UKRAINE TEMPS 3

 

La Guerre en Ukraine - Temps 3 : la débâcle

 L'art de la guerre de Sun Tzu

Si vous êtes dix fois plus fort en nombre que ne l'est l'ennemi, environnez-le de toutes parts ; ne lui laissez aucun passage libre ; faites en sorte qu'il ne puisse ni s'évader pour aller camper ailleurs, ni recevoir le moindre secours.

Le 6 septembre 2022, les forces ukrainiennes lancent une offensive surprise sur le front de Kharkiv surprenant complètement le commandement russe. Cette offensive était attendue non pas à Kharkiv mais a Kherson. Pour le commandement des forces russes dans le secteur, c’est la débâcle.

Le secteur de l’attaque initiale était devenu, depuis le milieu de l’été, une zone moins prioritaire. Les troupes qui y étaient stationnées n’avaient pas construit de dispositif fortifié particulier, en grande partie parce que c’étaient elles qui avaient attaqué jusqu’à présent. Les meilleures unités étaient d’ailleurs parties défendre Kherson.

L’offensive fut donc spectaculaire par l’effet de surprise. Des unités entières ont été détruites dans cette zone. Les Russes n’avaient pas subi une telle offensive depuis la Seconde guerre mondiale. La progression ukrainienne fut rapide et le front s’effondra rapidement.

Les Russes firent remonter de tous les fronts  tous les renforts dont ils pouvaient disposer. Le 10 septembre, c’est la débâcle. Toutes les troupes russes se replient devant l’avancée ukrainienne. Le 16 septembre, elles traversent la ligne de défense russe bâtie en urgence le long de la rivière Oskol. Le 1er octobre, Lyman, avec 5000 soldats russes, tombe. Le 24 octobre, les forces ukrainiennes attaquent encore dans l’oblast de Louhansk.

Du côté de Kherson pourtant, l’assaut avait eu lieu dès le 29 aout confirmant les prévisions. Les Ukrainiens avaient obtenu un début d’avance, obligeant les Russes, à renforcer davantage ce secteur. L’offensive n’évoluera pas beaucoup avant le 2 octobre. Trois jours d’assaut libèrent plusieurs villages. Le feu des HIMARS et la peur de voir 20000 hommes se faire encercler provoquent le repli des Russes de Kherson le 9 novembre.

Les Russes ont perdu 20000 km²,  beaucoup d’hommes et de moyens. Ils surtout ont perdu leur crédibilité.

Des réunions dans le cadre du partenariat Eurasie ou des BRICS ou d’OTSC laissent voir un président russe de plus en plus faible par rapport à ses interlocuteurs. Seul défenseur assumé de Poutine, le président biélorusse Alexandre Loukachenko explique que la fin de la Russie aurait des conséquences graves pour tous ses alliés. Pourtant, un certain nombre d’entre eux se montrent alors distants avec Moscou.

C’est particulièrement le cas de l’Arménie, grande perdante de la guerre contre l’Azerbaïdjan, elle peine à récupérer des forces et voit les forces russes d’interposition ne pas les aider. Les fractures se font plus profondes avec les pays d’Asie mineure qui souhaitent se tourner vers la Chine ou la Turquie. 

 Les référendums dans les territoires occupés et leurs annexion à l’issue montrent une Russie débordée qui a du se précipiter en raison de l’offensive ukrainienne. Peu de pays reconnaissent les annexions. 

Par ailleurs, de nouvelles sanctions s’attaquent au prix du pétrole et du gaz, même si les cours restent suffisamment élevés pour payer la guerre. D’autres sanctions sur les assurances des pétroliers viennent encore compliquer les exportations de pétrole.

Militairement, les Russes sortent usés de cette opération spéciale. L’armée vient de se battre sur l’ensemble du front à 3 contre 1. Les troupes d’engagés ont fondu et ont besoin de repos pour se réorganiser. D’ailleurs, seuls le mauvais temps et le retour de la raspoutitsa sauve l’armée russe d’une défaite totale.

La population, pour la première fois, demande la fin du conflit et le retour à la paix. Les échecs sur le front sont trop visibles pour que la propagande traditionnelle suffise à faire passer la pilule.

Poutine semble toujours plus seul. La Chine ne le soutient qu’à demi-mots et le pouvoir montre des signes de lassitude. En Occident, on en vient même à spéculer sur son état de santé. Tout semble avoir réussi aux Ukrainiens et les plateaux de télé occidentaux annoncent déjà la libération de la Crimée et de toute l’Ukraine pour le printemps. On prépare le futur tribunal international qui devra juger tous les crimes de guerres commis par les Russes.

Mais comme dit le dicton « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué »…

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