Faire et gagner une Guerre avec nos moyens.

 


Nous vivons aujourd’hui un virage stratégique mondial avec une bascule de la puissance de l’occident vers le sud global. En effet, la situation économique mondiale se rééquilibre, non pas de manière financière, mais par les richesses globalement produites. Si l’occident a encore de nombreux atouts dans le domaine technologique, ceux-ci se réduisent.

Nous avons profité de notre avance, d’une situation géostratégique stable sous couvert de la « pax america » pour jouir des dividendes de la paix. Pendant ce temps, nos compétiteurs se sont lancés dans une course aux armements qui est, pour l’instant, à leur avantage. Leurs budgets et leurs ressources sont plus importants depuis plusieurs années. Ils ont atteint une vitesse de croisière dans la recherche et le développement. Ils développent un outil industriel pour devenir de moins en moins dépendants des pays occidentaux. Leurs forces militaires commencent à être en mesure de nous concurrencer.

Stratégiquement, pour la France, se pose la question de l’axe stratégique principal. Au regard de l’histoire, la France a toujours été plus forte quand elle su se tourner vers la mer, c’est-à-dire vers d’autres continents et régions du monde. Quand elle ne se tourne que vers l’Europe, elle est en concurrence avec d’autres partenaires qui l’empêchent de jouer un plus grand rôle.

Mais comme la France n’est pas actuellement menacée sur ses frontières, il serait plus intéressant pour elle d’orienter son effort stratégique principal vers d’autres espaces au-delà des mers où elle pourrait jouer un rôle plus grand et où, surtout, elle disposerait d’un nouvel axe de coopération et d’échanges.

Pour que cette stratégie soit fructueuse, la France doit être capable de gagner un certain nombre de combats contre ses adversaires.

La première bataille est informationnelle. Nos concurrents ont mis en place une propagande efficace pour convaincre nos partenaires traditionnels de changer d’alliance. La France n’est actuellement pas armée pour ce combat et son discours reste inaudible. La principale raison de cet échec est la volonté d’inscrire des « valeurs » occidentales dans la collaboration avec des partenaires. Cela a eu pour conséquence un repli stratégique de la France en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique.

Sans un changement de discours politique, la France ne retrouvera jamais la place qu’elle avait dans le passé. Le réalisme doit reprendre la place prise par la morale. Sans un changement de paradigme politique, la France est sans doute, sur la scène internationale, condamnée à disparaître.

En outre, il faudrait se lancer dans la guerre informationnelle avec de nouveaux moyens et, surtout, un nouveau discours. Laissant de côté toute leçon de morale, la France devrait admettre les particularités locales, assumer de soutenir des dirigeants moins politiquement convenables, chercher à créer de nouvelles alliances et faire jouer des organisations non-gouvernementales, des groupes de mercenaires et autres contractors, comme elle a su le faire autrefois.

Il serait judicieux de mettre en place une vraie guerre de propagande, avec au moins un équivalent aux « Sputnik » , « Yandex » et autre « Russia Today ». France 24 a un discours trop lisse et politiquement correct, impropre à la guerre informationnelle. Il faut des activités plus agressives avec l’utilisation d’informations manipulables, si tel est notre intérêt.

Agir sur les masses et utiliser les armes de nos adversaires est indispensable. Il ne s’agit pas d’un combat à armes égales, mais bien d’une guerre où seule la victoire compte.

L’arme économique doit aussi être utilisée. Il faudrait travailler à de grands projets pour développer des pays alliés sans aucune arrière-pensée ni exigence morale ou de réformes sociétales progressistes qui irritent dans des pays aux valeurs traditionnelles fortes. Il faut utiliser les bons côtés des valeurs et traditions locales et proposer de nouvelles politiques économiques qui serviraient d’armes de propagande, de levier économique régional et international.

Il faudrait revoir la fabrication d’armements de petits calibres et de munitions. Au lieu de chercher à fabriquer des armes complexes et coûteuses, il serait stratégique de garder un segment industriel apte à produire des véhicules de combat à bas coût. D’autre part, le marché des drones va exploser avec, en particulier, la crainte de voir des milliers de drones FPV sur le marché noir à la fin de la guerre en Ukraine. C’est un risque qui doit être pris en compte dès maintenant.

L’exploitation des matières premières, de leur transformation, de l’emploi de la mains d’œuvre disponible sur place doit nous permettre de développés des régions principalement en Afrique. L’économie est une armes a exploités et nous ne devons pas louper le développement de cette région du monde. C’est de plus une arme d’influence efficace pour se racheter une image positive et cela aussi a nous enrichir.

La présence militaire est le symbole sur lequel s’appuie la propagande de nos concurrents. Vue comme un symbole colonialiste, elle est aujourd’hui mal perçue par les autorités locales comme par les populations.

Revoir la visibilité de nos forces dans ses pays et leur empreinte est nécessaire. Il faudrait savoir être plus discret, mais aussi être capable de soutenir, pour des opérations brèves, pour protéger des alliés et crédibiliser notre force et donc notre influence.

Pour cela, il faudrait miser sur un corps de bataille projetable, apte à agir rapidement, mais qui n’aurait pas vocation à rester dans la durée. Ainsi, une nouvelle doctrine militaire devrait être définie, qui soit en mesure de faire gagner à la France les conflits avenirs.


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