La Furtivité


On a pu de nombreuses fois constaté que dans les guerres récentes, il était impossible de déplacer des forces sans que les moyens de renseignement ennemis ne détectent la manœuvre. Les belligérants ont engagé d’importants efforts pour travailler sur le camouflage de leurs unités sur le champ de bataille comme dans les arrières.


Les armées occidentales et, en particulier, les armées françaises travaillent depuis de nombreuses années dans un environnement tactique très favorable. Le combat contre des forces irrégulières n’impose pas le même degré de camouflage car l’ennemi profite d’un renseignement humain bien plus difficile à déjouer.


Le retour de la haute intensité impose une vraie réforme de notre vision du camouflage. Les forces armées occidentales et leurs chefs semblent avoir du mal à retrouver les habitudes qu’ils maîtrisaient avant la chute du Mur de Berlin.


Les nouvelles technologies du renseignement doivent même les obliger à prendre un clic supérieur s’ils veulent avoir une chance de manœuvrer dans une guerre future. Sans ces efforts, les troupes subiront trop de pertes avant contact. N’ayant pas ni de masse au contact ni de réserve en mesure de combler les pertes, il y a un risque de ne pas être en mesure de peser dans les combats.


Il faut donc consentir un effort de formation et de réapprentissage de savoir faire. Puis il faudra prendre en compte, dans la conception des véhicules, une plus grande part dans la furtivité.


Le projet polonais PL-01 est un bon exemple d’intégration de technologies de furtivité dans un engin.


le PL 01 est un projet de char polonais de 2013. Les Polonais cherchaient à remplacer les T55 encore en service par un nouveau véhicule. Voulant développer leurs industries de défenses, ils ont commencé à réfléchir à de nouvelles solutions technologiques.




Déjà en 2008, la société OBRUM avait travaillé sur le remplacement du BMP avec une version d’appui appelée Anders. Le char en question se caractérisait par une tourelle en superstructure et le châssis d’un nouveau VCI.




En 2013, ayant acquis une certaine expérience, les Polonais proposaient un nouveau concept appelé PL-01. Le véhicule se caractérisait toujours par une tourelle inhabitée montée sur un châssis de CV90. La nouveauté remarquable est qu’ils ont focalisé leurs efforts dans le domaine de la furtivité thermique et radar.


En collaboration avec les Suédois dans ces deux domaines, le PL-01 est équipé du système ADAPTIV qui réduit sa signature thermique. La protection balistique est de niveau 5 du standard OTAN STANAG 4569. Elle était aussi basée sur une protection active.


Le véhicule devait rentrer en production en 2018 mais les événements en Ukraine ont changé la donne. Les Polonais ont fait le choix d’acheter du M1 Abrams.


Pourtant, le véhicule était très novateur par sa furtivité et a donné des idées à plusieurs industriels comme HENSOLDT pour le MGCS et Hyundai Rotem et son projet de char du futur.






L’exemple polonais pourrait être suivi par la France.


Si l’on cherchait à obtenir un véhicule qui doit servir de base à une famille de véhicules, il serait intéressant de faire bénéficier ce véhicule d’une petite révolution dans le domaine de la furtivité.


Le PL-01 pourrait servir de base de réflexion à cette série. On peut imaginer toute une série de véhicules en lien avec un véhicule lanceur de drones , un autre lanceur de missiles pour les tirs à distance, un VCI, un véhicule du génie d’assaut, de dépannage etc.


Furtifs et protégés par des moyens de défense actives performants , les véhicules de la série pourraient permettre d’acquérir la capacité de manœuvre nécessaire à l’approche et la surprise.

Une armée capable d’apporter la surprise par la discrétion et, ensuite, en mesure d’apporter de la vitesse grâce aux renforts non décelés permettrait de créer des opportunités tactiques nouvelles.

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