LE MERKAVA : UN CHAR POUR TANKISTES partie1
Beaucoup de choses ont été écrites sur le char MERKAVA, char
atypique. En effet, son agencement et sa protection en font un char particulier
dans le monde des blindés où l’agencement n’avait pas changé depuis le FT17.
Il faut commencer par les événements qui suivent la guerre
des 6 jours de 1967. En effet, la France et l’Angleterre sont les principaux
fournisseurs d’armes pour l’état Hébreux. Mais ces deux pays condamnent
l’intervention israélienne contre ses pays voisins et décident d’un embargo sur
les armes.
En octobre 1973, l’attaque des Arabes surprend les Israéliens,
en pleine fête du Yom Kippour, qui se voient dans l’obligation de se défendre
sur deux fronts. La force des réserves israéliennes contre-attaque et repousse
les attaquants sur leur ligne de départ.
La guerre est la plus meurtrière de l’histoire du jeune état
Hébreux : elle perd plus de 3000 hommes, près de 1000 chars et 102 avions.
Le pays ne veut plus se retrouver dans cette situation. Il effectue de grandes
réformes avec une meilleure intégration interarmes. Dans le domaine industriel,
Israël décide de construire seul un avion et un char, le Kfir et le Merkava.
Le Merkava est le fruit de la guerre de 1973. Selon les directives
du général Tal, les Israéliens vont imaginer un engin nouveau avec du matériel
ancien. Techniquement en effet, il n’y a rien de nouveau, quel que soit le
domaine. La nouveauté vient de l’agencement de l’engin. Les Israéliens ont
décidé de mettre le moteur devant. La raison est très pragmatique : comme
ils ne disposent pas de matériaux
nouveaux pour protéger leurs engins, ils mettent du métal (en fait, le moteur)
entre l’équipage et les menaces. Ce moteur est lui-même mit en sandwich entre
deux plaques de 100mm. Deuxième constat : plus il y a d’obstacles, plus il y a une
chance de neutraliser l’efficacité des munitions.
Ils ont cloisonné
l’ensemble du char en mettant le plus d’obstacles divers possible, là encore,
entre l’équipage et les menaces. Non contraints au transport par train (et surtout
au passage de tunnel) les Israéliens ont pu élargir la largeur du char. Ultime
innovation : observant l’ensemble des destructions de chars sur le champ
de bataille, les Israéliens constatent que 55% des coups sont dans la tourelle.
Pragmatiques, ils réduisent la taille de la tourelle, ne mettent aucun obus
dans la tourelle pour en faire une plus petite cible.
Gagnant de la place en raison du déplacement du moteur vers
l’avant, les Israéliens ont créé un concept de ravitaillement accéléré du char.
En effet, pendant la guerre de 1973, il faut entre 45mn voire plus d’1h30 pour
ravitailler un char à 60 obus. Certains chars, surtout dans le Sinaï, tirent
jusqu’à 170 obus par jour, ce qui nécessite trois ravitaillements. Donc, le
char est bloqué pendant plus de 3h pour se ravitailler. Lorsque l’on sait que
les attaques les plus efficaces le sont pendant que le char ennemi se
ravitaille, on voit l’avantage d’un char qui dispose de plus d’obus et surtout
qui se ravitaille le plus vite. C’est ce qu’apporte la porte arrière.
Au départ, cette porte arrière sert aussi à une évacuation
plus rapide de l’équipage. Il ne faut pas oublier que la majorité des morts de
la guerre étaient des tankistes. De plus, le compartiment peut servir a
embarquer un autre équipage, des blessés ou une équipe de combat.
Les munitions restent conditionnées dans des cocons qui
sont introduits directement dans le char
grâce à un chariot élévateur. Cela permet un gain de temps, puisque que le
ravitaillement se fait en un quart d’heure et ne consomme plus que 45mn dans la
journée au maximum.
Ici on peut voir le rangement de 48 obus de char. La partie
centrale peut recevoir 24 obus en plus, ce qui fait 72 obus. Il y a dans la
tourelle 6 obus près au tir, ce qui fait près de 78 obus dans le char au
maximum.
Pourquoi tant d’obus ? En 1973, la
« découverte » de l’effet des missiles anti-char empêche l’attaque.
Pour contrer les équipes antichars, les chars ont effectué des tirs à distance
comme une pièce d’artillerie. Capables de tirer entre 8 et 13 km, le char a
compensé le manque de pièces d’artillerie, surtout dans les premier temps de la
guerre.
Pour permettre un tir à plus longue distance sans être
obligé de monter sur une butte, les Israéliens ont monté le canon entre deux
blocs permettant une élévation de 45°
Si le reste du char est classique, un dernier point donne à
ce char un caractère unique. Les Israéliens ayant repris les traditions des
équipages allemands de la Seconde guerre mondiale, ils font combattre le chef
d’engin tête dehors, ce qui lui permet de repérer les cibles plus rapidement. La
commande prioritaire de chef d’engin lui permet d’ailleurs de tirer dans cette
position.
Le résultat de ces travaux donnera le Merkava 1 qui sera engagé pour la première fois au Liban en 1982.
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