Où ranger les Obus ? Les choix russes et occidentaux.

 



Un des risques les plus importants que court un char, depuis son invention, est la mise à feu par sympathie des obus contenus à l’intérieur. Cela entraîne bien souvent l’explosion catastrophique du char et avec la mort de l’équipage.

La technologie s’améliorant, les constructeurs, suivant les retours d’expériences des combats, vont modifier l’organisation des véhicules de combats.


Les Russes vont particulièrement travailler à son amélioration pendant la Seconde guerre mondiale car leurs pertes sont effroyables (91000 chars!). Ils en déduisent l’importance de réduire la silhouette et d’axer la protection sur la partie avant.


Les Israéliens, après la terrible Guerre de 1973, vont, eux aussi, analyser avec sérieux les épaves sur le champ de bataille. Leurs travaux vont montrer les pourcentages d’exposition des tourelles du chars face au tir . Ce rapport aura des conséquences indirect sur l’organisation du char national.

En effet, les Israéliens refusent de mettre des obus dans la tourelle au dessus du sommet de caisse. Il n’y a aucun obus dans la nuque et que 6 dans un barillet dans le panier. Le restant se trouve dans la partie la moins exposée, c’est-à-dire à l’arrière de la caisse.


Les Russes, dans les années 60, travaillèrent sur la succession des T55 et T62. Ils voulurent introduire un calibre plus important, tout en ayant une tourelle la plus basse possible. Ils fractionnèrent les obus en deux fardeaux et mirent en place un chargement automatique à carrousel sous la tourelle.


En occident, la Guerre de 1973 amena d’autres réponses. La première réponse fut de garder les munitions en nuque de tourelle mais dans un compartiment isolé, ce qui devait éviter à l’équipage d’être neutralisé en cas d’explosion. Les ingénieurs travaillèrent à de meilleurs systèmes d’extinction d’incendie et concentrèrent leur protection sur l’axe avant avec de lourd blindage passif.


Le résultat fut donc d’avoir du côté russe des engins plus petits et offrant une cible plus réduite. Du côté occidental, furent fabriqués des engins plus grands et plus lourds qui comptaient sur d’autres capacités pour prendre l’avantage comme une conduite de tir performante.


Comme le montre l’image, le char russe est plus bas et plus court, ce qui complique sa prise à partie par un système d’arme.





Comme on le voit sur cette image, la partie frontale d’un char avec munitions en nuque peut être agressée frontalement si l’angle dépasse 30° d’ouverture.


Qui a pris la meilleur décision ?


Les chars russes T72 ont montré une bonne protection, mais la pénétration d’une flèche ou d’un dard de charge creuse entraînait presque automatiquement l’explosion catastrophique du char. Quarante ans plus tard, la guerre en Ukraine voit toujours les tourelles virevolter en l’air lorsque les chars sont pénétrés.

Mais les chars russes en Ukraine ont toujours montré une bonne résistance face au tir sur l’arc frontal. Il faut souvent plusieurs tirs pour pénétrer le blindage. L’adjonction d’un blindage réactif permet globalement de protéger efficacement les chars. Les équipages ont arrêté de mettre toutes les munitions dans le char et se limitent à celles dans le carrousel. Seul les attaques de toit ou certaines parties arrières et de flancs sont plus tragiques.

Du côté occidental, le peu d’engagement défavorable n’a pas permis de constater ce genre de problème. Les rares confrontations ont été contradictoires. Le M1, par exemple, a montré une bonne capacité de résistance, mais cela n’a pas empêché la neutralisation du véhicule. Le char Léopard 2 en Turquie ou en Ukraine n’a pas montré de réelle supériorité dans le domaine de la protection, les Russes ciblant en priorité la nuque de tourelle. D’ailleurs, il faudrait se poser la question de l’efficacité du char en cas d’attaque par le toit. Un Challenger 2 à été détruit par un tir fratricide à l’obus HESH (tête d’écrasement) qui a pénétré par le volet du chef montrant en réalité qu'aucun char ne résiste à se genre d'attaque. 


Ainsi, le débat n’est pas totalement tranché aujourd’hui. Les Russes poursuivent dans cette voie car il est important pour eux de pouvoir disposer d’un engin le plus léger  tout en ayant la meilleure protection possible et pour eux, la solution en carrousel est la plus sûr.  

Les chars occidentaux n’ont pas montré de domination particulière dans ce domaine à l’exception de la Guerre du Golfe de 1991, mais ce n’était pas vraiment un combat à armes égales. Les flèches tirées par les chars irakiens était celles d’entraînement en acier.

Quant aux évolutions possibles à venir, elle semblent toutes porter les munitions en nuque de tourelle. Ce système est effectivement plus facile d’emploi pour un obus en un seul bloc et qui permet d’avoir des longueurs de projectiles flèches plus longs.



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