Suite à l’écriture de mes articles sur le char, l’arme des
1000 derniers mètres, j’avais exposé rapidement à quoi il devait ressembler.
Pour rappel, j’avais parlé d’un char dont la forme ressemblerait à celle du M10
BOOKER avec moteur à l’avant, chenille souple, train de roulement
oléopneumatique, canon à chargement automatique de 105 mm avec frein bouche,
équipé d’une mitrailleuse coaxiale en 12,7mm et d’au moins trois mitrailleuses
et/ou d’un lance grenade de 40mm de toit télé opéré. La protection de base devrait être
efficace contre du 30 mm et la
protection réactive et active contre des charges creuses. Il y aurait trois membres d’équipage dont
deux dans la tourelle (organisation classique). Le char serait naturellement
numérisé. Il disposerait d’un système PILAR V, de détecteurs lasers, de brouilleurs drones, de radars
de détections sur 360° et de caméras vidéos.
Les informations seraient envoyer en fusion de données directement dans
les viseurs (voire un système IronVision pour tout l’équipage)
Comment combattre dans un environnement de haute intensité.
La première chose qu’il faut comprendre, c’est le changement
de la profondeur du champ de bataille. Celui-ci ne se limite plus à la ligne de
contact, comme dans le passé, mais à une zone profonde d’environ 20km de large
où, de part et d’autre, les belligérants sont en mesure de se renseigner et de
frapper. On remarque déjà qu’il est impossible de s’approcher à moins de 10km
de la ligne de contact sans se faire repérer.
Cela change donc la vision que l’on doit avoir du combat de
rencontre. Loin de se déplacer et de tomber nez à nez avec l’ennemi presque par
surprise, le combat est aujourd’hui dirigé par des observateurs qui fixent un
objectif et les renseignements sur celui-ci. Pour cela, ils disposent le plus
souvent de drones ou de renseignements électromagnétiques. C’est seulement à
l’issue de cette prise d’informations qu’une action est engagée.
Pour que soient optimisées les chances de survie, l’attaque doit
être lancée de plus loin dans les arrières, là où il reste des zones d’ombre du
renseignement. Une fois l’engagement entamé, la vitesse et la coordination avec
les autres armes doivent être maximum pour avoir une chance de réussir.
D’abord, après la phase de renseignement donc, il faut
frapper les objectifs repérés avec canon, mortier et roquettes d’artillerie.
Puis, il faut brouiller et neutraliser, au moins temporairement, le
renseignement ennemi. Ensuite, l’on doit déclencher une attaque par des drones contre des postes d’observations et de commandement avec des moyens de
guerre électroniques, brouillages, micro-ondes, IEM etc. La phase de
neutralisation du renseignement ennemi est la plus importante et c’est elle qui
définit la réussite ou non de l’attaque.
Vient ensuite la divulgation de l’attaque et des moyens
employés. La vitesse est primordiale. Elle doit permettre de traverser la zone
de renseignement ennemi (les 10 km) le plus rapidement possible avant que
celui-ci soit en mesure de réagir. Idéalement, le camouflage des axes et des
véhicules avec, bien sûr, un silence électromagnétique, doit optimiser la
discrétion et donc la surprise.
Coordonnés avec les forces d’attaque, des opérateurs drones
d’attaque de type FPV décollent pour l’appui direct dans la zone des 3-5km. Ils
doivent en effet neutraliser les opérateurs missiles et drones, et empêcher
l’arrivée de renforts dans la zone d’attaque. Ils traitent aussi les
contre-attaques blindées en neutralisant les chars postés ou en renfort.
Toujours avant contact, des drones kamikazes de type Harop
se prépositionnent pour frapper les éventuels tirs d’artillerie de
contre-batterie ou d’interdiction. Il faudrait aussi un drone du même type,
mais à réacteur, pour se spécialiser dans la contre-batterie. Ce drone serait,
en effet, projeté dès les premiers coups tirés par la pièce ennemie. Sachant qu’il ne lui saura pas possible de
détruire cette pièce ennemie avant qu’elle quitte sa position de tir, le drone pourra,
par contre, la neutraliser pendant sa phase de déplacement. Cela peut être très
utile contre les systèmes de type HIMARS.
Le détachement d’assaut arrive à portée
de tir. Il est composé de quatre à six véhicules avec au moins deux chars, des
véhicules de transports de troupes, un véhicule du génie pour ouvrir la voie.
C’est une attaque en profondeur. Il y a
d’autres détachements qui profiteront du trou créé par le détachement de
tête pour s’infiltrer et exploiter la brèche.
Enfin, arrive l’assaut à proprement parlé. Toujours pour
limiter les pertes et pour neutraliser des feux d’appui, des mortiers
projettent un écran fumigène sur les arrières de la ligne de contact. Puis les
chars se mettent en position et ouvrent les feux aux environs des 800- 1000 m,
pour neutraliser des objectifs désignés par des opérateurs drones et qui se
sont dévoilés à la dernière minute. S’en suit un feu de saturation avec leurs
mitrailleuses pour s’approcher de l’objectif. Cela permet aussi de couvrir
l’arrivée des transports blindés.
Débarqués à quelques dizaines de mètres de leurs objectifs,
les soldats prennent d’assaut les positions ennemies. Les chars effectuent des
tirs des neutralisation sur des objectifs d’opportunité. Si l’ennemi dispose
d’un abri solide, un char va pouvoir le neutraliser en tir direct. La
polyvalence des munitions lui permet de neutraliser un grand nombre de menaces.
La prise de l’objectif doit être rapide et brutale. Il ne
faut pas rester trop longtemps sur zone au risque de se faire, à son tour, attaquer. Le détachement embarque et repart
en vue de traiter un autre objectif. Le roulement rapide des détachements, la
coordination inter-armes, la vitesse de l’action couplée à la brutalité et la
surprise doit assurer la réussite de la mission.
Voilà un exemple de ce à quoi pourrait ressembler une action
sur un front de type Ukraine. Mais il ne faut pas oublier que tous les théâtres
ne se ressemblent pas. Dans tous les cas, la profondeur du renseignement
permettra de neutraliser toutes les menaces blindées avant la prise de contact
direct. L’action sera optimisée par les drones de tous modèles qui couvriront toutes les missions, du renseignement à la guerre
électronique en passant par le contre-renseignement, le close air support (CAS)
et la contre-batterie (voire, plus tard,
l’évacuation sanitaire et la logistique).
Le choix d’une zone d’attaque faiblement défendue ou d’un
secteur calme doit optimiser les chances de réussite. Submerger l’adversaire et
l’empêcher de réagir limitera sa capacité de nuisance et donc les pertes dans
notre camp. C’est à ce prix que nous pourrions gagner la bataille.
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