Les Choix technologiques

 

Dans un monde en continuelle évolution, notre société révèle ses qualités et ses défauts. Dans le domaine des technologiques, l’occident semble compter presque exclusivement sur la technologie pour répondre aux problèmes tactiques et politiques. Ses solutions sont quelque fois très complexes et coûteuses. Or les choix faits en temps de paix ne se révèlent pas toujours les meilleurs en temps de guerre.


Ainsi en fut-il , par exemple, du moteur Merlin monté sur le célèbre avion chasse anglais, le Spitfire. Ce moteur construit en Angleterre et qui était déjà d’une grande fiabilité avait comme défaut de nécessiter des spécialistes pour les finitions de certaines pièces lors de sa production. En 1940, les Anglais envoient aux États-Unis les dessins du moteur. Les Américains, surpris de sa complexité, vont reprendre le moteur à leur compte et vont mécaniser l’ensemble de la fabrication du moteur. Cela donnera un moteur mieux construit et encore plus fiable que le moteur anglais. La révolution technologique n’est donc pas dans la qualité intrinsèque du moteur mais dans la capacité qu’il a d’être amélioré par une productique moderne.


De plus, la simplicité est un gage de fiabilité. Le problème d’une partie de ne nos armements est leur trop grande complexité par rapport à leur efficacité.


Les industriels de défense produisent des technologies de haute performance, mais en trop petites quantités pour faire jouer l’effet de la production en grande série. Il faut comprendre que l’industrie de défense a préservé en priorité, lors des restructurations, les bureaux d’études. En raison d’une demande étatique faible, les entreprises ont produit des équipements de haute technologie mais en petites quantités.


La guerre en Ukraine a, au contraire, montré l’importance de la production de masse car la guerre de haute intensité est consommatrice de matériels. Suite à ce constat, il est demandé d’augmenter la production sauf que les équipements complexes deviennent difficile à produire. C’est la réalité qui a touché les Russes au deuxième semestre de 2022 et qui va perdurer une partie de 2023. Il faudra toute la souplesse et la capacité d’adaptation des Russes pour être en mesure de relancer une production de masse. Par chance pour eux, toutes les lignes de production étaient en activités avant le conflit. Il ne leur restait plus qu’à augmenter les effectifs et les approvisionnements pour accroître leur production. Leur deuxième atout a été de n’avoir à produire que des machines plus rustiques.


Le malheur de l’occident a été, au contraire, d’avoir de l’armement complexe à produire dans des usines qui ne sont plus capable de les produire en grandes quantités. Manquant d’ouvriers spécialisés sur un marché du travail qui est en déjà en tension même sans guerre, les occidentaux se retrouvent à continuer à payer des équipements extrêmement coûteux en petit nombre. De toute façon, il semble déjà trop tard pour les Ukrainiens qui ne verront les fruits des efforts occidentaux que dans deux trois ans.


Le réveil des politiques et des militaires occidentaux entraînent une réflexion sur la technologie et son emploi sur le champ de bataille. La première conséquence est une remise en cause d’un certains nombres de programmes n’ayant pas de certitude d’avenir. Le retour à l’importance de la production de masse entraîne aussi une réflexion sur le matériel de combat et ses performances.


Comme je l’ai déjà expliqué, la production de haute technologie n’est pas gage de survie sur le champ de bataille et encore moins gage de victoire. Le contexte pousse de nouveau à réfléchir à une technologie de juste niveau que l’on peut produire en grande quantité et qui doit, grâce à d’autres multiplicateurs de force nous donner l’avantage.


Ainsi disposer d’un missile air-air très longue portée est plus important que de disposer d’un avion haute performance. Il en va de même des missiles antichars plus intelligents et avec une plus longue portée. Le lanceur ne nécessite pas, lui, de technologie particulière.


La révolution dans les affaires militaires n’avait comme fondement que le fait que l’adversaire n’était pas de force égale. La capacité anti-accès développée par nos compétiteurs rend presque caduque l’avantage que nous avions grâce à nos forces aériennes. Nos forces terrestres aux effectifs restreints sont professionnelles, mais ne sont pas en mesure de durée. La guerre en Ukraine nous apprend que les forces s’usent et que le remplacement des hommes et des équipements revêt de nouveau une importance stratégique. Il faut donc des hommes et des machines que l’on puissent produire rapidement pour les injecter dans la bataille.


Un équipement trop complexe à produire ou à servir est voué, avec le temps, à devenir un handicap. Disposer d’équipements plus simples est de plus en plus urgent, surtout en raison des risques imminents de confrontation avec un de nos compétiteurs. En effet, ceux-ci se rendent compte aussi que la supériorité de l’occident est chancelante et qu’un éventuel bras de fer peut aujourd’hui tourner à leur avantage. A nous de ne pas nous laisser déborder.

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