ACRA, anti-char rapide autoguidé : une idée d’avenir ?

 


En 1961, la France se lance dans la recherche d’une nouvelle génération de missile anti-char. Elle développe, au même moment que les États-Unis, un missile rapide tiré par tube de canon de char. Les Américains avaient développé le Shillelagh, missile guidé par canon à guidage laser. L’avantage du système était d’augmenter le pourcentage de coup au but du premier coup par rapport à un obus classique.


En parallèle, la France développe l’ACRA, équivalent du missile américain, mais plus rapide. Les tests sont concluants mais le projet va s’arrêter au début des année 70. Les missiles étaient coûteux et de nouveaux obus flèches ,bien moins chers et néanmoins précis, apportaient un meilleur rendement coût-efficacité.


Une autre demande était que le missile puisse être tiré par autre chose qu’un tube canon. La solution logique allait devenir le HOT. Ce missile pouvait être tiré d’un véhicule comme d’un hélicoptère. Moins cher que l’ACRA, le HOT a effacé de l’arsenal Français le missile tiré par canon.


Le paradoxe est que le système de tir de missile par canon est quand même entré en service dans le bloc soviétique. On peut alors se demander pourquoi les soviétiques ont continué de développer depuis les années 60 ce genre de missile.


Les soviétiques ont pratiquement introduit, avec le T62, la munition flèche moderne. Ils ont aussi développé de multiples missiles antichars lourd utilisable depuis les véhicules ou les hélicoptères. Alors pourquoi ont-ils quand même poursuivi le développement du missile tirer par canon.


Il y a trois raisons à cela. La première est le tir longue distance. Le tir d’un char à longue distance sur cible fixe est en théorie le tir le plus « simple ». En effet, l’objectif ne changeant pas d’attitude et avec un vol d’environ deux secondes, les chances de coup au but du premier coup sont élevé. Mais dés que l’objectif devient mobile, le tir devient plus hasardeux. Le moindre changement d’attitude et le tir est manqué.


Ce problème est résolu avec un tir de missile. En effet, le vol plus lent du missile permet aussi de diriger plus facilement celui-ci sur l’objectif même s’il change de posture, ce qui optimise le coup au but.


Un autre avantage est d’avoir une portée plus élevée qu’un obus avec une précision correct. En effet, ces armes peuvent traiter des cibles à 6 km, bien plus loin que la portée des canons. Pourtant, cet avantage n’a pas marqué les chars russes en Ukraine, le terrain et la tactique entraînant un tir de plus prêt.


Un dernier avantage est la discrétion du départ de coup. En effet, l’explosion à la bouche du départ du coup crée un soudain halo lumineux qui révèle la position du char tireur. Mais le départ d’un tir missile est beaucoup plus discret, ce qui peut permettre de tirer plusieurs fois avant d’être repéré.


Quel développement pour nous aujourd’hui.


Aujourd’hui, la guerre se fait en tir, soit courte distance, soit par des tirs longue distance avec l’artillerie ou les missiles. Le char, lui, tire soit à courte distance, soit en appui feu comme une pièce d’artillerie.


Les missiles eux sont bien plus perfectionnés. Ils ont des capteurs et frappent avec de nouveaux angles d’attaque. Il serait intéressant de lier les avantages du missile et du canon pour un véhicule dans un combat futur.


Plus léger qu’un canon tirant des munitions haute pression, le canon missile est plus léger et peut être embarqué sur un véhicule plus léger. L’autre avantage serait quand même de pouvoir tirer des obus mais à plus courte distance. Comme je l’explique, le combat se fait le plus souvent à courte distance, donc cela ne sera pas forcément gênant.


Un autre avantage est de pouvoir tirer au-delà de la vue avec beaucoup plus de facilité, car il n’y a pas besoin d’une conduite de tir, ni d’un obus guidé complexe et coûteux à concevoir et à fabriquer. Le missile le fait très bien avec autant, voire plus d‘efficacité.


Le retour d’un canon missile sur char pourrait intéresser un véhicule léger à l’image du M 551 Sheridan. Imaginons un véhicule plus léger qui soit projeté par avion et qui soit en mesure de ralentir ou d’arrêter un assaut d’une force blindée mécanisée. On peut penser, en particulier, à la défense des Pays Baltes qui, en cas d’attaque par un pays tiers, pourraient être coupés rapidement de leurs potentiels alliés par le Corridor de Suwałki, ou une intervention au Moyen-Orient ou en Méditerranée Orientale contre des revendications territoriales de compétiteurs.


Un véhicule de petite taille pourrait profiter du terrain et de la NEB pour effectuer des attaques multiples à distance. Il pourra aussi tirer sur plusieurs cibles plus rapidement grâce à son double viseur.


Ce véhicule léger pourrait ouvrir de nouvelles perspectives doctrinales dans la transformation des forces.


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