Brève d’Ukraine 01

 

Brève d’Ukraine 01

L’hiver se termine à l’Est de l’Europe dans les plaines d’Ukraine sans dessiner de vainqueur de la confrontation. Il semble que la victoire de l’un des deux camps ne soit pas encore à l’ordre du jour. La guerre reste, pour l’instant, cantonnée au seul théâtre ukrainien. Mais plus la guerre va durer, plus elle risque de sortir de cet espace, avec l’intervention de pays tiers.

La situation actuelle est incertaine. Suite à leur grande offensive de septembre, les Ukrainiens ont réussi à récupérer du territoire dans le Donbass, mais l’offensive s’est enlisé avec l’arrivée des pluies d’autonome. Les forces ukrainiennes n’ont pas seulement perdu l’initiative, elles ont aussi perdu une partie de leurs meilleures troupes usées dans les combats. Il n’y a plus non plus d’obus en nombre suffisant pour pousser l’avantage. l’hiver a encore sauvé les Russes.

Et pendant ce même hiver, les Russes ont formé et envoyé au combat les nouvelles recrues pour les entraîner et leur faire acquérir de l’expérience avec plus au moins de succès. L’attaque d’Ugledar est un échec sanglant. Les Russes, grâce au groupe Wagner, ont obtenu leur plus gros succès autour de Bakhmut. Les Ukrainiens y engouffrent des milliers de mobilisés faiblement formés qui servent à retenir le plus longtemps possible leurs adversaires sur ce front mais une fausse guerre entre Prigogin et Shoïgou semble avoir convaincu les ukrainien d’y envoyer des meilleurs troupes.

Les Russes attaquent sur l’ensemble du front, mais jamais de manière décisive. Ils obtiennent des succès autour de Kupiansk , Adviivka, mais ne les exploitent pas. Il s’agit ici d’une guerre d’usure qui vise à user les Ukrainiens autant que l’OTAN, au prix de la vie de milliers de soldats et de centaines de véhicules. Cependant, il semble que les pertes s’équilibrent aujourd’hui. Cela est particulièrement vrai dans le domaine des défenses sol –air ukrainienne  particulièrement usées par l’action combiné des drones Geran 2 et missile KH101et KH 555. Cela provoque aujourd’hui un manque de missiles sol-air coté ukrainien ce qui est dangereux pour la future offensive.

En pleine guerre, les Russes commencent, semble-t-il, une modernisation de leurs outils militaires selon trois grands axes. Le premier est la modernisation de l’équipement qui prend en compte les retours d’expériences du combat, avec en particulier l’augmentation du nombre de drones. De « nouvelles armes » apparaissent comme les bombes planantes guidées, les drones kamikazes, de nouvelles munitions à guidages laser ou « GPS »,  ou de nouveaux capteurs pour la contre batterie.

Pour rendre possible ces changements, l’industrie se met à produire à tout va. Elle reçoit les ordres de production pour produire et moderniser 1600 chars pour l’année. La production s’attelle à la tâche immense de compenser les pertes de la première année de guerre. 

D’autre part, les Russes réforment leurs organisations avec le retour de la division et du régiment à la place de la brigade et du bataillon. La division et le régiment apportent une organisation et un soutien plus centralisé et plus efficace. Le BTG (bataillon tactical group) qui n’a pas obtenu de succès décisif est remplacé, lui, par une structure plus petite qui ressemble aux SGTIA français.

La troisième évolution est celle de la formation avec la volonté d’introduire un corps de sous-officiers qui a tant manqué aux Russes lors de la contre-attaque ukrainienne. Pour l’instant, cette option est ébauchée de manière expérimentale. 

Côté Ukrainiens, la fin de l’offensive laisse l’initiative pour l’hiver aux Russes. Il faut maintenant tenir avec le minimum de pertes, avant de relancer une nouvelle offensive. Mais la grande dépendance à l’aide occidentale rend l’Ukraine sensible aux changements de position des membres de l’OTAN. La visite du président Biden a provoqué le renforcement de l’effort avec l’arrivée de nouvelles roquettes HIMARS, des chars et, grande nouveauté, des avions. Les industries occidentales se mobilisent pour produire les munitions et l’OTAN prend en charge la formation des militaires ukrainiens. 40000 hommes équipés et entraînés à l’occidentale doivent attaquer ce printemps. La capacité d’un état-major moderne aidé par un soutien de l’OTAN et coordonné par un système de communication efficace doit donner l’avantage.

La question est ici de savoir si cette offensive suffira à bousculer les Russes de manière décisive. Ou si  elle ne sera qu’une phase de plus dans cette guerre. 

Une autre question est la force morale des belligérants dans ce conflit. Les Russes supporteront-ils un nouvel échec tactique. Qu’est-ce qui pourrait provoquer une négociation qui soit favorable aux Ukrainiens ? De l’autre côté un échec ukrainien ne risque-t-il pas de provoquer un changement de position de certains membres de l’OTAN et donc un abandon à long terme ?

La bataille qui va donc avoir lieu ce printemps ou cet été va peut-être décider du sort de la guerre.  

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