Une balle dans le pied!

 




. Les Français en rêvaient, les Allemands l’ont fait ! L’Italie vient de signer un partenariat stratégique avec l’Allemagne pour le Léopard 2 A8 et le MGCS. La France, part le ministre de la défense se « félicite » de cet accord. Pourtant, cela va remettre complètement en cause l’équilibre fragile du programme en faveur de l’Allemagne. La France risque fort de perdre la mains dans se domaine.

Je ne reviendrai pas sur ma faible foi dans le programme MGCS comme d’ailleurs un certain nombre d’autres programmes qui sont conduits en coopération avec L’Allemagne. Loin de voir ma position s’infléchir, les dernières actualités, au contraire, confirme ma position.


Vers un désastre français.


Que va changer l’arrivée de Leonardo dans le programme MGCS ?

Leonardo est une grosse entreprise d’armement également spécialisée dans l’électronique et l’optique. Cette entreprise est aussi le producteur des véhicules militaires italiens dont le Dardo, l’Ariete, le Centauro etc.

Le point particulier sur l’industrie italienne est que ce sont les Allemands qui ont participé après guerre à sa monté en puissance. En effet, les Allemands avaient délocalisé en Italie une chaîne de fabrication pour les Leopard 1 italiens. Ce lien s’est maintenu avec son successeur, l’Ariete qui est certes de construction italienne, mais reprend beaucoup du char allemand (dans la forme, l’armement, l’organisation intérieur, les suspensions etc). Les Italiens avaient voulu un char national, en partie en raison du refus allemand d’autoriser les exportations de char Léopard italien et de ses variants italiens (ça rappelle quelque chose…)

Aujourd’hui, le choix stratégique des Italiens d’acheter du Léopard 2 A8 vient en partie du coût de la modernisation de l’Ariete et du faible besoin (200 chars). Il est en effet beaucoup plus simple d’acheter sur étagère ce type de matériel et de se spécialiser sur d’autre segment.

Avec l’Italie, les Allemands trouvent un partenaire historique beaucoup plus malléable que les Français et qui, de surcroît, provoque un basculement, non pas vers les choix français mais au contraire, vers les choix allemands.

De plus, les Italiens veulent faire entrer dans le consortium européenne un remplaçant du Dardo, nommé AICS [Armored Infantry Combat System]. Les problèmes des Puma en Allemagne pourraient laisser une marge de manœuvre aux Italiens. Les choix techniques et tactiques français dans ce domaine nous laissent pour l’instant à l’écart dans ce programme.

Alors, que va t-il rester aux Français ? Plus le temps passe, moins il existe d’espace pour notre industrie terrestre. N’oublions pas l’importance de notre indépendance en raison justement de la doctrine de la dissuasion. Ne serait-il pas dangereux de nous voir dépendants de la bonne volonté d’états tiers dont on n’est pas sûr qu’ils soient fiable à long terme. Quel serait notre capacité de nous retourner en cas de rupture du consortium.

Les « européistes heureux » nous expliquaient déjà que la mondialisation et l’économie nous mettait hors de porté d’un risque de pénurie ou de conflit. Le drame c’est que toutes les crises récentes nous ont montré qu’ils avaient tord ( problème lié au COVID pour la fourniture d’équipement, guerre en Ukraine, risque de repli stratégique américains).


Le pire est peut-être encore à venir. Le monopole industriel d’une entreprise sur l’ensemble du marché de l’armement terrestre européen pourrait nous mettre en danger. En effet, si cela est rêve d’économiste libéral, cela peut être un cauchemar pour les armées.

En effet, lorsque les armées devront renouveler leurs véhicules, ils ne pourront les commander qu’à un seul fournisseur. Celui-ci proposera un engin qui, même peu performant, devra être acheté puisqu’il n’y aura aucune possibilité de faire appel à des entreprises concurrentes. Nous vivons actuellement déjà ce problème avec les retards sur le Jaguar en France, le F35, ou d’autres programmes

Le pire serait un besoin soudain en cas de conflit. A l’image de la guerre en Ukraine ou du COVID, le risque est grand d’avoir des ruptures approvisionnement ou de se voir passer en second dans les commandes avec les conséquences que l’on connaît.


Et je ne parle pas non plus du cheval de Troie américain dans tous ces programmes. Investissant dans certains programmes informatiques ou de protection active, par le biais de leurs partenariats économiques, les Américains pourraient s’accrocher et bloquer à leur tour la vente des futurs engins en raison des règlement ITAR.

Si cela se produit, c’est notre indépendance et notre souveraineté que nous perdons et, en ultime question, on peut aussi se demander si ce n’est pas, en fin de compte, ce que veulent nos dirigeants.

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