Quel Armement pour un char ?
Dans plusieurs articles de ce blog, j’ai déjà proposé des
solutions pour l’armement d’un char principal moderne.
Je distingue quatre grandes orientations d’évolution
possibles pour l‘armement d’un char.
La première orientation d’évolution éventuelle est celle du
couple missile/canon sur un engin plus léger. Les avantages du missile sont la
légèreté de l’ensemble, la capacité de frappe longue distance et la très grande
précision avec, en plus, l’homme dans la boucle. Ses défaut sont le manque de
polyvalence et le coût prohibitif des missiles par rapport à celui des obus. Le
véhicule est limité en nombre de missiles portés : il n’y a, en général,
que deux missiles prêts au tir, ce qui peut être ennuyeux en cas de cibles multiples.
Les missiles perdent également de plus en plus leurs avantages à cause des
protections actives et des nouveaux blindages réactifs. Le canon mitrailleur,
même s’il compense en partie le manque de polyvalence du missile, n’a pas la
même puissance de destruction qu’un obus de gros calibre. Il permet, par
contre, de traiter des cibles plus complexes comme des drones, ou la pièce d’un
bâtiment, en limitant les effets collatéraux. En cas de combat de rencontre, le
char aura l’avantage par sa vitesse de feu. En effet, il n’est pas possible de
leurrer un obus, alors que l’on peut tromper un missile.
La seconde solution possible consisterait en un canon à
culasse rotative d’un calibre de 105 ou 120 mm. La grande cadence de tir permet
de choquer l’adversaire. Avec ce canon, on peut faire une
« doublette » sur un char très protégé et leurrer des protections
actives. En outre, il a une capacité d’élévation qui le rend apte au tir
« au-delà de la vue » ou dans les parties hautes des immeubles. Si la
formule est intéressante, elle souffre de deux lacunes majeures. La première
est qu’il n’y a actuellement aucune recherche sur ce type d’armement. Cela
signifie qu’entre maintenant et une éventuelle entrée en service, au moins 10 à
15 ans seront passés. Deuxièmement, les munitions n’existent pas. Il s’agit
d’une munition télescopique qui serait limitée en longueur pour être intégrée à
un chargeur latéral. Le problème est que la munition flèche, pour être plus
performante et avoir la plus grande vitesse en sortie de tube, doit être la
plus longue et lourde possible. Si la munition s’allonge, il faudra aussi
agrandir la taille de la partie rotative, ce qui augmente le volume global du
canon et donc de la tourelle. C’est également sans compter le poids qui, je
pense, sera au moins égal, voire supérieur, au poids de l’artillerie actuelle.
Le canon de 140mm de type ASCALON est également une
possibilité. Ce canon s’intègre dans l’architecture actuelle des chars. Il
permet de disposer d’un canon qui projette une munition flèche à plus grande
vitesse. De plus, le calibre permet d’imaginer des munitions dotées d’une électronique permettant un guidage
comme le tir « au-delà de la vue avec vue » . Son défaut est la
taille des munitions qui, même si celles-ci sont télescopiques, reste importante.
Ce qui veut dire qu’il y a la contrainte propre à la logistique de ce type
d’arme. Enfin, le nombre de munitions emportées est limité.
La quatrième solution est de garder un canon de 120mm.
L’arme n’est pas encore obsolète et dispose encore d’un potentiel d’évolution.
On le voit avec l’arrivée de nouvelles munitions comme la M829 A4 ou le SHARD
de NEXTER. Le canon dispose de toute une gamme de munitions en 120 mm produites
en France ou dans les pays occidentaux. Cela permet d’avoir des solutions de
secours en cas de besoins. La polyvalence de l’arme est d’un grand intérêt. On
le voit en Ukraine où un char muni d’un tel canon tire plus d’obus explosifs
que de munitions flèche. La gamme de munitions existante est vaste. Elle va de
l’obus boite à mitraille, ou l’obus explosif réglable en passant par le missile
(LAHAT). On pourrait y ajouter des obus fumigènes ou thermobariques pour le
combat en zone urbaine. Il est possible de moderniser le canon en prenant en
compte une partie des innovations du programme ASCALON comme le nouveau manchon
anti-arcure, le frein de bouche ou l’évacuateur de fumée. En raison de sa
vocation moins axée sur la lutte anti-char que sur l’appui, je pense qu’un
canon de 44 calibres suffirait (à l’exemple de ce qui se fait au Japon ou
d’Israël).
Pour des raisons autant techniques, tactiques qu’industrielles, la dernière proposition me
semble plus viables. Elle a l’’avantage de ne pas obliger à financer et
réorganiser à court terme les usines de production de munition. De plus, il
existe déjà une expertise dans le domaine de l’arme, ce qui en simplifiera
l’intégration. Tout cela est avantageux,
surtout si l’on doit mener, à court terme, une remontée en puissance.
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