Tourelle habitée contre tourelle télé-opérée

 


Une nouvelle génération de chars intermédiaires va voir le jour. Le M1 E3 , le T14 , le Léopard XX, KF51 et l’E MBT, dans les années qui viennent, vont remplacer une partie des engins en service aujourd’hui. Les nouvelles générations intègrent de manière native des protections actives, des chargements automatiques, des armes télé-opérées en superstructure anti-drones et anti personnels. Ces chars ont aussi un système de communication performant. Ce qui fait la différence entre eux est avant tout le choix d’une tourelle habitée ou inhabitée.

Il faut ici exposer deux philosophies sur la fonction et l’organisation d’un char. La première consiste à privilégier la protection et la légèreté, la seconde privilégiant une meilleure capacité d’observation mais surtout, une capacité de résilience face aux problèmes techniques.


La tourelle habitée


La tourelle habitée a deux ou trois hommes offre la capacité, en effet, d’intervenir plus facilement sur l’arme principale ou secondaire à n’importe quel moment de l’activité du char. Cela permet de résoudre des problèmes très rapidement avec plus de souplesse.

De plus, les personnels peuvent avoir une vision directe sur l’extérieur en voie jour optique. Cela a comme avantage de disposer d’un système bien plus simple et fiable en vision jour. Cela permet aussi d’avoir des épiscopes pour observer au plus près un large champ. Les optiques directs sont résistants, ne se brouillent pas et restent économiquement intéressants.

Le principal défaut de la tourelle habitée est qu’elle requiert une protection pour les équipements et les personnels. Cela exige une lourde protection qui, de plus, ne garantit pas la protection la plus globale.


La tourelle télé-opérée


La tourelle inhabitée offre une protection optimisée pour les équipements, ce qui réduit la masse de la tourelle dans son ensemble. Mais cela impose un chargement automatique et des moyens de vision et d’observation numérisés. Même si ces moyens sont performants, ils restent sensibles aux chocs et aux brouillages. De plus, tous les systèmes doivent être extrêmement fiables car ils ne pourront pas être l’objet d’intervention lors des combats. Il y a peu, voire pas du tout, de moyens dégradés. La fiabilité est donc essentielle. L’équipage étant dans le châssis, et non dans la tourelle, il est de facto protégé. La tourelle est légère. La masse globale de l’engin s’en trouve réduite.


Alors quelle est la meilleure des deux solutions ?

Cela dépend surtout des moyens que l’on veut y mettre. En effet, pour l’instant, la fiabilisation d’une tourelle télé-opérée, si elle est financièrement possible, reste complexe à concevoir. Il s’agit de savoir où se situe le degré de technologie que l’on est prêt à investir dans le char.

Dans le domaine du combat, la question reste de savoir ce que peut apporter un engin coûteux dans un environnement très agressif comme le champ le bataille moderne.


La tourelle télé-opérée et habitée ne garantira ni la résilience, ni la survie de l’engin. Sachant que le risque d’être touché est très élevé, la protection de l’équipage prime sur la souplesse d’intervention sur le système et la vue directe. La durée de vie sur le champ de bataille au contact reste limitée (pendant la Guerre froide, on parlait d’une vingtaine de minutes).

Former un équipage avec de réelles compétences prend du temps et nécessite des instructions en simulation ou en véhicule. C’est un processus long et coûteux. Le véhicule peut, si la chaîne de production est ouverte, si la matière première et les personnels qualifiés sont disponibles en quantité, laisser espérer pouvoir remplacer ou réparer les engins rapidement. Ainsi, actuellement, les Russes produisent autant de chars qu’ils perdent sur le champ de bataille.

Par contre les équipages perdus, eux, sont plus difficiles à remplacer. L’avantage revient donc à celui des systèmes qui garantit la meilleure survie de son équipage.

Le char doit combattre de manière optimale le peu de temps qu’il combat sur le champ de bataille. Quand le char sera touché, l’équipage n’aura d’autre choix que de fuir, si le moteur fonctionne, le champ de bataille ou, au pire, de quitter l’engin. La puissance des charges et des moyens d’attaque laisse peu de chances de poursuivre le combat après un impact. Dans cet environnement, la résilience compte moins.


En conclusion, la tourelle télé-opérée est l’évolution du char qui reste la plus crédible dans les décennies qui viennent. Avant de passer au robot terrestre, il serait intéressant d’avoir déjà travaillé sur ce genre d’équipement pour accumuler de l’expérience en vu du prochain bon technologique.


Commentaires

  1. Bonjour,
    Comme vous l'avez dit, une tourelle inhabitée permet entre autre de réduire la masse de l'engin.
    Une masse réduite permet en outre d'envisager l'utilisation de chenilles composites, et donc de réduire encore la masse (d'environ 2t ?).
    Avez-vous un avis sur cette question ?
    Bonne journée.

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  2. bonjour
    merci de votre question. oui réduire la masse permet plein de choses dont une meilleur mobilité stratégique, un coût réduit, une capacité de mobilité tactique amélioré (pont, terrain meuble, volume) . La tourelle télé opérée permet d'avoir à la fois une légèreté et une protection. Dans un monde en continuelles évolutions , être capable de projeter ses forces sont essentielles tout particulièrement pour la France qui est très loin de la ligne de confrontation possible. La chenille souple est monté actuellement sur des engins de 25/ 35 tonnes et à l'avenir cela devrait passer à 50 tonnes. Mais pour le court terme cela n'est pas possible
    https://voxmilitaris.blogspot.com/2023/04/le-mgcs-est-mort-vive-le-scpf.html
    https://voxmilitaris.blogspot.com/2023/08/la-3e-ligne.html

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