TOURELLE TELEOPEREE

 

TOURELLE TELEOPEREE

Dans le domaine de la protection, depuis bien longtemps, les ingénieurs cherchent à mettre l’équipage à l’endroit le moins vulnérable du véhicule blindé. L’emplacement le moins exposé est le châssis du véhicule, idéalement à l’arrière, d’ailleurs, à l’emplacement du moteur. Mais le problème de ce choix est qu’il faut pouvoir opérer le véhicule depuis cette position, ce qui n’est pas facile sans de nouvelles solutions technologiques comme la télé-opération de l’armement et le pilotage déporté. A l’époque  soviétique, les ingénieurs des bureaux d’études vont construire « l’objet 490 », un char révolutionnaire avec la tourelle téléopéré équipée d’un canon de 152 mm, d’un double train de chenille et d’un équipage installé à l’arrière. Le véhicule ne dépassera pas le prototype car, rapidement, on s’aperçoit des limites de la vidéo et de l’organisation technique du véhicule, de plus très cher.


 Le principal problème est que l’équipage n’a pas une bonne vue de son environnement et donc malgré ses « capacités » le char a plus de chance de voir en second son adversaire et donc de perdre son duel. C’est d’ailleurs le handicap majeur de la tourelle télé opéré.

En effet, jusqu’à récemment, la voie vidéo ne permettait pas d’avoir une perception optimum de son environnement. Le champ de vision était plus étroit que celui d’une vision directe optique. Le deuxième problème est l’intervention sur l’armement. La fiabilité des chargements automatiques étant encore à ses débuts, il fallait toujours être en mesure d’intervenir sur l’arme et son système.

Le peu de confiance dans ces systèmes est telle que des puissances militaires ne veulent pas entendre parler ni du chargement automatique, ni du tout vidéo.

Mais la guerre va venir changer cela. En effet, l’intervention militaire des pays occidentaux au Moyen-Orient va engendrer un grand nombre de pertes pour les tireurs d’armes en superstructure. La solution vient par la mise en place d’un tourelleau téléopéré qui a permis de réduire le nombre de victimes. D’abord, la vidéo envoie des images loin d’être parfaites sur les premiers modèles, mais au fur et à mesure des améliorations technologiques, les performances sont devenues plus que correctes.

Pourtant, la capacité d’observation sur 360° reste peu efficace. Les Russes vont prendre un chemin encore innovant, en choisissant de couvrir le pourtour de la tourelle de radar AESA en céramique en mesure de renseigner sur son environnement. Le résultat est le T14 et toute la nouvelle famille de véhicules apparus le 9 mai 2015.


S’il existe encore un débat sur la masse du char estimée entre 48 et 57 tonnes, la protection de l’équipage a été très largement améliorée. Pour l’instant, le char n’a pas été engagé en opération et il est impossible de dire si les solutions technologiques choisies sont efficaces.

La question est aujourd’hui de savoir si, en Occident et en France en particulier, la tourelle télé- opérée pourrait être une solution dans un avenir proche. En ce qui concerne le programme MGCS, toutes les voies sont encore ouvertes.

La réduction de la masse des chars, que je défends, pourrait passer par une tourelle téléopérée. Mais pour cela, il faudra revoir la place de la vidéo ou d’autres capteurs dans les moyens d’observation du char. Il est d’ailleurs intéressant d’imaginer de nouvelles solutions d’observation et une nouvelle organisation du renseignement en vue d’optimiser les effets.

La tourelle téléopérée disposera d’un blindage et celui-ci n’aura plus besoin de protéger l’équipage, mais uniquement les systèmes. La présence d’un chargement automatique en nuque de tourelle et non pas en puits, comme sur le modèle russe, limite le nombre d’obus que l’on peut embarquer. Cela imposera un autre armement de type canon mitrailleur. Il faudra protéger ce convoyeur, mais aussi au minimum son armement,  à l’image du projet Serbe M20 UP1.


                                                                                                                                                                   (http://www.strategic-bureau.com/projet-de-char-de-combat-serbe-m-20-up1/)

Les optiques vidéos modernes sont bien plus performantes et permettent de détecter, même dans des conditions difficiles, les objectifs. Il s’agit, par contre, d’être sûr de la fiabilité du système. La nécessité de redondance des équipements pour que, quelque soient la situation ou les dégâts infligés, la tourelle continue à fonctionner.

Cela nécessitera surtout une révolution intellectuelle dans l’esprit des militaires. Le choix de la vidéo et de l’impossibilité de contact direct avec l’armement posera, d’ailleurs, plus de problèmes aux tankistes expérimentés qu’aux nouveaux , ceux-ci ayant plus l’habitude de la notion de téléportation. Ce choix implique aussi d’accepter de ne plus être en hauteur et de ne plus avoir une vue panoramique directe. En contrepartie, la protection sera bien meilleure avec une masse maîtrisée.    

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