Une Famille de véhicules
Dans le domaine de l’armement et l’équipement des forces,
lier équipements modernes, quantités mais aussi coût d’achat, d’emploi, et
d’entretien dans un cadre précis est très complexe.
Un véhicule entrant en service est un investissement en
recherche, technologie et développement.
C’est un investissement industriel puisqu’il nécessite des machines-outils de
production, l’achat de matières premières et leur transformation, puis la
production des équipements. Toutes ces phases expliquent le coût élevé de
nombreux équipements.
L’exemple emblématique est celui du
char Leclerc. Fruit de nombreuses recherches, il ne contient pratiquement rien
qui vient du char qu’il remplace, l’AMX30. Le char est entièrement nouveau en
tout. De plus, de nouvelles machines sont achetées pour produire le char. Il
était prévu d’en commander plus de 1400 chars. Le choix fut donc fait
d’utiliser des machines spécifiques. Tous ces investissements devaient être
étalés sur l’ensemble de la production, ce qui devait permettre de limiter le
coût du char aux environs de deux millions d’euros. Sauf que la fin de la
Guerre froide et de la menace sur nos frontières entraîna une réduction de la
commande.
Le char Leclerc arrive sur le marché mondial de la vente de
chars au moment où des milliers de chars produits, quasiment neufs, sont
proposés d’occasion. Il en résulte que le char ne dépasse pas la moitié de la
commande prévue et, de plus, à cause de ses nombreuses nouveautés, il doive
résoudre de multiples problèmes. Le programme va se voir étalé puis réduit à
225 chars et, de 9 millions d’euros, le coût de l’engin passera à 12 millions
d’euros.
En outre, le coût d’entretien du char Leclerc est élevé.
L’industriel a développé plusieurs séries de l’engin avec de multiples
différences et cela augmente le coût d’entretien de l’engin. Le cours du
carburant, tributaire du prix du pétrole, fait grimper son coût d’emploi.
Nécessitant, de plus, de nombreux équipements pour son entretien, son
déplacement, et son dépannage, le char
Leclerc a un coût d’emploi qui en fait le deuxième budget de l’armée de
terre derrière celui de l’hélicoptère Tigre.
Si l’on veut changer plusieurs véhicules en même temps, le
choix de produire une famille de véhicules peut être intéressant. Le choix du
programme Scout Sv en Angleterre qui va donner la famille des Ajax, véhicules
de reconnaissance, en est un exemple.
Cependant, le problème des familles d’engins est la
prolongation du programme dans le temps en raison de la limitation des
capacités de production et l’inadaptation de certains véhicules à
leurs fonctions. Bien sûr, il ne faut pas en plus que le véhicule de base ait
des défauts ! Le cas de l’Ajax qui a comme base l’ASCOD2 est l’exemple de
ce qu’il ne faut pas faire.
Il existe, par contre, une autre solution qui est celle de
la production de systèmes communs, comme le programme SCORPION, par exemple. Le
Jaguar et le Griffon adoptent la même
chaîne cinématique et ont des composants
en commun. De plus, il est possible de prendre des éléments qui sont déjà
produits, même à l’étranger, pour les utiliser dans ce programme. Trouver un
partenaire économique est une autre solution. Cela réduit les coûts en
RT&D, puisque ceux-ci sont répartis sur l’ensemble du programme. Ceci
permet aux différents modèles d’être plus rapidement disponibles.
Autre élément à prendre en compte, la plateforme est
aujourd’hui est moins importante que les systèmes que l’on monte à l’intérieur.
Les nombreuses innovations dans la technologie de communication, d’information,
d’automatisation, de l’optronique, des capteurs
et de l’intelligence artificielle permettent de multiplier les capacités
des plateformes même si celles-ci ne disposent pas de capacité supérieure dans
le domaine de la mobilité, de la protection ou de la puissance de feu.
Le choix britannique d’une plateforme commune basée sur un
châssis qui ne donnait pas de capacités extraordinaires mais dont tous les
systèmes ajoutés font un des systèmes les plus performants du moment.
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