POURQUOI FABRIQUER UN NOUVEAU CHAR AUJOURD’HUI

 

POURQUOI FABRIQUER UN NOUVEAU CHAR AUJOURD’HUI


La guerre en Ukraine, comme de multiple conflits dans le monde, montre un monde transfiguré après des décennies de domination occidentale. Dans ce monde en évolution rapide, la France se retrouve en première ligne sur de multiples théâtres d’opération et doit être prête à réagir aux imprévus. L’importance de disposer d’un char alors va se faire de plus en plus sentir. La France dispose du char Leclerc, un des chars les plus performants au monde et ce encore pour un certain temps. Pourtant, il faudra penser à le remplacer bien avant l’arrivée du MGCS en 2035 ou 2040.

A cela de multiple raisons. La première raison est d’ordre géostratégique. En effet,  la situation de l’Occident s’avère complexe pour les 10 à 15 ans qui viennent. En effet, nos compétiteurs se sont lancés en avance sur nous dans la modernisation de leurs armées. Innovant, ils utilisent de nouvelles technologies de l’ingénierie et de l’informatique, en particulier les drones qui apparaissent comme des niveleurs de force. Les efforts en recherche et développement leur permettent de maîtriser toute la chaîne de production, ce qui garantit un certain degré d’autonomie. De plus, de nouvelles alliances leur permettent de disposer de ressources qui leur manquent.

La seconde raison à cette nécessité de penser au remplacement du char Leclerc est que, se sentant en situation d’égalité voire de supériorité, nos compétiteurs vont moins hésiter à utiliser la force. Des affrontements qui resteront limités géographiquement  vont se multiplier. Le mécanisme d’alliance va nous entraîner dans ces conflits, que ce soit de manière directe, par l’intervention de nos forces, ou indirecte par la fourniture d’un soutien.

Comme on le voit en Ukraine, la guerre conventionnelle est meurtrière et nécessite beaucoup de moyens techniques. De nombreux chars y sont perdus et les stocks sont limités. Disposer alors d’un véhicule récent produit en chaîne permet de renforcer rapidement nos alliés avec les stocks nationaux et leur remplacement rapide dans nos forces.

Nos alliés d’ailleurs remplacent  aussi une partie de leurs engins qui sont arrivés en fin vie. On le voit actuellement avec les ventes de chars allemands, américains et coréens en Europe,  sur un marché qui va voir arriver d’autres concurrents. Sur ce marché de pointe, arrivent la Turquie ou la Chine,  qui vont disposer d’un char à vendre, ce qui peut représenter une réelle plus-value économique et diplomatique.

Une autre raison est d’ordre technologique. En effet, le char Leclerc a été imaginé et conçu dans les années 1970, les prototypes dans les années 1980, pour un début de production dans les années 90. La technologie employée est certes efficace mais n’a plus rien à voir avec celle développée de nos jours. La modernisation du véhicule est complexe et coûteuse. Elle apportera certes une capacité à rester au niveau, normalement jusqu’en 2040, voire plus pour les derniers.

 En face de nous, les  nouveaux véhicules qui arrivent et  disposent de capacités égales au Leclerc, ont l’avantage de disposer de technologies récentes et surtout, de disposer d’une marge de progression plus importante. Cela est particulièrement vrai pour l’intégration de protections actives qui se montent nativement chez nos concurrents.

De plus, militairement, le nombre limité d’engins modernisés (200 chars) ne permet pas de mener un combat long contre un adversaire puissant. La nécessité de projeter nos moyens sur les théâtres d’opérations nous contraint à un nombre encore plus limité d’engins. En réalité, il devient difficile de peser conventionnellement si nous ne disposons pas de volumes suffisants.

Dans les années qui viennent donc, la mise en service rapide d’un char SCORPION nous apporterait un instrument de combat puissant et moderne même si la performance pure  serait à peine supérieure au Leclerc actuel. La capacité d’intégrer de nouvelles technologies mûres aujourd’hui ou dans un avenir très proche nous donnerait un avantage sur le marché et dans une éventuelle confrontation avec un de nos compétiteurs. 

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