L’IA pour les équipages de blindés (03/01/2023)



Pour faire évoluer un char, on insiste surtout sur les trois fondements même du blindé, c’est-à-dire la mobilité, la protection et la puissance de feu. Chaque nouvelle génération doit être plus performante dans ces trois domaines et pourtant, d’autre facteur comme la communication et l’interface homme- machine sont au moins aussi importants.

L’EMBT ou le KF51 ont tous deux une caractéristique : ils ont un quatrième membre d’équipage qui aura la fonction de se servir d’une arme supplémentaire et du réseau NEB. Il faut comprendre que pour le chef de char, on arrive à une surcharge cognitive par une accumulation de tâches. Le chef de char doit :

·         Commander le feu

·         Diriger le char

·         Observer

·         Désigner les objectifs

·         Rendre compte à la radio

·         Rendre compte sur le NEB

·         Régler les pannes

·         Renseigner

·         Diriger l’observation

·         Suivre l’activité du peloton/ les formations/ l’observation peloton/ le tir peloton/ Les comptes rendus

·         Suivre l’activité de l’escadron/ la situation des pelotons/ le ravitaillement

·         Suivre l’activité ENI

·         Se servir des armes de bord ou les mettre en œuvre

En plus, pour le chef de peloton, il faut

·         Commander l’observation peloton

·         Commander le tir peloton

·         Rendre compte au niveau supérieur

·         Commander en inter-armes

·         Recevoir et prendre à son compte des ordres en cour d’action

Tout cela doit se faire à l’intérieur d’un char en roulant. Il est facile de comprendre qu’il est difficile de pouvoir réaliser toutes ces tâches en même temps, surtout quand l’ennemi est proche.

Démocratiser les écrans

L’armée israélienne a, très tôt, pris ce problème au sérieux. Elle l’a fait par l’organisation de l’escadron et du peloton d’abord. Le peloton est à trois chars, ce qui facilite de commandement du chef de peloton : il ne manœuvre pas et reste donc sur le même compartiment. Loin de devoir établir des missions pour chaque type de véhicule (le peloton français a quatre chars, quatre VBL), le chef de peloton a seulement à définir la formation, la vitesse et l’ambiance. Cela simplifie la compréhension de la mission et son exécution par le peloton, tout en accélérant l’ensemble de la manœuvre générale de l’escadron. L’escadron est à 11 chars, à trois pelotons avec un char capitaine et un pour son adjoint. Il y a deux chefs pour trois pelotons, ce qui fait que si le chef est détruit, l’adjoint peut prendre rapidement sa place. L’adjoint peut aussi remplacer un chef de peloton détruit. L’escadron exécute des manœuvres mais de manière concentrée sur un, voire deux compartiments tout au plus. Toute l’organisation est conçue pour qu’il n’y ait pas de surcharge dans le commandement au moment du combat.

Dans le char Merkava, il se passe la même chose. Le char a démocratisé les écrans au sein de l’équipage. Le chef d’engin a bien sur un écran pour la navigation et la NEB, mais il n’est pas le seul à les mettre en œuvre. Le pilote a un écran, lui aussi, et voit la navigation et les ordres qui sont donnés. Il peut prendre en compte les ordres, se faire son cheminement et suivre sa progression sur l’écran. Le chargeur, avec son écran, seconde le chef et participe à la surveillance courte distance du véhicule (grâce aux caméras sur le Merkava IV). Il gère la NEB et renvoie les comptes-rendus. Le chef de char lui se consacre juste au combat et à la compréhension de la situation simplifié par l’organisation tactique.

On comprend que l’organisation française d’un gros peloton qui manœuvre est possible contre un adversaire de niveau inférieur mais contre un ennemi symétrique. La surcharge va submerger le chef de tout niveau rendant l’appréciation de la situation compliquée à traiter. Cela va entraîner plus de demandes de confirmation de situation, ce qui va monopoliser les réseaux de communication sans rendre la situation plus claire. Cela va même devenir très complexe en cas de perte de chef de tout niveau. Seul capable de commander, le chef tactique qui est détruit aura du mal à se faire remplacer par son adjoint. Pire, le peloton sera complètement désorganisé.

Le choix donc d’un quatrième homme pour aider le chef dans le char est alors une bonne solution. Il allège le travail sur la  NEB, peut participer à l’élaboration des ordres etc…

Une autre solution, l’intelligence artificielle

Il est possible de voir une grande partie des tâches de l’équipage et du commandement remplacée par l’intelligence artificielle.

Pour le chef de char, les tâches suivantes peuvent être allégées :

·         Observer (capteur du véhicule plus fusion information NEB dans la lunette d’observation)

·         Désigner un objectif/renseigner (utilisation de la Cartographie pour estimer distance/cap/ altitude ; remplissage automatique message de tir ; auto identification VHL ami/ennemi ; remplissage vocal du message)

·         Rendre compte automatiquement de position, d’observations, de tirs, de la logistique sur NEB

·         Commander le feu (vision des données sur optique d’observation/ épiscope avec position du point observé par le VHL/le peloton)

·         Diriger le char (conduite automatique, navigation en vision dans épiscope) 

·         Régler les pannes ( manuel d’emploi numérisé, aide à la décision)

·         Diriger l’observation (par la vision pour opérateur sur épiscope, lunette de tir)

·         Suivre l’activité du peloton/ les formations/ l’observation peloton/ le tir peloton/ Les comptes-rendu (fusion de donné avec vision sur épiscope et dans lunette pour tout l’équipage)

·         Suivre l’activité de l’escadron/ la situation des pelotons/ le ravitaillement (par la fusion et la vision)

·         Suivre l’activité ENI (par la fusion et la vision)

·         Se servir des armes de bord ou les mettre en œuvre

En plus, pour le chef de peloton, il faut

·         Commander l’observation peloton (tout le peloton voit le secteur observé par chacun par vision)

·         Commander le tir peloton (compte-rendu par désignation directe grâce à la lunette du chef)

·         Rendre compte au niveau supérieur (par message automatique)

·         Commander en inter-armes (aide au commandement numérique, message pré-formaté)

·         Recevoir et prendre à son compte des ordres en cour d’action (pré-remplissage des messages reçus)

L’intelligence Artificielle apporte donc une aide plus que substantielle à l’équipage et permet à celui-ci  de se concentrer sur sa tâche prioritaire, le combat. Il accélère l’information montante ou descendante et permet d’accélérer la manœuvre. L’intelligence artificielle rend également possible  des organisations et des missions plus complexes. La question est de savoir si l’automatisation des tâches ne risque pas de créer des phénomènes de répétitions tactiques pré- programmés. Il faut aussi prendre en compte que  l’absence de l’IA  en raison de problèmes techniques ou tactiques n’entraîne

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