La Guerre en Ukraine -
Temps 2 : L’Atomisation
Le 25 mars 2022, un mois après de début de l’offensive, les forces russes abandonnent l’idée de prendre Kiev. Toute les AIA (armées interarmes) vont se replier sur leur zone de départ. Les Russes vont alors effectuer une magnifique manœuvre opérative avec le déplacement de 3 AIA de Biélorussie vers le Donbass. Cette manœuvre rapide est particulièrement réussie et permet pendant un temps aux Russes de disposer d’une supériorité numérique dans la zone.
C’est l’heure de la guerre des villes. L’assaut se porte sur
Marioupol qui va devenir le symbole de la résistance ukrainienne. Puis viennent
les attaques des villes comme Louhansk , Sievierodonetsk qui donnent lieu à des
combats urbains difficiles et meurtriers.
Les pertes russes ont été colossales depuis le début de la
guerre. Outre les véhicules détruits par
l’ennemi, de nombreux véhicules sont abandonnés (presque la moitié des chars a
été perdue de cette manière) pour des problèmes techniques.
Toutes les lacunes de l’armée russe vont être exposées au
grand jour durant les mois qui vont suivre. Le commandement montre son
incompétence en continuant d’appliquer toujours les mêmes procédures que lors
de la tentative de passage de la rivière Donets le 13 mai, ce qui se soldera
par la destruction complète d’un de ses bataillons. Le croiseur lance missile
Moskva, faisant des ronds dans l’eau, est coulé le 14 avril par un missile
ukrainien. Le système de défense a été incapable d’intercepter les missiles.
La longueur du front ajoutée à la concentration et la
précision des feux ukrainiens entraînent une atomisation des unités russes,
atomisation encore amplifié par la perte de nombreux officiers. Les unités
russes vont se déliter avec le temps.
La corruption s’amplifie autour du rapatriement des corps ou
le ravitaillement. Les soldats sont abandonnés sont souvent abandonnés à leur
sort avec des chefs qui commandent à distance.
Seules les troupes des milices séparatistes du Donbass,
mieux préparées par 6 ans de guerre larvée contre les forces ukrainiennes et
une grand motivation, obtiennent des résultats. Ce sont elles qui aident à la
chute de Sievierodonetsk et de Lyssytchansk.
C’est aussi l’engagement des combattants tchétchènes qui
fait basculer la situation. Sur tous les fronts, ils sont à la pointe des
assauts. Durs au combat rapproché et ayant une grosse expérience, ils sont les
supplétifs les plus efficaces, avec les milices.
Les combats autour des villes de Sievierodonetsk et de
Lyssytchansk vont fixer les éléments les plus aptes au combats jusqu’au 6
juillet. Les forces russes sont épuisées.
Économiquement, les sanctions touchent l’industrie
d’armement de plein fouet. Il est dit que les chaînes de fabrication de chars
se sont arrêtées par manque de composants électroniques. Le complexe
militaro-industriel corrompu pendant des années peine à se mettre en marche.
Socialement, on voit émerger une contestation de la guerre
par des mères et des femmes de soldats. Si le mouvement est étouffé, la Russie
doute étant donné le prix énorme payé pour les villes ukrainiennes.
Poutine semble seul à la manœuvre. Il limoge les généraux et
cherche des responsables à l’échec de l’opération. Il n’y a pas dans le pays de
réelle opposition à l’exception des ultras nationalistes. Ceux-ci prône une
guerre encore plus dure avec l’utilisation des armes nucléaires.
C’est l’heure ukrainienne. Les forces russes ont été
retenues dans le nord autour de Kiev. Des soldats ukrainiens sont sacrifié
autour des villes Marioupol , Sievierodonetsk et de Lyssytchansk en vue de
fixer et d’user le maximum de troupes
russes. L’Ukraine s’est lancée dans une
grande mobilisation (les Ukrainiens ont parlé d’un millions d’hommes
mais ils seraient plus autour de 600 000). Les forces se sont régénérées tout
en allant s’entraîner en Occident en vue de la contre-attaque. Recevant une
grande quantité de matériels de l’OTAN, elles s’équipent et peaufinent leurs
tactiques en vue d’attaques à venir.
Des Ukrainiens innovants.
Les Ukrainiens ont utilisé avec succès le drone TB2.
Frappant les colonnes russes de ravitaillement, les pièces d’artillerie et les
chars, ces drones vont représenter un problème tactique dans le premier temps
du conflit pour les Russes. Les Ukrainiens
vont aussi utiliser massivement des drones civils bon marché pour l’observation
et pour la frappe contre les forces ennemies.
Les Ukrainiens vont également savoir mettre à profit la
numérisation de l’espace de bataille avec une utilisation de moyens
civils, utiliser l’intelligence artificielle
pour aider au commandement, et un réseau satellite, Starlite d’Elon Musk, pour
les communications. Ils ont su utiliser le cyber de façon intensive pour
empêcher les Russes de désorganiser les réseaux du pays. Pour tout cela, l’aide
de l’Occident, civile comme militaire, a été décisive. L’armée ukrainienne a
aussi communiqué ou demandé et réglé des tirs d’artillerie en utilisant des
tablettes numériques grand public et des téléphones portables avec des
programmes militarisés .
Tous ces systèmes étant connectés entre eux, les différents
composants de la force permettent à un observateur utilisant un drone de
transmettre, par tablette, la position d’une cible. Celle-ci sera traitée par
un artilleur qui recevra la position et les tables de réglages pour faire un
tir précis du premier coup.
Les Ukrainiens optimisant les nouvelles technologies, vont
aussi profiter de l’aide massive de l’OTAN. Si celle-ci envoi des armes, elle
coopère aussi dans le domaine du renseignement qu’il soit satellitaire,
électromagnétique numérique ou humain. Il est fort probable que les
renseignements sur le croiseur Moskva ainsi que sur la position d’un certain
nombre de généraux abattus ont été disponibles grâce à cette coopération.
Courant juillet-août, les HIMARS, lance-roquettes
américains, arrivent sur le territoire avec leurs roquettes précises. Ils vont
changer le cours de la guerre et mettre la pression sur les dépôts arrières
russes. Ceux-ci sont l’instrument essentiel de la manœuvre opérative russe.
D’autres pays vont ensuite fournir un certain nombre de MLRS pour compléter
l’artillerie ukrainienne. Celle-ci vit une révolution avec le remplacement
progressif des pièces soviétiques par des pièces occidentales.
L’Ukraine utilise en plus un soft power habile.
Professionnel de la communication, le président Zelensky se pose en président
guerrier (à l’américaine). Très doué dans l’utilisation des media, il fait
l’admiration des médias occidentaux pour qui il est un héros. Il profite d’une
diaspora anti-russe ou anti-Poutine pour servir ses propos. Sur les plateaux
télé, des « spécialistes » ukrainiens ou russes anti-Poutine
expliquent à ce qui veut bien l’entendre la force, l’humanisme et
l’intelligence des Ukrainiens d’une part et l’ignorance, la bestialité et la pauvreté
des Russes de l’autre. Ce discours doit surtout servir à ne pas faire oublier
la guerre aux populations pour qu’elles continuent à soutenir L’Ukraine.
En face, le pouvoir russe se voit incapable d’inventer un
récit. L’image austère d’un président dirigeant son pays à distance donne
l’impression d’ un pouvoir isolé. Le pouvoir russe, de surcroît, montre une
image trompeuse fait de faiblesses et de doutes. Il n’y a semble-t-il aucun
doute que l’offensive ukrainienne finira par achever un pouvoir incapable de maîtriser
des éléments dont il n’avait pas vu l’ampleur.
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