Le TAVD, Tir au-delà de la vue direct: pourquoi je suis contre

 



Sur ce blog, j’exprime l’opinion que le char de combat du futur ne doit pas se tourner vers le TAVD mais, au contraire, se spécialiser dans le combat courte portée. Je tiens, ici, en quelques lignes à préciser mon propos.


Le TAVD, de quoi s’agit-il ?

Le TAVD est apparu dans la littérature militaire moderne avec le programme FCS futur combat systems. Les Américains ont eu des difficultés à projeter, en 1999, une force en Macédoine pour s’opposer aux Serbes. Ce constat, ajouté au raid blindé russe sur l’aéroport de Pristina, a déclenché une vaste réflexion sur la projection de forces. En 1991, il avait fallu plus de 6 mois aux Américains et à leurs alliés pour projeter une force de combat en Arabie Saoudite. La projection du corps de bataille vers le Koweït et l’Irak avait révélé les difficultés logistiques d’un tel déploiement.

La solution devait passer par une nouvelle génération de véhicules hybrides et légers disposant de la protection informationnelle et active. Pour augmenter la capacité de survie et la puissance de l’ensemble, la logique fut amenée à privilégier le tir au-delà de la vue directe.

L’intérêt du tir au-delà de la vue est de pouvoir frapper une cible sans s’exposer et plus loin. Cet avantage exige une complexité technique. En effet, il faut pouvoir disposer d’un moyen d’observation qui cherche et identifie et cibler un objectif. Il faut pouvoir remonter l’information avec toute la précision nécessaire, puis il faut effectuer un tir avec une munition disposant de capteurs permettant de cibler et de détruire la cible. Le TAVD est donc une opération complexe dans le domaine technologique et dans la mise en œuvre.

Pourtant, le TAVD existe depuis bien longtemps. Il est l’apanage d’une arme : l’artillerie. En effet, bien avant les chars, l’artillerie a développé le tir au-delà de la vue. Utilisant des observateurs, les artilleurs effectuent des tirs dans la profondeur pour neutraliser les forces adverses. L’efficacité de l’artillerie entraine 65 % de destructions au combat. Même les engins en mouvement ne se prémunissent plus des frappes.

Alors pourquoi réinventer le fil à couper le beurre ? Au lieu de dépenser des fortunes pour permettre à un char d’effectuer des tirs au-delà de la vue, ne serait-il pas plus «économique» d’augmenter le nombre de pièces d’artillerie ? Dans l’armée russe, le rapport est de 1pour 1. Augmenter le nombre de pièces permettrait d’accroître la puissance de feu globale et pas uniquement contre les chars.

Le TAVD du MGCS doit porter jusqu'à 8 km. Le MMP porte jusqu’à 4 km. Le Mortier de 120 mm couvre jusqu’à 13 km. Le CAESAR porte jusqu’à 40km. Augmenter le nombre de mortiers, par exemple, ( passer de 54 mortiers MEPAC à plus de 110 mortiers) permettrait de couvrir jusqu’à 13km. Les drones kamikazes couplés à un doublement des CAESAR permettrait de combler entre 13 et 80 km. Le LRU NG (prévoir de passer de 12 à 36 le nombres de LRU), plus des drones kamikazes longue portée à réacteur, peuvent couvrir de 80 à 300 km.

Ainsi dotée, l’artillerie laisserait au char la zone le contact direct (mes 1000m). Les capacités de l’artillerie renforcées de nouvelles munitions guidés rendent plus précis le tir au-delà de la vue. C’est pour cela que je privilégie la séparation des fonctions. Au char, le contact et à l’artillerie, le tir a distance.



Commentaires