naturellement, il y aura des chars, des VBCI, le nouvel Auroch, véhicule d’appui de combat du génie, le Jaguar, le Griffon , le Serval dans toute ses séries.

Coordonné avec tous les systèmes du SGTIA et du GTIA, le système de communication et de commandement doit assurer la réussite du combat collaboratif de demain.


En conclusion


La percé est possible pour une force même si celle-ci n’est pas lourdement blindé grâce a une forte coordination interarmes et multi domaine. L’adaptation de nos moyens et la densification de la puissance de feu en particulier dans le domaine sol-air et la frappe en profondeur doit nous permettre de franchir les lignes de défenses et redonner la mobilité à nos forces.

Commentaires

  1. Commentaire très intéressant, merci
    J'ai cependant une question , vous n'évoquez pas beaucoup le role de l'aviation. Qui est la base pour toutes les forces occidentales, dont la règle est d'acquérir en premier la supériorité aérienne totale, puis d'utiliser l'aviation pour ouvrir une brèche permettant aux troupes au sol d'avancer et empêcher tout regroupement de forces adverses.
    J'étais un peu jeune en 91 et n'ai pas trop de souvenirs, mais de ce que je sais, la guerre du golfe s'est passée de cette façon, les troupes au sol ont pu avancer tranquillement tout ayant été détruit devant elle. Idem pour la guerre d'irak en 2004, il n'a fallu que 40 jours aux US pour détruire l’armée irakienne, prendre bagdad et renverser saddam, tout cela avec un nombre de pertes très limitées (moins de 200 je crois).
    Alors peut être le désert est il plus propice à ce genre de manoeuvres, mais la stratégie des pays de l'otan basée sur l'aviation est censée s'appliquer de la même façon partout non ?
    Si vous avez un avis, je serait ravi de l'entendre
    Cordialement

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    1. bonjour, oui je vous l'accorde, je ne parle pas assez du rôle de l'aviation qui peut largement aider à faire basculer la situation. Mais rien a voir avec la situation de 1991. le rapport de force aérien était a sens unique sur tout les points. Les irakiens n'avaient aucune chance et le désert est un rêve pour le ciblage. Le Kosovo 1999 est plus intéressant, les serbes et je peux en témoigner, ont été bien plus efficace que les irakiens et la supériorité aérienne n'a pas neutralisé les forces terrestres Serbe.
      2004 est tout sauf un exemple réaliste. Les Irakiens n'avaient aucune force aérienne a opposer . Ils avaient subi plus de 10 ans d'embargo, ils n'avaient aucune chance. Mais c'est Saddam et Chirac qui avaient raison. Conquérir un territoire c'est possible mais occuper un peuple c'est autre chose. Résultat, les américains sont partie et les Chiites dirigent le pays. Pas terrible.
      Et le cas russes c'est pas pareil, si l'on attaque le territoire Russe avec nos avions, ils répondront par des frappes nucléaires. Il n'y a aucun doute sur cela. Donc tout le monde perdant. Et tous le monde le sait. Pourquoi on n'y va pas, il y a un risque. Imaginons maintenant qu'ils acceptent le bras de fer.
      Ils vont attaquer les satellites, nos cables sous-marins, nos infrastructures cybernétiques. Nous revenons 100 ans en arrières. Mais vous allez me dire que nous pouvons les empêché de faire cela. Bin le problème, la lutte anti satellite est maitrisé par les russes, ont ne peut se garantir d'intercepté tous ce qui décollera de Russie. donc c'est risqué. Quand au câbles, je pense qu'ils sont déjà minés...ou du moins identifié. Sans satellites et sans câbles, c'est toute notre économie qui s'effondre.
      et même sans ça, le réseaux de défense, loin d'être parfait je vous l'accorde, c'est pas l'Irak de 1991. Je pense que l'on perdrait beaucoup plus d'avions. On pourrait gagné la domination si il n'y avait pas le nucléaire et le reste je suis prêt à l'admettre. Mais il faut vaincre un peuple, pas des machines et ça , c'est ce que l'occident oublie à chaque fois.

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    2. Bonjour Monsieur, et merci pour votre réponse
      Je me doute que le désert est assez simple pour cibler :) Mais c'était le seul exemple pertinent qui me venait à l'esprit, éventuellement l'afghanistan mais les troupes au sol étaient plus locales qu'US. Il n’empêche, pour renverser le régime taliban, il n'a pas fallu très longtemps (2 mois), l'aviation ayant fait tout le travail en amont.
      Je ne pense pas que la serbie soit comparable, nulle part il n'a été question de détruire l'armée serbe et conquérir le pays, il fallait juste mettre suffisamment de pression pour que milosevic signe les accords de paix négociés. Il n'y a eu "que" 500 soldats serbes tués, ce qui est très peu pour 9.000 sorties aériennes offensives.
      Concernant la russie, il n'est nulle part question d'attaquer la russie ! Encore moins de soumettre son peuple ou de l'envahir. Il n'y a que qqes frappes sur des armes tirant sur le territoire ukrainien (on va dire que c'est de la défense plus que de l'attaque) avec nos équipements. Les ukrainiens frappent bien plus infrastructures avec leurs propres drones (usines, bases aériennes, ...) et nulle trace de riposte nucléaire (putler sait très bien que s'il utilise l'arme nuke, son pays sera frappé durement en retour, et il se mettra au ban de l'humanité encore plus que maintenant).
      Et s'il se permet d'attaquer durement nos infrastructures vitales (satellites, cyber, cables, ...) ce sera considéré comme un acte d'agression contre l'occident (et nos interêts stratégiques) et là aussi il y aura une riposte (du même ordre ou un engagement bien plus franc aux cotés de l'ukraine de nos armées) Et il serait perdant ... Il a bien plus intérêt à rester en dessous du seuil auquel duquel ses attaques nous mettrons vraiment en ordre de marche contre lui, ce qui serait le pire scénario pour lui et son opération spéciale de 10 jours totalement enlisée après 800 jours :)

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    3. bonjour. je reviens un peu sur vos propos, je suis d'accord avec votre première partie, je ne reviens pas dessus. La remarque sur la guerre du Kosovo est a mon sens plus discutable, il n'y eu que 500 morts parce que nous ne sommes pas arrivé à faire mieux. Et on a vraiment essayé de les détruire je peux vous le dire!
      Pour la Russie, je parle effectivement d'un engagement de l'OTAN. Des puissances nucléaires qui se font face est extrêmement dangereux. Les ukrainiens ennuie les russes mais leurs attaques ne changera pas la guerre. L'OTAN qui intervient c'est ce mettre en situation de cobelligérant et donc de subir une riposte.
      Il ne faut pas croire qu'une intervention n'ira que dans un sens. La guerre du Golfe a été une terrible tromperie des esprits car elle a fait croire que nous pouvions tout gagner par la force aérienne.
      J'ai rencontré des personnels Français spécialiste en défense sol air qui avaient manœuvré avec les forces de l'ex PAVA après la chute du mur. Ils ont témoigné que nous aurions été "surpris" de la compétence et de l'efficacité des armes qui étaient en face de nous.
      Pendant toute la guerre froide, il n'y a pas eu de confrontation direct entre puissance nucléaire car tous le monde savait les risques et les conséquences. Le problème d'aujourd'hui c'est que tout le monde a oublié les événements de cette époque.
      En 2000 je crois, McNamara le secrétaire à la défense de Kennedy est allez parler avec Castro sur la fameuse affaire des missiles de Cuba. Il a découvert à cette occasion que les Russes avaient 50 têtes nucléaires sur l'île. Il était persuadé qu'il n'y en avait jamais eu. Fidel lui avoua même qu'il voulait les tirer sur l'Amérique en premier et que c'est Kroutchev qui a temporisé.
      Depuis le début de nos échanges, j'essaie surtout de vous convaincre non pas de la victoire russe, mais surtout que l'intervention armée à des conséquences. C'est ouvrir une boite de Pandore. Et personnellement, je ne tiens pas à voir une ville française rayé de la carte pour prouver que nous nous battons du bon côté.

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