LES PROJETS AMERICAINS EN ROBOTIQUE

 

LES PROJETS AMERICAINS EN ROBOTIQUE ou le retour de la guerre de haute intensité (08/11/2020)

 


Les Américains viennent de passer presque 20 ans à faire de la guerre irrégulière contre les mouvements de résistance islamique au Moyen-Orient. Ces conflits ont transformé l’armée américaine qui s’est concentrée à faire de la lutte anti-insurrectionnelle et s’est laissé rattraper par de nouvelles puissances. Ce sont d’abord les Russes qui ont montré de nouvelles aptitudes au combat de haute intensité particulièrement dans le domaine de la guerre électronique et la cyber guerre.

Les Américains ont joué pour l’instant dans un environnement sans vraie menace aérienne, ni électronique. La guerre de 2014 en Ukraine a vu des équipements américains utilisés par l’armée ukrainienne se faire brouiller ou pénétrer. La menace sur les forces s’accentua avec l’arrivée de nouvelles armes comme les missiles hypersoniques, les canons et les roquettes longue portée et surtout le déploiement d’un nombre croissant de drones tactiques qui donnait l’avantage aux Russes. De plus, ceux-ci travaillaient sur un nouveau char, l’Armata. Celui-ci se combinait avec l’introduction de robot de combat terrestre qui changeait la donne du combat. Le niveau entre les armées s’égalisa.

Il en est de même avec la Chine. Celle-ci développe une stratégie anti-accès très efficace basée sur des missiles anti navire longue portée, un grand nombre de navires de nouvelle génération équipée d’un arsenal puissant permettant d’effectuer des salves massives contre des flottes. La marine chinoise fait aussi effort sur des sous-marins plus discrets qui ont déjoué les protections classiques de l’US Navy. La défense aérienne s’est également améliorée avec des avions de 5 e génération comme le J20. Celui-ci se spécialise dans la frappe à longue distance mettant, en théorie, en difficulté les multiplicateurs de forces comme les avions radars et  ravitailleurs. Couper de ses soutiens, l’US Air Force peut donc à cause de l’allongement, se voir perdre sa supériorité.

Pour les Américains, la perte de leur supériorité face à ses deux adversaires pose un problème majeur car elle change l’équilibre des puissances dans le monde. Il apparait qu’une menace d’invasion directe entre ces puissances est faible, voire nulle. En effet, il n’y a pas de frontière terrestre entre les Etats-Unis et ces puissances. Il n’y a que des sphères d’influences et la question de savoir jusqu’où ces puissances sont prêtes à aller. Il faut dire que l’arme atomique fait peser le coût d’une guerre bien plus terrible que le bénéfice que l’on pourrait obtenir.

Seul un conflit limité pourrait voir les armées s’affronter et pour les Américains, cela consiste à envoyer un corps expéditionnaire pour se battre là où se trouve la confrontation. Ils ont, pour le combat de haute intensité un outil, la brigade ABCT (Armor Brigade Combat Team). Lors d’exercices, les Américains ont compris l’utilité de rendre autonomes ces unités dans le multi domaine (guerre électronique, cyber, informationnelle, NRBC, espace).Tous ces domaines doivent permettre à l’unité de savoir, comprendre agir plus rapidement et efficacement.

Dans le domaine technique, les Américains ont développé une nouvelle génération de moyens de combat terrestre le programme NGCV    (Next Generation Combat Vehicle) qui comprend une partie habitée ((Future Decisive Lethality ou FDL et Optionally Manned Fighting Vehicle (MFV)) ainsi qu'une partie robotisée  (Robotic Combat Vehicle (RCV))

Les premiers véhicules sont habités mais peuvent être automatisés. Le FDL est un char censé remplacer le M1 et serait armé d’un canon de gros calibre et de missiles. Pour l’instant, il aurait toutes les technologies d’IA et de communication lui donnant la supériorité sur le champ de bataille. Il serait plus léger que le M1 grâce à de nouvelles technologies de protection passive et active. L’OMFV est plus avancé, doté d’un blindage réactif contre les charges tandem. Pour les Américains, la menace est plus dans la portée des armes d’infanterie que dans les blindés. Cela vient en partie en la certitude de la supériorité informationnelle qui permet de tirer et détruire les engins ennemis avant qu’ils n'aient le temps de réagir.

Mais la réelle plus-value vient des RCV. Les Américains conçoivent trois types de véhicules, le RCV light (-7 tonnes) medium (10 tonnes) et heavy (20 tonnes). A chacun une mission, au premier plus léger, la reconnaissance en vue de renseigner sur l’ennemi sur le terrain. Ce serait un système de systèmes avec un drone et des capteurs et un armement léger. Le médium, lui, est armé d'un ou de plusieurs et d'un ou plusieurs canons mitrailleurs, frappe à distance et protège contre l’action des drones ennemis. Le heavy a les missions de destruction des forces ennemies en tir direct. C’est lui qui reprend la mission du char.

Ce RCV est une évolution des robots actuels. De nouvelles stratégies d’automatisation permettront de réduire les émissions occasionnées par le déplacement et la navigation. L’IA permet dès aujourd’hui de repérer,  d’identifier et de traiter un objectif. Il peut agir avec l’homme dans la boucle (choix privilégié)  mais il peut (et doit) pouvoir agir de manière autonome en cas de rupture de communication. On peut imaginer une commande à la mission.

Le RCV heavy propose une mobilité supérieure au char lourd classique, car il n’est pas nécessaire de le  protéger au même niveau. L’homme est souvent le point faible du système char car il reste fragile. La machine peut encaisser des coups, en particulier s’il dispose de systèmes redondants. Le doublement de certains organes doit permettre au système de survivre bien plus longtemps que les autres systèmes. De plus, en cas de destruction ou d’empêchement du véhicule de commande, il est possible qu’un autre moyen de commande prenne le relais.

Plus léger qu'un char, il a aussi une meilleure mobilité stratégique grâce à sa masse. Facilement transportable par avion, il peut passer plus facilement sur les ponts que l’on trouve dans les régions les plus pauvres du monde. Cela donne aussi un avantage pour l’évacuation et la récupération sur le champ de bataille, car il n’est pas nécessaire d’utiliser des moyens particuliers. L’autonomie, la capacité à combattre plus longtemps donne à une armée dotée de ces équipements la possibilité de se soustraire aux menaces de la zone rouge.

Pour l’instant, il faut deux personnels pour opérer un robot. Le but à court terme est de passer à un personnel. Le stade suivant consistera en un chef commandant plusieurs pions. Cela dépendra des systèmes de commande et surtout du degré d’autonomie des véhicules. Coordonnant leurs actions avec les véhicules habités et les soldats débarqués, les robots multiplieront leurs actions en vue d’obtenir l’avantage tactique.  

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