L’IA pour les équipages de blindés
Pour faire évoluer un char, on insiste surtout sur les trois fondements même du blindé, c’est-à-dire la mobilité, la protection et la puissance de feu. Chaque nouvelle génération doit être plus performante dans ces trois domaines et pourtant, d’autre facteur comme la communication et l’interface homme- machine sont au moins aussi importants.
L’EMBT ou le KF51 ont tous deux une caractéristique :
ils ont un quatrième membre d’équipage qui aura la fonction de se servir d’une
arme supplémentaire et du réseau NEB. Il faut comprendre que pour le chef de
char, on arrive à une surcharge cognitive par une accumulation de tâches. Le
chef de char doit :
·
Commander le feu
·
Diriger le char
·
Observer
·
Désigner les objectifs
·
Rendre compte à la radio
·
Rendre compte sur le NEB
·
Régler les pannes
·
Renseigner
·
Diriger l’observation
·
Suivre l’activité du peloton/ les formations/
l’observation peloton/ le tir peloton/ Les comptes rendus
·
Suivre l’activité de l’escadron/ la situation
des pelotons/ le ravitaillement
·
Suivre l’activité ENI
·
Se servir des armes de bord ou les mettre en
œuvre
En plus, pour le chef de peloton, il faut
·
Commander l’observation peloton
·
Commander le tir peloton
·
Rendre compte au niveau supérieur
·
Commander en inter-armes
·
Recevoir et prendre à son compte des ordres en
cour d’action
Tout cela doit se faire à l’intérieur d’un char en roulant.
Il est facile de comprendre qu’il est difficile de pouvoir réaliser toutes ces
tâches en même temps, surtout quand l’ennemi est proche.
Démocratiser les écrans
L’armée israélienne a, très tôt, pris ce problème au
sérieux. Elle l’a fait par l’organisation de l’escadron et du peloton d’abord.
Le peloton est à trois chars, ce qui facilite de commandement du chef de
peloton : il ne manœuvre pas et reste donc sur le même compartiment. Loin
de devoir établir des missions pour chaque type de véhicule (le peloton
français a quatre chars, quatre VBL), le chef de peloton a seulement à définir
la formation, la vitesse et l’ambiance. Cela simplifie la compréhension de la
mission et son exécution par le peloton, tout en accélérant l’ensemble de la
manœuvre générale de l’escadron. L’escadron est à 11 chars, à trois pelotons
avec un char capitaine et un pour son adjoint. Il y a deux chefs pour trois
pelotons, ce qui fait que si le chef est détruit, l’adjoint peut prendre
rapidement sa place. L’adjoint peut aussi remplacer un chef de peloton détruit.
L’escadron exécute des manœuvres mais de manière concentrée sur un, voire deux
compartiments tout au plus. Toute l’organisation est conçue pour qu’il n’y ait
pas de surcharge dans le commandement au moment du combat.
Dans le char Merkava, il se passe la même chose. Le char a
démocratisé les écrans au sein de l’équipage. Le chef d’engin a bien sur un
écran pour la navigation et la NEB, mais il n’est pas le seul à les mettre en
œuvre. Le pilote a un écran, lui aussi, et voit la navigation et les ordres qui
sont donnés. Il peut prendre en compte les ordres, se faire son cheminement et
suivre sa progression sur l’écran. Le chargeur, avec son écran, seconde le chef
et participe à la surveillance courte distance du véhicule (grâce aux caméras
sur le Merkava IV). Il gère la NEB et renvoie les comptes-rendus. Le chef de
char lui se consacre juste au combat et à la compréhension de la situation
simplifié par l’organisation tactique.
On comprend que l’organisation française d’un gros peloton
qui manœuvre est possible contre un adversaire de niveau inférieur mais contre
un ennemi symétrique. La surcharge va submerger le chef de tout niveau rendant
l’appréciation de la situation compliquée à traiter. Cela va entraîner plus de
demandes de confirmation de situation, ce qui va monopoliser les réseaux de
communication sans rendre la situation plus claire. Cela va même devenir très
complexe en cas de perte de chef de tout niveau. Seul capable de commander, le
chef tactique qui est détruit aura du mal à se faire remplacer par son adjoint.
Pire, le peloton sera complètement désorganisé.
Le choix donc d’un quatrième homme pour aider le chef dans
le char est alors une bonne solution. Il allège le travail sur la NEB, peut participer à l’élaboration des
ordres etc…
Une autre solution, l’intelligence artificielle
Il est possible de voir une grande partie des tâches de
l’équipage et du commandement remplacée par l’intelligence artificielle.
Pour le chef de char, les tâches suivantes peuvent être
allégées :
·
Observer (capteur du véhicule plus fusion
information NEB dans la lunette d’observation)
·
Désigner un objectif/renseigner (utilisation de
la Cartographie pour estimer distance/cap/ altitude ; remplissage
automatique message de tir ; auto identification VHL ami/ennemi ;
remplissage vocal du message)
·
Rendre compte automatiquement de position,
d’observations, de tirs, de la logistique sur NEB
·
Commander le feu (vision des données sur optique
d’observation/ épiscope avec position du point observé par le VHL/le peloton)
·
Diriger le char (conduite automatique,
navigation en vision dans épiscope)
·
Régler les pannes ( manuel d’emploi numérisé,
aide à la décision)
·
Diriger l’observation (par la vision pour
opérateur sur épiscope, lunette de tir)
·
Suivre l’activité du peloton/ les formations/
l’observation peloton/ le tir peloton/ Les comptes-rendu (fusion de donné avec
vision sur épiscope et dans lunette pour tout l’équipage)
·
Suivre l’activité de l’escadron/ la situation
des pelotons/ le ravitaillement (par la fusion et la vision)
·
Suivre l’activité ENI (par la fusion et la
vision)
·
Se servir des armes de bord ou les mettre en
œuvre
En plus, pour le chef de peloton, il faut
·
Commander l’observation peloton (tout le peloton
voit le secteur observé par chacun par vision)
·
Commander le tir peloton (compte-rendu par
désignation directe grâce à la lunette du chef)
·
Rendre compte au niveau supérieur (par message
automatique)
·
Commander en inter-armes (aide au commandement
numérique, message pré-formaté)
·
Recevoir et prendre à son compte des ordres en
cour d’action (pré-remplissage des messages reçus)
L’intelligence Artificielle
apporte donc une aide plus que substantielle à l’équipage et permet à
celui-ci de se concentrer sur sa tâche
prioritaire, le combat. Il accélère l’information montante ou descendante et
permet d’accélérer la manœuvre. L’intelligence artificielle rend également
possible des organisations et des
missions plus complexes. La question est de savoir si l’automatisation des
tâches ne risque pas de créer des phénomènes de répétitions tactiques pré-
programmés. Il faut aussi prendre en compte que
l’absence de l’IA en raison de
problèmes techniques ou tactiques n’entraîne pas l’amoindrissement du système
de combat complet.
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