UN FUTUR AMX13

 

NB cette article a été écrit avant les déclarations du CEMAT


J’écoutais récemment notre ministre de la défense auquel on posait la question de l’effort militaire consenti par la France. Il répondit qu’outre le fait que l’effort consenti est important sans pénaliser toute l’économie, la position française en troisième ligne fait que nous courrions moins le risque d’une confrontation directe que d’autre pays dans le monde. De plus, ajouta-t-il, nos principales missions restent, pour un temps encore, la lutte contre le djihadisme, la défense de notre espace maritime et terrestre en Métropole et en outre-mer contre tout type de menaces. Pour cela, le niveau en hommes et en moyens est considéré « suffisant ».

Si je suis d’accord avec l’analyse initiale, j’émets un doute sur les moyens employés qui restent, à mon avis,  en dessous du minima. Je ne vais pas revenir sur le manque de moyens de surveillance et de contrôle de notre espace maritime, ni sur les moyens plutôt insuffisants pour répondre à une menace de haute intensité hors de nos frontières.

Dans la lignée « je n’ai pas d’argent mais j’ai des idées », je propose un char léger pour la projection aéroterrestre ; pour faire encore plus simple, un AMX 13 du XXIe siècle.

Le contexte ne change pas, on est toujours très loin des zones éventuelles d’engagements et on ne sait pas qui est l’ennemi potentiel. L’armée doit pouvoir se projeter au bon gré du politique sur des terrains très divers contre des adversaires tout aussi variés. La projection impose, si l’on veut allez vite, que l’équipement soit transportable en avion.

Nous avons aujourd’hui trois  types d’avion de transport. Le CN25 CASA, avion de transport léger juste apte à transporter un Fardier. Le C130 est un avion de transport tactique qui peut transporter autour de 19 tonnes. L’A400M qui est un avion pré-stratégique peut transporter aux environs de 38 tonnes (selon la distance). Je ne mentionnerai pas les avions que l’on peut modifier pour entreposer du matériel, comme les Airbus A330. 

La masse maximum d’un char transportable par avion tactique est 18 tonnes, ce qui permet de mettre 1 char dans le C130 et deux dans l’A400M. Cette constatation n’est pas nouvelle. D’ailleurs, il a été pris en compte pour le FCS américain dans les années 2000 et même avant, dans un certain nombre de choix de véhicule.

Bien avant le FCS, le Lancer Américano britannique devait être le programme de remplacement des véhicules CVR(T) de type Scorpion et Scimitar. Le véhicule avait comme impératifs la furtivité, la légèreté, et un gabarit qui devait lui permettre d’embarquer dans un C130.



Avec 2,7 m de large pour 6 m de long, le véhicule pouvait entrer dans l’avion de transport sans problème. De , le même, le gabarit lui permettait de circuler sur les voies routières de beaucoup de pays dans le monde. Doté de chenilles souples et d’une motorisation hybride, le véhicule avait 650 km d’autonomie.

Pourquoi ce type d’engin aujourd’hui ?

D’abord, il y a la géographie. Nos forces doivent pouvoir être déployées hors de nos frontières immédiates pour être engagées en opération à l’exemple de la mission Aigle, Serval, Barkhane etc.

 La seconde raison est la rapidité de l’intervention qui favorise la réussite de la mission (Serval 2013). Une mise en place longue laisse le temps au potentiel adversaire de s’adapter à nos forces qui sont souvent inférieures en nombre (e.g. la projection américaine en Irak en 1991, en Macédoine en 1999).

De plus, le canon est polyvalente, apte à affronter un char récent de flanc ou d’ancienne génération, un navire de combat,  un pick-up ou de l’infanterie à courte ou à  longue distance.  En plus, le char équipé d’un canon peut faire du tir indirect, comme pendant l’opération Artémis ou les ERC90 avaient utilisé ce type de feu. L’obus étant moins cher qu’un missile, le rendement coup-efficacité reste en sa faveur. 

Le porteur doit bénéficier d’une mobilité tactique que la chenille apporte. Ainsi, les terrains boueux comme sableux ne seront pas des obstacles. Pour pouvoir éviter l’action de l’ennemi (IED, embuscade), l’arme doit avoir la capacité de quitter les pistes et cela doit redevenir une nécessité.

La mise en œuvre par une petite force projetée dans une zone hostile difficile d’accès d’un véhicule de ce type permet de disposer d’un multiplicateur de force local. Faisant fonction de véhicule de reconnaissance, d’appui feu, de décision, d’observation, le char léger est une arme qui simplifie la logistique et le soutien par la polyvalence de ses capacités (pas de nécessité de véhicules différents pour chaque mission).

Enfin, il faut tenir compte de la zone de projection possible, souvent loin de la Métropole, parfois même à l’autre bout du monde, comme dans le Pacifique. Ce véhicule est, ainsi, une arme de souveraineté. Il est l’image de la crédibilité et de la volonté politique. Moins impressionnant qu’un char lourd, il reste l’image de la volonté de la France.

A quoi ressemble-t-il ?

Comme sur la photo, il a trois membres d’équipage à l’avant dans le châssis. Un pilote avant au centre, le tireur et le chef d’engin à l’arrière, juste derrière la tourelle télé-opérée.

 Pour une fois, je ne fais pas le choix de la nuque de tourelle pour les munitions mais du panier. La Muratisation des munitions et des protections passives de stockage doit permettre de limiter les risques d’explosion catastrophique.

L’armement doit être un canon rayé de 105mm, si possible à chambre rotative (solution CTA) verticale pour une grande cadence de coup. Un tel armement compenserait l’infériorité numérique.

Il doit être équipé d’un train de roulement à chenille souple. Le choix d’une motorisation hybride doit permettre, à l’arrêt, de fonctionner en électrique. Cela permet aussi des aménagements innovants avec, par exemple, deux moteurs thermiques au-dessus du train de roulement chenille laissant l’accès au compartiment munition par l’arrière.

Si la mission principale des armées n’est pas d’aller repousser d’éventuels compétiteurs (prévoir au cas ou), ce véhicule peut être un instrument intéressant pour une multitude de missions intermédiaires dans le monde. Dans un environnement plus complexe de haute intensité, s’ajouterait l’obligation de l’intégrer à la NEB, de le renforcer avec des protections actives, des brouilleurs et autres capteurs. Sa polyvalence et sa capacité de projection en fait un engin qui aujourd’hui fait sens.

Commentaires

  1. Bonjour, questions d'un ignorant :
    Pourquoi un canon rayé ? Parce qu'il serait plus court qu'un lisse ?
    N'est-il pas plus difficile à entretenir ?
    Cordialement,

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    1. C'est en raison du type de munition. Les tubes lisses sont techniquement plus adaptés à la munition flèche en raison de la plus grande pression possible dans le tube; les sabots faisant fonction de joint augmentant ainsi la vitesse à la sortie de tube. Les canons rayés sont plus adaptés aux munitions plaines comme les obus explosives (HESH anglais par exemple) ce qui explique le choix anglais d'un canon rayé en 120mm pour le Challenger ou le Chieftain qui tirait cette munition plus lente. Dans mon cas, le canon rayé est le mieux adapté à la mission qui consiste en priorité a neutraliser de l'infanterie légère, des véhicules légèrement blindés, les navires ou des blockhaus à l'obus explosif ou charge creuse (on peut toujours tirer les flèches).

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