Famille de véhicules

 



En 2023, la France s’est réveillée avec une guerre aux frontières lointaines de l’Europe, guerre qui remet en cause une grande partie de ses certitudes tactiques. En effet, nos stratèges avaient estimé que la menace de conflit inter-étatique (et gardent encore cette espoir) ne reviendrait pas avant au mieux 2040.


La guerre en Ukraine a, en effet, remis en cause beaucoup de certitudes. Dans le désordre, on peut citer la supériorité aérienne garante de tous, la supériorité de la technologie sur le nombre, la mort programmée de l’artillerie remplacée par l’aviation, la supériorité informationnelle, économique, démographique et diplomatique de l’occident. Comme souvent, la réalité est revenue se rappeler à nos dirigeants qui se retrouvent aujourd’hui presque sans plan avant 2030, mais surtout aucun changement technologique n’est prévu avant 2040. En clair, l’occident vient de perdre sa supériorité technologique.


La guerre est pleine de surprises et le devoir du chef militaire est de ne pas se laisser surprendre. La situation étant celle qu’elle est aujourd’hui, la vitesse est plus essentielle que la patience et l’espérance. Dans ce cadre intellectuel. La création d’une famille de véhicules serait la solution la moins pire, en attendant la révolution technologique promise par le « SCAF et MGCS ( si ses programmes arrivent un jour à leurs fin) ».


Déjà traitée dans un article précédent(1), la création d’une famille de véhicules dans un contexte de difficulté économique peut apporter une solution au moins à court terme. Il faut bien comprendre que l’armée française, à l’heure où l’on parle, n’est pas gabarisée pour la haute intensité. Loin de critiquer la qualité des matériels ou des hommes, la dureté des combats, l’ensemble des milieux à prendre en compte dans un conflit de haute intensité, fait que notre pays ne semble pas apte à ce type de combat.


Si l’on parle uniquement du combat, il est apparu que les engins doivent survivre dans un environnement extrêmement agressif où la moindre faiblesse est exploitée. Le VBCI par exemple, malgré ses nombreuses qualités, serait en difficulté en Ukraine en raison de sa haute taille, la difficulté de manœuvrer sur des terrains gras peu porteurs et contre une multitude d’armes extrêmement précises. L’artillerie ultra présente serait la première des menaces puisque le véhicule est sur pneumatiques. Sa haute taille en fait une cible facile pour les missiles et roquettes anti-chars. Sans parler des drones d’attaque comme les FPV. Le VBCI ne peut pas supporter beaucoup de de surprotection en raison de son train de roulement sans une refonte duquel il sera complexe de monter des éléments complémentaires sur le véhicule.


Ce qui est vrai pour le VBCI est vrai pour le Griffon, le Serval et le Jaguar. Seul le char Leclerc est apte à ce type de guerre. Cependant, il ne dispose pas d’une capacité de tir d’artillerie comme les chars russes et son comportement en zone hautement hostile n’a pas été éprouvé en situation réelle.


Le constat est donc sombre : à l’exception du Leclerc, il n’y a pas vraiment de véhicule de combat qui serait réellement apte à la guerre de haute intensité telle qu’elle se déroule en Ukraine.

Le retour de l’affrontement inter-étatique impose une aptitude à se battre peu importent les conditions météorologiques ou le lieu.


La création d’une famille de véhicules chenillés pourrait apporter une solution rapide et économique pour faire remonter à niveau nos forces. Le programme CV90 suédois pourrait servir de référence. Il serait possible de fabriquer un VCI de base avec une tourelle habitée, équipé d’un canon de 40mm puis une multitude de versions dont la version d’appui direct avec un canon de 120 mm, un mortier automoteur, un modèle anti-aérien et anti-drone, un véhicule PC, de dépannage, du génie de réparation et de récupération d’engin.

La famille apporte, de plus, un châssis chenillé qui peut être plus lourdement blindé, plus mobile en terrain gras et difficile et qui est moins sensible au feu d’artillerie.


La possibilité de retrouver de la mobilité et de la protection tactiques pourrait nous remettre dans les standards européens et de l’OTAN .


Les révolutions technologiques que l’on pourrait introduire dans ce programme sont la motorisation hybride, la suspension active, la généralisation des écrans, la numérisation du système, de nouvelles protections actives et réactives, le double viseur panoramique, l’introduction de l’intelligence artificielle et une protection anti- drone. Ainsi dotée, la famille augmenterait ses chances de survie et les capacités d’une armée de peser sur le champ de bataille moderne.



(1) https://voxmilitaris.blogspot.com/2023/03/une-famille-de-vehicules.html

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