PROTECTION FACTEUR DE MOBILITE : LE MERKAVA

 

PROTECTION FACTEUR DE MOBILITE :  LE MERKAVA

 


L’évolution de la technologie et principalement celle de l’électronique a modifié de nombreux éléments de la guerre. Un des éléments que cette technologie a modifiés est la précision des armes. Aujourd’hui, les armes de tout type et tout genre ont introduit la précision et même l’intelligence artificielle dans leur mode de fonctionnement. Ces évolutions ont permis un taux de destruction proche du 100%. Le porteur d’arme tirant de plus en plus loin, il est de plus en plus difficile de le frapper.  Dans ce cas de figure, la protection est le seul moyen de pouvoir se déplacer sur le champ de bataille moderne.

C’est ce concept qui a été mis en valeur par les Israéliens avec le Merkava. Combattant sur des terrains complexes mêlant zone urbaine et semi montagneuse. Pour manœuvrer, en raison du terrain, les Israéliens ne peuvent chercher la vitesse. Ils sont obligés de passer par les endroits défendus par l’ennemi. La protection est alors la seule solution pour se déplacer dans cet environnement.

L’importance du concept a été évidente dès le début opérationnel du Merkava. Engagé au Liban lors de l’opération Paix en Galilée en juin 1982, Le Merkava va montrer l’avantage de sa conception. Engageant l’armée syrienne, le char s’est montré plus résilient que ses adversaires. Les coups reçus n’apportant que des destructions limitées, les équipages israéliens ont eu confiance en leur matériel et se sont montré plus audacieux. L’affrontement entre blindés tournant à l’avantage des Israéliens, les chars ont pénétré les défenses de la 4e Division Blindée syrienne puis se sont engagées contre les forces palestiniennes.

Les combats vont se complexifier contre les groupes de fantassins et de partisans. Utilisant le RPG7, les Palestiniens vont avoir deux coup chanceux contre Merkava. Le premier au défaut tourelle avant au niveau de l’artillerie et le second dans la nuque de tourelle. Cet échec de la protection sera corrigé sur les versions suivantes du char avec un renforcement de la tourelle et la mise en place des chaînes à boules caractéristiques en nuque de tourelle.

Il n’empêche que le char va se montrer à Beyrouth d’une grande utilité. Disposant de la place pour embarquer 6 personnels ou deux brancards dans la partie arrière, il va remplacer le M113 trop fragile pour la mission de transport de personnels en zone urbaine.

Le Merkava est alors le meilleur représentant de ce concept de mobilité par la protection. En 2006, le Merkava va de nouveau affronter le Hezbollah mais les armes seront cette fois-ci plus puissantes. Cinquante deux chars seront détruits. Même dans ce cas de figure, avec 208 membres d’équipages engagés, il n’y aura que 28 morts. Le char montre tout l’intérêt de faire effort dans la protection. Si tactiquement, la guerre est un échec, celui-ci ne met en cause le char comme système de combat au sein de Tsahal, bien au contraire. 

Il y a un facteur qu’il faut prendre en compte dans la société israélienne mais dans toute société moderne, c’est la prise en compte de la mort. Les jeunes qui composent la société ont une espérance de vie de 78 à 80 ans. La mort jeune est une tragédie mal vécue par la population, particulièrement si l’on doute de la validité de l’engagement militaire. Disposer d’un char protégeant correctement les équipages garantit, d’une certaine manière, le soutien de la population à l’intervention armée. Mais cela ne doit pas justifier non plus la protection comme seul élément important de la conception d’un char.

La protection des chars a d’ailleurs bien trop augmenté. Loin de se concentrer sur l’arc avant, elle est devenue omnidirectionnelle. Cela a alourdit les plateformes pour atteindre des masses ou l’avantage même de mobilité par la protection est devenu contre-productif. A l’image du Challenger 2 adapté à la zone urbaine, ayant une masse de prêt de 72 tonnes, le char en réalité a perdu sa mobilité tactique et encore plus opérative.

Le choix d’une plateforme intégrant des moyens de défense réactive passive et active, comme le Trophy, dans le véhicule limite la prise de poids. Mais cela est vrai uniquement dans les engins où cette plateforme est installée de manière native comme le Merkava. Dans le M1 Abrams, cela veut dire 3,5 tonnes en plus. En outre, le choix d’un blindage rapporté composite léger sur la partie haute du char israélien n’a pas engendré un surpoids par rapport à la version précédente. Les Merkava 3 et 4 pèsent autour de 64 tonnes.

Le char Merkava va rester le char principal de Tsahal, même après l’apparition du Carmel, en théorie son successeur. Les Israéliens viennent de sortir le Merkava 5, dernier né  de la lignée.   Capable de subir des avaries importantes mais protégeant son équipage, le char est et reste parmi les meilleurs chars pour une société moderne.

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